Didier Mahieu : Avignon ou la philosophie de chair
Avignon donne encore à penser ! Telle est la proposition à laquelle l’acteur et metteur en scène Didier Mahieu nous convie, en plein coeur du Festival. La philosophie sort de son trou, pour se faire chair. Un espace plein de souffle s’ouvre à vos sens ! A ne manquer sous aucun prétexte, la philosophie française est au rendez-vous...
Ceci ne doit pas passer inaperçu : alors que pour le philosophe Merleau-Ponty un des drames du monde contemporain est la cécité humaine ou son incapacité à rendre compte de la chair des mots, le pari philosophique est réussi dans la mise en chair théâtrale par Didier Mahieu de "la prose du monde", et ceci en plein coeur du Festival d’Avignon.
La parole comme espace à habiter
Le langage philosophique prend corps dans l’espace théâtral, car son origine n’est pas simplement empirique ; la parole est tout d’abord la conquête d’un espace à habiter, à faire naître. L’insoupçonné peut alors surgir de cette mise en scène de la parole, les idées peuvent jaillir, grâce au théâtre, à son apport considérable comme magie d’un monde toujours renaissant. Le sujet plus que l’objet de ces représentations est de donner à entendre ou à voir la parole philosophique en tant qu’elle engage le spectateur dans une co-participation avec "l’oeuvre-là" : toute personne qui s’engage à percevoir cette prose du monde ne pourra pas sortir indemne de sa visitation théâtrale, son corps comme organon du langage est sollicité pour répondre et pour inaugurer une situation de dialogue qui pourra continuer jusqu’à une constitution toute personnelle d’une nouvelle prose du monde, bref, si vous assistez à la prose du monde, c’est à la naissance d’une matinée inouïe que votre âme s’engage !
Votre vie n’est telle que vaine parole ?
Vous n’aurez pas le droit d’en sortir indemne, ou alors votre vie ne serait que parole vaine de toute tentative de se faire chair : c’est, d’après ce spectacle, tout à fait impossible ! D’une philosophie du nom à celle du non, il n’y a qu’un pas de traverse, c’est ce qu’ose faire le metteur en scène Didier Mahieu avec la production inédite de Quand les poèmes cachent les théorèmes de Gaston Bachelard : visible les jours impairs uniquement ! Bachelard n’est pas réductible à une rationalité aveugle, il peut être perçu derrière la flamme de l’imaginaire une poétique du nombre : un théorème où la matière est énergie du monde non pas comme on le pense, mais comme il se donne à être construit.
L’opinion ne pense pas
Grâce à Bachelard, vous ne pourrez plus ne pas savoir que "l’opinion ne pense pas " ! : ceci n’est pas une bourde théâtrale, ou dieu sait quoi ! Mais c’est tout simplement la quintessence de l’être l’humain en tant qu’il est en recherche d’un sens à faire vivre ! Ne baissez pas les bras : poésie, philosophie, science, théâtre et parole seront pour vous les matériaux indispensables à votre rêverie charnelle d’une vie à conquérir . Pour ceci toutes les armes sont possibles : l’eau, la terre, le feu vous mèneront tout droit vers une poétique de l’espace ! Vous serez alors tout autre : une renaissance, pour ne pas le dire autrement, car cela serait blasphémer !
( A vivre du 7 au 29 juillet. Théâtre des halles , 4 rue Noël Biret . Avignon. Jours impairs : Quand les poèmes cachent les théorèmes. Jours pairs : La prose du monde. Réservations : 04.32.76.24.51)
Visiter http://www.theatreephemeride.com
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