Démythifier l’art contemporain au MacVal
Aller au MacVal, c’est doublement ou triplement démythifier l’art contemporain pour se l’approprier. D’abord c’est en banlieue, et vraiment en banlieue. Ce n’est même pas dans le 9-3 tellement tendance dans les milieux branchi-branchouilles qui aiment se présenter comme les amis des bons sauvages, leurs bons sauvages d’outre-périphérique. Mais non, le MacVal c’est à Vitry, dans le Val de Marne, sur un rond-point baptisé Place de la Libération, qui ponctue une nationale 305 qui n’a rien à envier à l’urbanisme soviétique.
Mais à y regarder de plus près, certains immeubles sont plutôt intéressants, la statue de Dubuffet semble être un signal ou un appel à la visite. Le long mur noir, dont la présence rappellerait presque le Soulages que l’on va retrouver à l’intérieur, le pavage de l’esplanade, les lignes et les volumes purs, mais fortement structurés. Le bâtiment du musée en lui-même est pour moi le premier intérêt du MacVal.
La clarté évidente et la lisibilité de son architecture signée par Jacques Ripault et Denise Duhart est idéale pour une approche non convenue vers l’art contemporain, à une époque où justement l’architecture contemporaine semble faire peur et où le néo et le façadisme, quand ce n’est pas le rétro, font figure de valeurs refuges pour une ville frileuse. A cet égard, visiter le MacVal fait vraiment du bien, on se sent enfin dans un environnement moderne et beau, cohérent et sans concession, qui fait aimer à la fois l’architecture et l’art modernes.
Je ne suis pas un expert de l’art contemporain et pour être honnête, j’ai plus regardé le bâtiment que les oeuvres exposées. Pourtant, je trouve, deuxième démythification de l’art contemporain, que la petite collection du MacVal et les volumes d’exposition forment un accord réussi. Une collection pas trop grande, pour ne pas effrayer le nouveau venu ou l’ennuyer, suffisamment éclectique pour que l’on puisse y trouver quelque chose à son goût, suffisamment riche, mélangeant artistes confirmés (Takis, Soto, Soulages, César, Olivier Debré, Dubuffet, Erro) et jeunes artistes (Valérie Jouve, Felice Varini ou Gilles Barbier) pour que le connaisseur retrouve ses marques, ou encore pour montrer au néophyte qu’art ne rime pas forcément avec tableau encadré accroché au mur, mais avec sculpture, photo, oeuvres multimédia, installations et mouvement...
La troisième démythification, c’est que l’art contemporain n’est pas toujours sérieux, ennuyeux ou triste (en tout cas, pas plus que le classique...) Les mots qui me viennent à l’esprit, après ma visite au MacVal, sont parcours ludique. La visite est guidée par une architecture qui tourne, monte, traverse, offre des points de vue surprenants, autres, invite à regarder de près, de loin, par dessus, les revoir encore, pour se les approprier ou avoir juste un autre point de vue. Et aussi ludique, avec cette invitation du Pénétrable de Soto, lianes jaunes cinétiques comme le souvenir d’une forêt vénézuélienne. Ou encore le Grand Sommeil de Claude Lévêque, immense installation en lumière noire, avec une musique chinoise, ambiance de Gerome Nox qui se répète en créant un univers quasi magique d’irréalité. Un conseil, l’installation de Lévêque est présentée jusqu’en septembre, alors habillez-vous en blanc pour entrer dans le Grand sommeil et faire partie de l’oeuvre ;-)
Une belle librairie, un cinéma, un restaurant et une terrasse, très agréable, mais peut-être seul bémol à mon enthousiasme : les prix nous ramènent un peu brutalement au monde plus directement parisien. Même pour l’art contemporain, finalement, Paris est sa banlieue.
Attention au site internet du MacVal. Il a failli me faire tourner en bourrique. Consultez-le surtout pour les infos pratiques, et ne vous laissez pas influencer par le reste ;-)
PS : je reviendrai à Vitry qui, comme Montreuil, garde encore les traces d’une autre époque de Paris, avec ses zones agricoles, ses vergers et ses jardins maraîchers, et aujourd’hui ses friches, ses casses et ses zones entre deux...
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