Complètement Nabe, ce mec !
Marc-Edouard Nabe, ça vous dit quelque chose ?
Après avoir récupéré les droits sur son œuvre, ainsi que les invendus, personne ne voulant plus de lui, des éditeurs aux libraires, en passant par les critiques et les journalistes, il a simplement décidé de se débrouiller tout seul en vendant lui-même ses bouquins via Internet, ou si vous habitez Paris, chez quelques boutiquiers : bar-restaurants, fleuriste ou même boucher et coiffeur ! (voir sur marcedouardnabe.com ) .
Si Nabe est ainsi ostracisé, c’est qu’il est parfois provoquant à l’extrême et qu’il n’a pas bonne presse. Ainsi en 1985, il sort Au régal des vermines, il est taxé d’antisémitisme et sa venue chez Pivot à Apostrophes tourne au pugilat. Si on peut dire d’un livre qu’il n’est peut-être pas destiné à être placé entre toutes les mains, celui-ci en est un exemple : Nabe y est, par moment haineux, vomissant tout et tous, s’y « attaquant » même, erreur fatale, aux juifs.
A la fin d’Apostrophes, surgit George Benamou, girouette carriériste et arrogante, ayant commencé sa carrière en tant que mitterrandiste pour la terminer sarkozyste disgracié par l’Elysée pour avoir déplu à Pomponette et ses amis de la gauche (caviar bien sûr), donc surgit Benamou qui balance un bourre-pif à Nabe, parce qu’il estime que les propos de celui-ci sont racistes. Cet épisode l’aidera à lancer sa carrière.
Au régal des vermines est polémique, parce que Nabe est polémique, pour certains c’est un « connard », pour d’autres un écrivain génial.
Dans tous les cas, il s’agit d’un auteur avec une aura, même si c’est dans son cas, celle des écrivains maudits, avec un style flamboyant, inégalable, faisant fi des conventions et de la bienséance. Ses critiques disent de lui que son inspiration est égocentrique, mais quel écrivain ne l’est pas ? On dit de lui qu’il est antisémite, fasciste même, bref on retrouve en Nabe des relents céliniens, comme un goût de Voyage au bout de la nuit.
Après les attentats du 11 septembre, Nabe sort un pamphlet, à nouveau polémique : Une lueur d’espoir.
Nabe y traite l’après 11 septembre, son propos est que ces attentats puissent enfin réveiller cette société assoupie qu’est devenue la nôtre et qu’il exècre, donner le coup d’envoi d’un Grand Soir, bien que Nabe soit conscient que cela ne sera pas, on comprend bien qu’il le réalise simultanément tandis qu’il écrit, alors il s’emporte, désignant presque les kamikazes comme des héros, sauveurs d’une société qu’il abhorre. On sent bien qu’il se délecte de dire tout le mal qu’il pense de cette société qu’il déteste, nous traitant de larves et de tarés, arrivant même à placer au détour d’un paragraphe son ennemi juré, Houellebecq, qui n’en demandait pas tant et dont on se demande ce qu’il vient faire là : « …le lecteur français se trempe dans l’œuvre de Houellebecq comme dans une baignoire d’eau sale où l’autre a pissé (et pas seulement) pendant des années…).
Mais d’autres thèmes abordés, obligent à réfléchir : « Le fanatisme, ce ne sont pas seulement des Arabes hurlant des gutturances menaçantes…ça peut être aussi un winner, fringué friday, pratiquant onze heures par jour à son bureau et en se forçant à s’y épanouir ». Ou « TRIBUTE TO HEROES ! Quels héros ? Hormis quelques centaines de pompiers zélés, les milliers de morts ne sont que des victimes ».
Une nouvelle polémique pourrait bien naître cette année si d’aventure, son « L’homme qui arrêta d’écrire » devient le prochain… Renaudot.
Dans cet opus, Nabe tire à tout va sur une cible qu’il connait bien : le milieu littéraire : les écrivains, les critiques, les éditeurs, journalistes, artistes,… Tout ce beau monde y passe, tour à tour et chacun y prend pour son grade… Jouissif !
Nabe se trouve donc dans le dernier carré sélectionné pour le prix, mais il serait étonnant que celui-ci soit adjugé à quelqu’un qui boycotte les professions du livre et bien que Nabe puisse compter sur le soutien de F.O. Giesbert, l’influent patron du Point et membre du Renaudot, il compte également des ennemis au sein du Renaudot qui refusent même d’ouvrir son livre.
Il serait amusant de retrouver cette année les deux ennemis de toujours, face à face, Houellebecq au Goncourt et Nabe au Renaudot, à moins qu’il ne s’agisse que d’un coup de marketing du Renaudot, la suite ce lundi 8 novembre…
Sources :
Guide de la bonne lecture - François Lavallée
Le Nouvel Observateur - Le retour du maudit - Delfeil de Ton
Marcedouardnabe.com
Le Monde des livres
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