Démineurs : tension à son comble
Le simple fait de ne pas essayer d’embrasser toute l’histoire et les événements du conflit et de ne pas chercher à en faire un documentaire fait-il automatiquement d’un film de la propagande ?
Le problème des films qui ont pour contexte une guerre est de ne pas plaire à ceux qui n’autorisent qu’un seul angle d’approche du sujet (souvent la dénonciation) ou voudraient en faire un reportage historique.
Le simple fait de ne pas essayer d’embrasser toute l’histoire et les événements du conflit et de ne pas chercher à en faire un documentaire fait-il automatiquement d’un film de la propagande ?
C’est la question que l’on peut se poser à propos du film Démineurs de Kathryn Bigelow. Certains, n’y voyant aucune dénonciation de la guerre menée là bas, aucune allusion à certains actes de torture relayés par les médias se drapent d’une indignation outragée appelant à la propagande américaine. Il semble difficile cependant de leur donner raison.
Démineurs est avant tout un questionnement. Que la guerre soit moche, terrible et puante, tout le monde le reconnaît. Mais alors pourquoi des hommes continuent d’aller la faire ?
Par patriotisme et sens du devoir diront certains.
Par sadisme afin de buter de l’irakien diront d’autres.
Pour l’argent (en ce qui concerne les organismes privés dont il est un peu question dans l’histoire)
Par addiction propose le film.
La guerre est une drogue et ce film entend nous le montrer. Le contexte de la guerre en Irak est propice, l’angle de vue, depuis une petite équipe de démineurs américains est original et centre directement l’affaire, éludant par la même la très grosse partie du conflit.
A partir de ce postulat de base, nous partageons la vie de trio de jeunes gars dans le bourbier irakien. Le principe étant de nous faire vivre la tension présente sur chaque mission et la prise de risque croissante, comme une dose de dope, pour satisfaire les besoins en adrénaline et oublier tout le reste : sa vie personnelle, l’absurdité de la guerre, l’échec de la politique américaine, le bout du tunnel qui ne viendra jamais, l’enfermement et le repli sur soit, la hiérarchie complètement à la ramasse…etc… Car ces soldats ont perdu leurs illusions sur ce conflit. S’ils étaient venus en Irak pour aider la population, pour libérer le pays, pour participer à la lutte contre le terrorisme, les voilà à seulement aller au danger, chercher de l’adrénaline loin du camp où ils sont isolés pour y revenir le soir. Une routine éprouvante et macabre.
Et ça marche. Pas de recherche à tout prix du spectaculaire, pas de discours moralisateur ou larmoyant à deux ronds, aucun patriotisme : non. Les mecs sont là pour faire leur job, en milieu hostile, comme une véritable armée d’occupation, la peur au ventre, juste en espérant pouvoir un jour rentrer chez eux, pour ceux qui sont pas encore trop dépendants. Le contact avec la population ? Aucun, tout civil pouvant être un ennemi. La parano bat son plein et participe à cette tension. L’incompréhension est totale : le fossé est déjà creusé, la pacification est un échec qu’ils vivent tous les jours.
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