Dans l’eau de la claire fontaine, elle se baignait toute nue...

Un thème érotique pour cette chanson de Brassens : une baigneuse qui révèle sa nudité dans un cadre champêtre...
Le personnage féminin anonyme, désignée simplement par le pronom "elle", est ainsi présentée comme l'archétype, l'image même de la femme et de sa beauté.
Le décor est planté, dès le premier vers : "Dans l'eau de la claire fontaine...", un décor rustique, une source d'eau limpide qui ne peut qu'inciter à la baignade.
L'emploi de l'imparfait à valeur durative suggère un bonheur de profiter de ce bain, dans toute sa plénitude : "Elle se baignait toute nue..."
Mais, ce bonheur est troublé par "une saute de vent soudaine", expression imagée, qui fait songer à "une saute d'humeur"... La nature personnifiée semble ainsi se faire la complice du poète qui assiste à ce spectacle.
Le passé simple qui suit souligne la brutalité du vent, et marque une rupture : "jeta ses habits dans les nues..."
Aussitôt, le poète se met en scène, puisque la jeune fille l'appelle à l'aide.
Le mot hyperbolique "détresse" restitue le désarroi sans doute exagéré de la baigneuse....
Privée de vêtements, la belle réclame "Des monceaux de feuilles de vigne,
Fleurs de lis ou fleurs d’oranger...", afin de masquer sa nudité.
Pudeur ou comédie de la chasteté ? La jeune fille demande du secours et la nature environnante est convoquée pour couvrir son corps : feuilles, fleurs souvent associées à la beauté féminine, et révélant sa délicatesse...
Le poète s'applique alors à lui fabriquer un corsage, "avec des pétales de roses", encore un symbole de beauté, d'harmonie et d'amour...
Une seule rose suffit pour confectionner le corsage, une façon de rendre hommage à l'élégance, la finesse de la jeune femme désignée par le terme élogieux : "la belle".
Et c'est une seule feuille du pampre de la vigne qu'utilise le poète pour fabriquer "un bout de cotillon..."
Le jeu de séduction se poursuit puisque la jeune femme se lance dans les bras de son sauveur pour le remercier et se retrouve "toute déshabillée", expression qui fait écho à celle du début : "toute nue"... voilà une jolie construction en boucle !
Et la dernière strophe souligne malicieusement ce jeu, une volonté de la jeune femme de séduire, de feindre la pudeur.
Le terme "ingénue" constitue une sorte d'antiphrase pour désigner la belle, car celle-ci se plaît à revenir à la fontaine "en priant dieu qu'il fît du vent..."
Cette chanson est un magnifique hommage à la beauté féminine, mise en valeur par le thème du bain.... On retrouve là une sorte de blason qui célèbre, avec discrétion, tout le charme de la jeune femme...
Et c'est aussi une façon de mettre en scène une forme de pudeur féminine qui peut paraître feinte, dans certaines circonstances...
La mélodie à la guitare égrène des notes légères et douces comme pour restituer la limpidité de l'eau.
Le blog :
Vidéo :
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON