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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ch’timitude... quelques idées sur les raisons du succès

Ch’timitude... quelques idées sur les raisons du succès

Le record d’entrée de « La Grande Vadrouille » battu par « Bienvenue chez les Ch’tis » !! Qui l’aurait cru ? Le succès du film a fait couler beaucoup d’encre et de pixel. Quelles sont les raisons de son succès ? Quelles conclusions en tirer ?

Voici quelques idées éparses, que nous vous laissons la sagacité de mettre en cohérence !

I- Les raisons du succès

Beaucoup d’articles se sont penchés sur cette question. Tous relèvent la performance des acteurs, un bon rythme de gags, mais surtout des bons sentiments, un film réellement sincère et attachant.

Que relève-t-on du côté de l’analyse marketing :

- Benchmarking : Dany Boon avait depuis plusieurs années testé sur scène ses meilleurs sketches et les réactions du public. Il a pu choisir les meilleurs d’entre eux pour son film.

- Teasing : le film a été diffusé en avant-première dans le Nord et a rencontré tout de suite le succès. La presse nationale, s’en faisant l’écho, a mis l’eau à la bouche des spectateurs du reste de la France.

- Le bouche-à-oreille : comme Le Merveilleux Destin d’Amélie Poulain, le film a bénéficié d’un excellent bouche-à-oreille qui incite même un public rétif au cinéma à retourner devant le grand écran.

Mais le marketing n’est pas tout. C’est un film qui a une véritable substance, qui véhicule un véritable message social.

Le message social

Je cite le journal L’Internaute qui fait cette bonne analyse : « La comédie de Dany Boon prône la tolérance et le respect des inégalités. Les Ch’tis présentés dans le film ouvrent les bras aux "autres" tout en sachant affirmer leur identité locale. Les spectateurs français sont sensibles à cet élan national qui, au-delà des différences, des codes régionaux, des classes sociales et des préjugés, les unit. » *

Respecter son identité, tout en se fondant dans la société, est un thème plutôt porteur dans notre France du XIXe siècle.

Mais il y a autre chose. Ce film est une revanche des gens ordinaires, attachés à leurs cultures régionales, et souvent ridiculisés par l’arrogance parisienne (Deschiens, Groland) et anémiées par une certaine forme de totalitarisme centralisateur.

Le Nord a particulièrement subi le poids des préjugés. D’abord sur le temps qu’il y fait (alors que l’ensoleillement et la pluviométrie sont sensiblement équivalents à Paris). Ensuite sur l’image sociale, d’un « pays » dévasté par le chômage, la drogue, l’immigration et la prostitution.

II- Quelles conclusions en tirer ? Quelles opportunités ?

Le Nord une seconde fois à l’honneur

Bien que le Nord soit très souvent présenté sous un jour misérabiliste, ce n’est pas la première fois qu’il est à l’honneur. Bourvil avec sa chanson Un clair de Lune à Maubeuge, qui a fait un tube en 1962, l’avait déjà affirmé :

« Tout ça ne vaut pas

Un clair de lune à Maubeuge

Tout ça ne vaut pas

Le doux soleil de Tourcoing »

(les nostalgiques retrouveront la chanson complète en fin d’article **).

On a d’ailleurs beaucoup reparlé de Bourvil pour tracer les similitudes avec Dany Boon, alors que le film du Ch’ti vient de battre le record tenu depuis 1966 par La Grande Vadrouille, dans lequel s’est illustré le comique normand.

Pour la petite histoire, Maubeuge a bénéficié des retombées de cette chanson pendant des années ! Une « kermesse de la bière » www.ville-maubeuge.fr a été organisée chaque été jusque dans les années 80. Puis Didier Fusillé a repris le flambeau en créant les Festiv’Eté (appelé par la suite Folie’s). Il s’est par la suite illustré en assurant la direction artistique de Lille 2004 - Capital européenne de la culture.

Bergues (et non pas beurgue) pourrait capitaliser de la même manière. Avec un atout en plus. Il ne sera pas nécessaire comme à Maubeuge de créer un événement ex nihilo. Bergues a en effet le privilège d’ouvrir la période du carnaval avec le défilé de la première « Bande », quelques semaines avant le point d’orgue du carnaval de Dunkerque.

Renaissance

La région Nord fut une des plus riches de France avant la fermeture des mines, la crise du textile et les deux guerres mondiales ont qui désigné la frontière Nord comme une vulnérabilité nationale. Elle le redeviendra pour de multiples raisons. Outre sa proximité avec Londres et Bruxelles, si l’on plonge dans les longues racines de l’Histoire, on trouvera qu’elle se positionne sur un des axes majeurs de l’activité économique de l’ouest de l’Europe. Le couloir qui part de la Lombardie et qui rejoint les ports d’Amsterdam et d’Anvers a toujours été une artère économique qui a irrigué différents cœurs matérialisés par des foires, telles celles de Provins près de Paris ou de Lille (dont la « grande braderie » est encore la vivante l’héritière). Ce couloir avait été dévolu à Lothaire, fil de Charlemagne (né dans l’actuelle Belgique***). De la Lotharingie (Pays de Lothaire), peu de gens savent qu’il nous reste le nom d’une région, la Lorraine (contraction de Lotharingie).

D’ailleurs dans le cadre d’une vision européenne, le département du « Nord » devrait perdre tôt ou tard son nom, qui ne rime à plus rien. Quand le Nord était au nord de la France cela pouvait avoir un sens. Mais maintenant que la région est à l’Ouest de l’Europe cela mérite réflexion. Une appellation du type Flandres-Avesnois (ou Flandres-Hainaut-Avesnois) aurait le mérite de mieux représenter les « pays » qui la composent, et d’être plus flatteur à l’oreille. Autant on n’a pas envie d’aller en vacances dans le Nord. Autant on peut tout à fait imaginer faire du tourisme culturel en Flandres ou se mettre au vert en Avesnois (Petite Suisse du Nord) www.tourisme-avesnois.com. Le changement de nom des Côtes-du-Nord en Côtes-d’Armor prouve la faisabilité de la chose.

Déjà le Grand Lille a vu le jour, bien avant que naisse le Grand Paris. D’ailleurs il existe l’association « Grand Lille à Paris », pour les « amis » du Nord qui vivent dans la capitale, et dont j’ai le plaisir de faire partie.

Une renaissance des régions verra sans doute le jour dans le cadre d’une intégration européenne plus poussée, et sera le corollaire « naturel » d’un « affaiblissement » des frontières nationales. Les départements vont s’effacer (voir le billet à ce sujet) comme échelon administratif redondant.

Le succès fait toujours des envieux !

Face au succès phénoménal du film et aux recettes qu’il génère, quelques élus du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais commencent à regretter la subvention de 600 000 euros qu’ils ont reversé aux producteurs pour le lancement du film. Certains en réclament son remboursement ! Quelle tristesse ! Jamais 600 000 euros d’un Conseil régional n’ont jamais été aussi bien employés pour valoriser une région. Auraient-ils pensé cet argent mieux utilisé si ce film avait été un bide ?

Jérôme Bondu

www.inter-ligere.net

Source :

* http://www.linternaute.com/

*** A propos de Charlemagne, il est amusant de relever dans cet article que les deux empereurs qu’a comptés la France à ce jour viennent d’au-delà des « frontières » actuelles. Charles le grand (Carolus Magnus) serait aujourd’hui Belge. Il est né près de Lièges, fief de la future dynastie carolingienne. Clovis. Napoléon est Corse, île devenue département français peu de temps avant sa naissance.

** Bourvil - UN CLAIR DE LUNE À MAUBEUGE

Paroles : Pierre Perrin et C. Blondy, musique : Pierre Perrin, 1962

Trouvé en première réponse de Google sur un site russe !!

http://www.frmusique.ru/texts/b/bourvil/unclairdeluneamaubeuge.htm

Je suis allé aux fraises

Je suis revenu de Pontoise

J’ai filé à l’anglaise

Avec une Tonquinoise

Si j’ai roulé ma bosse

Je connais l’univers

J’ai même roulé carrosse

Et j’ai roulé les "r"

Et je dis non

Non non non non

Oui je dis non

Non non non non

Non non non non

Tout ça ne vaut pas

Un clair de lune à Maubeuge

Tout ça ne vaut pas

Le doux soleil de Tourcoing

Coin coin

Oh, je vous en prie, hein !

Tout ça ne vaut pas

Une croisière sur la Meuse

Tout ça ne vaut pas

Des vacances au Kremlin

Bicètre

J’ai fait toutes les bêtises

Qu’on peut imaginer

J’en ai fait à ma guise

Et aussi à Cambrai

Je connais toutes les mers

La mer Rouge la mer Nouère

La mer diterrannée

La mer de Charles Trenet

Et je dis non

Non non non non

Oui je dis non

Non non non non

Non non non non

Tout ça ne vaut pas

Un clair de lune à Maubeuge

Tout ça ne vaut pas

Le doux soleil de Roubaix

Coin coin

Vous êtes ridicule

Tout ça ne vaut pas

Une croisière sur la Meuse

Tout ça ne vaut pas

Faire du sport au Kremlin

Biceps

Il y a bien sur d’autres articles postés sur Agoravox sur le film :

Ch’tis 1, Gaulois 0

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=37164

Les Ch’tis cassent l’baraque

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=37186

Bienvenue chez les Ch’tis : le succès était programmé

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=36768


Moyenne des avis sur cet article :  4.36/5   (69 votes)




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39 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 8 avril 2008 10:39

    Nous retrouvons avec ce film,les film comique des années 60

    Une réalisation simple,qui ne pense qu’a faire passer un bon moment

    C’est enfin le retour d’un vrai cinéma ,rien à voir avec cette merde de films qui prétend faire penser et qui est décomplétement déconnexés de la réalité quotidienne

    Je ne pense pas qu’il y ait eu de "plan marketing" ,mais plutot une vision comique de non-dit sur une région de la France

    Encore merci dany boon


    • Jerome Bondu Jerome Bondu 8 avril 2008 23:52

      A vrai dire, je ne sais pas réellement s’il y a eu un "plan marketing" ni quel était son contenu. 

      Mais je n’imagine pas une seconde qu’un investissement financier supérieur à 1 millions d’euros (quelque soit le domaine d’ailleurs) n’entraîne pas automatiquement un travail marketing.

      Cordialement,

      JB

      nb : je profite de ce premier commentaire pour présenter mes plus plates excuses pour les innombrables fautes d’aurtograffes qui parsèment mon article. Voila ce que c’est que de ne pas se relire attentivement smiley

       


    • Zalka Zalka 8 avril 2008 10:55

      Le plan marketing de "Bienvenue chez les Ch’tis" était tout simplement imparable. On laisse faire les concurrents d’astérix, dont la plus grande réussite est le trailer diffusé sur internet : battage médiatique, inflation des superlatifs financiers pour promouvoir le film, et déception au visionnage du film.

      Juste derrière, Dany Boon arrive avec un film très simple, mais de qualité. Pas de battage, mais que du bouche à oreille.

       

      Moralité : la meilleure promotion pour une oeuvre, c’est la qualité. Bravo Dany, et surtout merci pour nous avoir fait passer un bon moment.


      • Gordon Freeman 8 avril 2008 17:07

        Oui c’est marrant comme les problèmes de droit d’une marque empêche la plupart des analyses sur ce sujet d’être parfaitement exhaustives : la grosse déception dûe à Astérix a envoyé beaucoup de monde voir les Ch’tis, dont moi et pas mal de gens que je connais. Après Les bronzés 3, Astérix 3 m’avait vraiment donné une impression de mort clinique du cinéma populaire français.

        Et du coup, par réaction, les commentaires positifs sur les Ch’tis m’ont directement envoyé voir le film au cinéma, alors que je n’y serais probablement pas allé sans ça.

        Notez qu’on peut gloser sur la logique de ma réaction, mais à mon avis je suis loin d’être le seul à l’avoir eue.

        Après ce n’est qu’un facteur parmi d’autres...


      • Le péripate Le péripate 8 avril 2008 10:57

        Vous avez oublié une raison à ce succès : le battage médiatique. Avant même sa sortie, je connaissais l’histoire en long en large, et en travers, plus de très nombreux extraits. Du coup, je ne suis pas allé le voir. Pourquoi faire ?


        • Gordon Freeman 8 avril 2008 17:11

          Ce qui est intéressant c’est que vous nous présentez la raison qui vous a poussé à ne pas aller voir le film comme étant la raison qui a poussé 18 millions de personnes à aller le voir. C’est d’une logique imparable...

          Remarquez que pour Titanic tout le monde connaissait la fin non seulement avant sa sortie, mais avant même qu’il soit tourné !


        • Le péripate Le péripate 9 avril 2008 08:09

          Je ne vais pas à la plage au mois d’aout ; je ne vais pas à la montagne pendant les vacances ; je n’aime rien faire comme les autres. Je suis un chieur, un mouton, d’accord, mais un mouton noir.

          Mais j’ai fini par le voir, ce film. Impossible d’y échapper. Gentil.


        • ZEN ZEN 8 avril 2008 11:15

          Assez d’accord avec l’avis de Philippe...

          Vosgien d’origine et assez contrarié par une mutation imprévue dans le Nord-Npdc , je n’ai pas été accueilli de manière aussi festive que dans le film ,mais j’ai apprécié peu à peu ce sens de l’accueil si particulier à cette région, dans laquelle je vis depuis plus de trente ans, où je passe ma retraite . Ce serait parfait s’il y avait des forêts de sapins...

          Le film contient des inexactitudes : Bergues est en région flamande , on n’y parle pas le ch’ti, et il n’y a pas de corons à proximité, etc...

          Comme dit Péripate, le battage médiatique préalable a été tel que le succès était presque programmé, mais cela ne suffit pas : il y quelque chose dans ce film d’énigmatique qui provoque l’adhésion immédiate : effet de la mondialisation et de la dissolution de l’Etat invitant à un retour identitaire et quasi provincial sur les racines régionales ?...

           


          • OPUS 8 avril 2008 22:59

            ce film est un non sens au marketing redoutable, avec une stratégie non commerciale à contrario d’astérixl, on finit à 18 millions ; ce film est simple , tout juste simple comme l’aime la majorité de cette population ; l’analyse ci-dessus n’apporte rien car elle pêche par manque de simplicité


          • grangeoisi grangeoisi 8 avril 2008 11:38

            ...peu de gens savent que... si vous le dites !


            • jondegre jondegre 8 avril 2008 11:59

              le succes des chtis est surtout du a la mediocrite des films en face.

              Entre les films disjonctes sans humanite genre "there will be blood", les navets gras et pas droles genre camping, disco, asterix, et les blockbusters d’action americains completement lenifiants, une chtite comedie humaine avec des gags qui fonctionnent, ca parait le film de la decennie.


              • gnarf 8 avril 2008 12:29

                Mouep...a posteriori on trouve plein d’explications au succes.

                Mais a priori, objectivement, ce film est un outsider. Qui aurait parie que ce film soit plus apprecie par exemple que "le diner de cons", sans parler de "la grande vadrouille" ?

                Un succes comme celui-la, c’est comme une bulle financiere. On ne sent meme pas quand ca commence, et d’un coup ca y est tout le monde se precipite sur quelque-chose bien au dela de sa valeur (bon film, mais certainement pas la meilleure comedie francaise de tous les temps n’est-ce pas ?). Personne ne voit le truc venir, mais apres les experts s’etalent en analyses a-posteriori du phenomene.

                Tiens, une autre analyse : ce film est consensuel, apprecie par toutes les generations. Ce film va a la France comme un gant...pays deboussole par la mondialisation, en grand besoin de se rassurer en enumerant ce qu’il a de bon. Pays ayant perdu en partie son industrie, face a des problemes economiques, mais chaleureux, accueillant, avec une qualite de vie. (et la on voit bien le parallele avec le Nord). C’est un film douillet comme des charentaises, qui fait du bien...un film qui s’eloigne des grosses productions comme un commerce de proximite s’eloigne des grandes surface. Un film de proximite. Remarquez la similitude avec Amelie Poulain, autre succes.


                • gecko gecko 8 avril 2008 15:07

                  oui tout a fait d accord avec cette analyse !


                • mariner valley mariner valley 8 avril 2008 12:48

                  Vous cherchez des explications abracadabrantesques la ou il n’y en a pas et ou il faudrait dire que c’est un bon film familial, marrant et divertissant.

                  Parce que si une c’est une incitation au retour identitaire alors que signifie le succes des Visiteurs, des Bronzes , Taxi 2 a leur epoque.......


                  • barbouse, KECK Mickaël barbouse 8 avril 2008 12:53

                    bonjour,

                    parmis les raisons du succès du film, je veux juste souligner le fait que des chtis d’origines, il y en a partout en france, et que pour bien des raisons du coeur qui ne s’expliquent pas,

                    ce film positif nous a rassemblé comme une reconnaissance d’appartenance proche ou plus lointaine, a une racine de nous mêmes planté a jamais dans du charbon, qui germe au soleil de la chaleur humaine, et donne le courage d’affronter l’épreuve de la vie sans ce tromper sur la valeur de la liberté.

                    amicalement, barbouse.


                    • MagicBuster 8 avril 2008 13:27

                      Franchement quel patacaisse pour un film aussi banal !!!

                      OK, il y a des trucs marrants , mais sans plus .. . 

                      OK Kad est un bon acteur , il a fait d’autres films ...

                      OK, le Nord c’est le Nord . . . ça glande ça picole et ça rigole, c’est vrai on peux en rire

                      De là à comparer de funes et dani boon . . . Je comprend pas.

                      PS : Je me moinse d’avance


                      • ZEN ZEN 8 avril 2008 13:59

                        "...ça glande ça picole..."

                        Tiens, une nouvelle banderolle sur le stade...

                        les Bretons ne boivent pas ! Les Corses ne glandent pas !, etc...


                      • Gargamel Gargamel 8 avril 2008 14:42

                        Magic buster t’as même aps vu le film pas vrai ?

                        A ceux qui nous parlent de battage médiatique je supplie de se taire, avant que le film aie du succès le battage médiatique c’était pour Asterix ! Et évidement cette déclaration est suivie de l’indispensable "comme ça a du succès je n’irai pas le voir", comprendre "si la plebe aime ce n’est pas assez bon pour moi". Ridicule.

                        Déjà ce qui a lancé ’bienvenue chez les chtits’ pour moi c’est la bande annonce. Loin des bandes-annonces pourries qu’on fait en France (qui sont longues comme un jour sans pain, confuses, bref donnent envie de fuir le film comme la peste) celle ci est courte et hillarante. Je savais que j’irais voir le film dès qu’un rideau de pluie s’est abbatu sur la voiture à Kad après le panneau "bienvenue dans le nord-pas-de-calais" ! Après s’être fait enfler de 8€ pour voir Asterix, sachant qu’on pouvait parfaitement et sans remord quitter la salle après l’excelent monologue de Delon au début du film, on a envie de trucs différents. A ça venaient se rajouter toutes les raisons citées ensuite plus haut.

                        Je trouve quand même les français bons joueurs, parceque c’est vrai que si on aimait tous beaucoup vanner le Nord voilà qu’un film nous annonce clairement qu’on est à côté de la plaque, et on en redemande. Je trouve ça vraiment chouette.


                        • bede 8 avril 2008 15:51

                          Plan marketinge, plan marketinge, çà fait sérieux, çà fait branché, que dire d’Astérix, qui réunit une foule d’acteurs pour attirer les gogos ? Que dire de Disco qui utilise les mêmes ficelles ?

                          Quand au battage médiatique, Disco se paie même un retour de la "mode disco" sur une grande chaine à une heure et un jour de grande écoute, juste pour le lancer. On verra si çà marche le plan marketinge. 

                          Le film de Dany Boun n’utilise pas ces pièges à gogos, comme la grande vadrouille d’ailleurs, en 66 il n’y avait pas de plan marketinge. Je me suis marré à pleurer du début à la fin et les applaudissements à la fin m’ont surpris, ce n’est pas courant en France. 


                          • Jerome Bondu Jerome Bondu 9 avril 2008 00:12

                            Merci pour votre commentaire, mais je me dois de défendre cette pauvre fonction "marketing".

                            Le marketing n’est pas un "pièges à gogos" comme vous dites. C’est simplement le fait de chercher à adapter un produit à un public. Même l’Huma fait du marketing, et passe par les mêmes cabinets de conseil que les grandes marques !

                            Vous dites qu’en "66 il n’y avait pas de plan marketinge". Bien sur que si. Mais peut être était-il différent. Relisez Zola "Au bonheur des dames". Vous verrez qu’il n’y a pas de commerce sans marketing.

                            Je pense que vous confondez marketing et "vente forcée d’un mauvais produit".

                            Cordialement,

                            JB


                          • docdory docdory 8 avril 2008 16:24

                             

                            @ Jérôme Bondu

                             

                            Lire aussi l’intéressante critique de ce film parue dans " riposte laïque " n° 33

                             

                             

                            http://www.ripostelaique.com/Les-raisons-du-succes-de-bienvenue.html


                            • Gazi BORAT 8 avril 2008 16:49

                              à Docdory

                              Curieux article de "Riposte Laïque"... qui épingle "Dupont Lajoie", un film anti-raciste, pas très fin il est vrai d’Yves Boisset, les concerts de SOS Racisme et même... Cabu !

                              Les orientations idéologiques de Riposte Laïque virent de plus en plus vers la Droite... tout en se réclamant encore d’une hypothétique "gauche authentique", souvent évoquée mais jamais vraiment définie !

                              gAZi bORAT


                            • docdory docdory 8 avril 2008 19:17

                               @ Léon

                               

                              Gazi fait peut-être partie d’une certaine gauche qui n’aime pas le peuple . Quel pourcentage d’ouvriers au PS ( c’est vrai que maintenant , le politiquement correct veut qu’on dise " opérateur " au lieu d’ouvrier ) . Il y avait une classe ouvrière , ou est maintenant la " classe opératrice " ? Pas au PS en tous cas ...


                            • Gazi BORAT 9 avril 2008 07:25

                              @ Leon

                               

                              J’ai bien lu cet article et celui-ci, à l’égal de la production habituelle du site/mouvement « Riposte Laïque », n’est pas de gauche.

                               

                              Le sujet en est l’analyse du succès d’une comédie mais celle-ci, en terme de volume, y tient une place infiniment moins importante que des attaques contre des symboles censés représenter une « mauvaise gauche ».

                               

                              Le problème est que ce qui, selon la vision de la rédactrice devrait apparemment remplacer cette « mauvaise gauche » se situe plus du côté du populisme que des racines du mouvement ouvrier qui aboutit à créer ce que l’on considère encore comme la « gauche historique ».

                               

                              On y évoque l’amour du peuple.. Tout comme l’on fait les fascistes hier et comme le perpétuent aujourd’hui populistes et droite extrème. La gauche « méchante » ici en cause, on la connaît : c’est celle qui « n’a pas su prendre la réelle mesure du problème de l’immigration avec son cortège d’insécurité et de menaces contre les valeurs républicaines dont patit aujourd’hui le peuple ».

                               

                              La gauche historique s’est bâtie sur l’idée de classes sociales, au delà des appartenances nationales, sur des slogans clairs tels qu : « Les travailleurs n’ont pas de patrie ».

                               

                              Cette dynamique a été dévoyée par le fascisme qui sut canaliser les revendications sociales du prolétariat vers la haine de l’Autre : soit l’immigré qui lui prend son travail en acceptant de bas salaires, soit le banquier cosmopolite qui brade par spéculation son entreprise en le mettant au chômage.. Ou comment l’on passe du socialisme à base internationale au socialisme « national » puis, plus tard, au national-socialisme…

                               

                              « Riposte Laïque » se situe en cet entre deux, en l’attente d’être enrôlé, comme le fut en son temps « Ni Pute Ni Soumise ». Son postionnement pour la défense de la laïcité s’inscrit dans la curée islamophobe et, si le clergé catholique y est égratigné en passant, ce n’est que prétexte pour ne pas être assimilé « villiériste »..

                               

                              On notera dans cet article que, si Nicolas est à peine mentionné pour ses penchants « Bling-bling », la « gauche anti-populaire » est évoquée à satiété par la description des mœurs supposées de la « gauche caviar », le film « Dupont-Lajoie » autrefois symbole maladroit du film antiraciste, le Parti Socialiste du tournant de 1983, et les soixante-huitards par le mépris prêté à Cabu pour les masses…

                               

                              La référence au cinéma de Carné y est édifiante : un peuple aseptisé comme en une photographie de Robert Doisneau, apolitique, content de son sort, bien français…. Que l’on se rappelle le Quai des Brumes ou l’inquiétant boucher Zabel (un Juif ?) est le seul étranger présent… ou l’ouvrier François du « Jour se lève » totalement apolitique et foncièrement réactionnaire..

                               

                              Riposte Laïque, pour l’instant errant dans un no man’s land, finira bien par s’arrimer… mais sûrement pas à gauche de la « gauche caviar » !

                               

                              gAZi bORAt


                            • Gazi BORAT 9 avril 2008 07:31

                              @ DOCDORY

                              Je ne suis pas, et n’ai jamais été encarté au Parti Socialiste... Pas plus que vous n’avez franchi un jour la porte d’une cellule du Parti Communiste ou un portail d’usine... sauf peut-être à l’occasion d’une autopsie..

                              Votre amour du peuple, que vous semblez me dénier - mais je n’en ai cure - est sûrement aussi sincère que celui qui anima votre célèbre confrêre Louis Ferdinand Destouches, qui termina sa vie comme médecin des pauvres en son pavillon de Meudon, après s’être répandu un temps en écrits d’un haine raciste à la limite du pathologique mais aussi en d’autres textes plus honorables..

                              gAZi bORAt


                            • docdory docdory 9 avril 2008 10:26

                               @ Gazi Borat 

                              La différence entre Céline et moi , c’est que lui avait un génie littéraire , alors que je n’ai aucun talent particulier dans ce domaine . Tout bon écrivain qu’il fût , c’était quand même un odieux raciste antisémite . Il n’y a pas la moindre trace de racisme , en revanche , ni dans mes écrits , ni dans le site " riposte laïque " .

                              Le fait de critiquer l’islam comme idéologie n’implique évidemment aucune critique des musulmans en tant que personnes . De même que critiquer le stalinisme n’était pas de la xénophobie anti-russe ! Céline , lui , dans certains de ses écrits , vouait aux juifs une haine en tant que personnes , c’est toute la différence .

                              Il y a en proportion autant de gens recommandables et autant d’abrutis parmi les personnes de confession musulmane que parmi n’importe quel autre groupe de population constituant la France d’aujourd’hui ( Y compris le corps médical , si ça vous fait plaisir ) .


                            • Gazi BORAT 9 avril 2008 11:34

                              @ Docdory

                              D’accord avec votre jugement de Celine mais moins sur "Riposte Laïque" dont le positionnement parfois ambigu me fait apprécier aujourd’hui Caroline Fourest qui m’horripilait autrefois..

                              gAZi bORAt


                            • Gazi BORAT 10 avril 2008 07:44

                              @ @ Leon

                              Je partage votre vision de la frange de la gauche acquise au libéralisme et aussi votre opinion sur le Dalaï Lama...

                              Mais je reste vigilant sur les attaques actuelles contre l’Islam car, si attaquer le wahabisme, les mouvements politiques à discours religieux est à mon sens salutaire.. s’en prendre au musulman de base qui, le plus souvent, n’a que des liens plutôt lointains avec sa religion d’origine (comme bien des baptisés d’ailleurs..) est faire le jeu de la radicalisation communautariste...

                              Je trouverais plus intelligent de soutenir les efforts des politiques turcs actuels pour l’invalidation de l’AKP..

                              gAZi bORAt


                            • Jerome Bondu Jerome Bondu 9 avril 2008 00:22

                              Il est étonnant de voir que la seconde partie de l’article sur la renaissance des régions n’a pas généré de commentaire.

                              - Je pense pourtant ce film est un « signal faible » (comme on dit dans mon domaine) sur l’envie des Français de retrouver une culture régionale qui a été … maltraitée (pour ne pas dire pire) par la force centralisatrice.

                              - Second point, je pense que c’est une des conséquences de l’unification Européenne. L’affaiblissement des frontières nationales laissant une marge de manoeuvre aux régions, qui vont retrouver les aires culturelles de l’ancien régime.

                              Qu’en pensez-vous ?
                              Jérôme Bondu

                               
                               

                              • Gazi BORAT 9 avril 2008 10:34

                                Ce film met en scène un groupe socio culturel bien ciblé sur un critère d’appartenance régionale. Il en grossit des traits culturels aisément identifiables dans lesquels ceux qui font partie se reconnaitront aisément et qui rassurera ceux qui n’en font pas partie en renforçant des représentations bien installées..

                                Le critère étant ici régional, on parlera de "renaissance du régionalisme".

                                Mais, est-ce si différent d’un autre succès populaire d’il y a quelques années, "La Vérité si je mens" ?

                                Seulement, en ce cas précis, le critère étant communautaire, parlera-t-on de "renaissance du communautarisme" ?

                                Pour ma part, je pense que l’on pourrait parler d’une part de facteur communautariste dans le succès de ces deux films... Mais alors, la critique de "Riposte Laïque" tomberait alors dans le "hors sujet"..

                                gAZi bORAt


                              • Internaute Internaute 9 avril 2008 10:57

                                L’Europe n’a rien à voir dans tout cela. Comme le fait remarquer Caïus ci-dessous, Marcel Pagnol a eu un succès énorme avec Fernandel sans que ce soit une réaction de repli provençal face à un pouvoir centralisateur. Il ne me semble pas que l’on parlasse d’europe à cette époque.

                                Cette région du nord s’appelait l’Artois et la Picardie qui sont de trés jolis noms. Il n’est pas nécessaire d’en inventer de nouveaux. D’ailleurs quand j’étais gosse, le Chti s’appelait le patois picard. Il est curieux qu’on n’en fasse plus mention.

                                Le renouveau des cultures régionales, si vraiment il existe, serait plutôt dû à un retour aux racines en réponse à une immigration massive favorisée par l’Europe. Ce serait un réflexe de conservation. Votre europe se situe du côté du problème et pas de la solution.


                              • Gazi BORAT 9 avril 2008 11:31

                                @ Internaute

                                On parlait déjà d’Europe à ce moment-là... Mais la vision que l’on en avait outre-Rhin était quelque peu différente de la communauté européenne que l’on connait aujourd’hui

                                L’Etat qui se mit en place en France à l’époque qui suivit ces "pagnolades" trouva parfaitement sa place dans cette "Europe".. Et Marcel Pagnol trouva, lui, parfaitement aussi sa place dans cet Etat Français dont le Maréchal dirigeant appréciait particulièrement les films..

                                Et pourtant, la massive invasion étrangère que connaissait la France à cette époque-là ne semblait pas être la cause de ce repli vers les valeurs du régionalisme..

                                gAZi bORAt


                              • rocla (haddock) rocla (haddock) 9 avril 2008 07:52

                                Une des raisons principales du succès de ce film , en dehors du fait que cela se passe au cinéma , c ’est qu’ il a fait 17.405.832 entrées après cinq semaines d’exploitation (six si l’on compte la semaine de sortie en avant ...



                                • caius 9 avril 2008 08:55

                                  Ne pensez-vous pas que l’on puisse faire un parallèle avec les comédies "avé l’accent" de Fernandel mais aussi Charpin, Raimu et tant d’autres excellents acteurs d’il y a quelques décennies ?

                                  A l’époque, Il y avait le même phénomène en italie aussi avec les comédies de Toto et son truculent parler napolitain ?

                                   


                                  • Bof 9 avril 2008 09:39

                                    Oui, votre analyse est bien construite . Cependant, on constate qu’ elle est très superficielle car en relisant, on trouve une explication d’une réussite par une autre réussite , je trouve ça c’est très leger. Par exemple, vous citez en 1er ,et c’est valable pour le reste : " " Benchmarking : Dany Boon avait depuis plusieurs années testé sur scène ses meilleurs sketches et les réactions du public. Il a pu choisir les meilleurs d’entre eux pour son film. " " . C’est bien, mais la raison de ces réactions de son public n’est pas trouvée.

                                     Je pense , que l’on retrouve dans ces réponses des Français, le fait que ce sont les gens du nord ( avec ceux de l’est) qui ont participer au relèvement et même à l’émergence de certainenes régions de leur pays comme le centre et le sud. Ce sont eux qui ont construit leur propre autoroute privée avec leur fric gagné MAIS redistribué en infrastructure bénéfique au Bien de l’ Ensemble. Ces faits, les gens du nord l’ont en eux et certainement un grand nombre de Français aussi. Ainsi va la Vie avec l’Esprit Humain...on fait , pour garder à soi tout seul , une réputation de région detétestable et pluvieuse et l’on ne rend rien ou peu à ceux qui ont envoyé et qui sont en crise majeure ! + Il y a une grande déception sur les nationalisations et sur l’état qui devrait redistribuer et qui pense plutôt à se Servir avec l’instauration des 35 heures et des congès payés et même tente d’asservir sous un régime de France Fraternelle . Le fait de faire allusion au diner de con est assez significatif.

                                     

                                     

                                     

                                     

                                     


                                    • takakroar 9 avril 2008 10:05

                                      Partant simplement du constat du succès fantastique de ce film, je me suis dit qu’il révèlait certainement quelque chose qui touchait profondément les "gens", vaste catégorie à laquelle j’appartiens. Je suis donc allé le voir dans cet esprit.

                                      Effectivement, à travers gags, situations comiques, etc. il fait ressortir et ressentir l’importance de certaines valeurs que beaucoup perçoivent encore comme essentielles, alors que certaines d’entre elles (comme "solidarité" par exemple) sont devenues des gros mots... Ici elle sont mises en valeur, fortement et simplement, non pas en faisant pleurer, mais en faisant rire.

                                      J’ajouterai que les deux histoires d’amour ont certainement aussi évoqué chez beaucoup des petits bouts de situations personnelles vécues.

                                      Enfin je n’ai pu m’empècher de rapprocher l’énorme succès de ce film du ... nombre de gens qui sont descendus dans la rue, à l’occasion du passage de la flamme olympique, pour manifester leur soutien au peuple thibétain. Là aussi, me semble-t-il, beaucoup de gens se rendent compte que le cynisme et le pragmatisme qui conduisent à sacrifier les valeurs indispensables à toute société humaine aux nouvelles valeurs que sont les affaires et les finances, sont de moins en moins supportables.

                                      Pour moi le sens du succès de ce film ne saurait être ramené à l’efficacité du marketing, sauf, comme on le perçoit à travers de nombreux commentaires exprimés souvent avec agressivité sur tant d’autres sujets évoqués sur Agora Vox, à ne pas vouloir regarder ce qui dérange.

                                      De mon humble point de vue, c’est un des symptômes d’un sursaut en préparation que je traduirais par :"On ne peut pas continuer comme çà !".

                                      En résumé, le succès des Ch’tis, pour moi, ce n’est pas anodin.

                                       


                                      • QBU 10 avril 2008 19:19

                                        Je crois avant tout qu’au delà du régionalisme, le succès du film tient au fait que l’on y reconnait des valeurs humaines essentielles qui sont battues en brèche par les valeurs des médias, du gouvernement et du libéralisme vers lequel on est emporté comme sur un tapis roulant.

                                        C’est un film qui fait chaud au coeur et on en a tous besoin. En outre les personnages sont des gens comme vous et moi (en tout cas comme moi) et il est très facile de s’y identifier.

                                        Ceci dit, bien qu’étant un bon film, ce n’est pas un chef d’oeuvre et c’est même un peu inquiétant de voir que nous sommes tellement en manque de simplicité, de chaleur humaine, de rires, de solidarité, qu’un film qui nous présente ces valeurs fait un tabac. On peut rapprocher ce succès de celui d’Amélie Poulain pour les mêmes raisons.

                                        Catherine


                                        • TSS 12 avril 2008 15:25

                                          retour vers le regionalisme !bientôt :

                                          bienvenue chez les gones !!

                                          bienvenue chez les basques !!etc....

                                          il a oublié quelque chose D.Boon dans son film !c’est que le Nord avec la region Paca est un des principaux reservoir du FN

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