Charles Trenet aurait eu bientôt 100 ans…
Le 18 mai la France fêtera la naissance de Charles Trenet, il y a un siècle. Préparons-nous à un bon bain de jouvence, dont nous avons grand besoin. Trenet, c’est l’évocation de l‘enfance, du bonheur, de la joie, de la vie rêvée. Il a traversé le siècle avec tout autant de bonheur que ses premières années de jeunesse. Éternel poète il accompagne Cocteau, chanteur de charme il swingue avec Gainsbourg et Nougaro, promeneur de l’éternité, il accompagne Higelin. Je l’ai vu pour la dernière fois à Toulouse au meeting de Mitterrand en avril 1988, il a chanté encore une fois pour les centaines de milliers de personnes, réunis autour de l’espérance.

C’est à Narbonne, Cité du sud de la France, que nous devons la naissance du « Fou chantant », surnom que la légende lui a attribué. Tout au long d’une vie de 87 années, il a composé plus d’un millier de chansons, parmi les plus célèbres : Douce France, La Mer, l’Âme des poètes, le Jardin extraordinaire, que reste-t-il de nos amours ? et Y’a d’la joie… Ses principaux succès ont été repris par les plus grands interprètes dans le monde entier : Frank Sinatra « Somewhere, beyond the see », ou plus récemment Lisa Zane , chanteuse américaine qui a repris Que reste-t-il de nos amours.
Monstre sacré, ses œuvres ont été traduites dans des dizaines de langues. La mer, sa chanson fétiche a été écrite en une vingtaine de minutes dans le train entre Narbonne et Carcassonne, ce qui donne une idée de la facilité avec laquelle il composait musique et paroles de ses chansons. Jamais il ne s’est assis derrière un bureau pour composer, ses œuvres étaient toujours l’expression d’un moment de sa vie, une image, un sourire, un souvenir, un enfant dans la rue, un rayon de soleil sur une fleur…
S’il est ainsi universel, c’est bien parce qu’il est le poète, celui qui veille, celui qui voit, celui qui sait, celui dont les mots sont les bruits à pas feutrés du temps qui passe, celui qui respire de longues bouffées d’air pur, celui qui rit, celui qui pleure, celui qui s’enfuit derrière l’horizon, mais nous laisse un immense arc en ciel.
« Quand on a rêvé sa vie, il faut vivre son rêve. », tel fut son existence. Il a inventé le « swing » à la française, mélodiste de génie, il compose des airs à la fois simple à retenir, mais dont les harmonies sont géniales.
Ses amis sont nombreux, ils lui ont rendu hommage de Bashung à Higelin, en passant par Sardou et Aznavour. Jérôme Savary, récemment disparu, lui avait rendu un hommage émouvant en compagnie du Grand Magic Circus avec son spectacle Y’ad’la joie !.... et d’l’amour.
C’est en 1987, alors qu’il a 74 ans que Jacques Higelin le présente aux jeunes générations au Printemps de Bourges, il y fait un tabac, preuve de son éternelle jeunesse. Une année plus tôt, le groupe Carte de Séjour, avec Rachid Taha livre une interprétation de Douce France, portée par la seconde génération de la communauté française d’origine algérienne, dites les beurs, qui connaitra un succès énorme. Preuve une fois de plus de l’universalité de Trenet ? Désormais le jeune public ne le quitte plus pour l’accompagner jusqu’à ses derniers instants.
Au-delà de la reconnaissance éternelle du public, ce sont aussi les institutions qui s’emparent de lui. C’est à l’Opéra Bastille que la France lui fête ses 80 ans en présence du président de la République François Mitterrand en mai 1993. L’Académie des Beaux-arts relève l’affront de l’Académie française qui l’avait refusé en 1983, en l’acceptant en son sein en 1999.
La même année, puisqu’il est l’icône absolue des poètes, c’est à lui que reviendra naturellement l’honneur de lancer la 1er édition du Printemps des poètes en enregistrant Les poètes descendent dans la rue avec l’Orchestre philharmonique de Radio France.
Enfin c’est à la salle Pleyel que revient le bonheur de conserver dans sa mémoire son dernier concert, après qu’il ait tant de fois annoncé celui-ci, en novembre 1999, le Fou chantant y était assis, la voix intacte.
Merci Monsieur Trenet.
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