Django Unchained. Tarantino déchaine ... la polémique

Quentin Tarantino aime le comique de répétition. Django Unchained emploie, au dernier comptage, 110 fois le mot "nigger" soit "nègre" - dans son acceptation américaine et non dans celle d'Aimé Césaire. Il n'en fallait pas plus pour "déchainer" les foudres de la polémique. De la pub pour tout le monde.
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose : de bonnes affaires, surtout ...
Dès la sortie du western du réalisateur de Pulp Fiction et de Jackie Brown (seulement 38 "nègres"...) un blog conservateur américain (comme quoi..), The Drudge Report, s'est ému de l'utilisation "effrontée" de l'insulte raciste.
S'en est suivie une jolie campagne de presse à l'américaine lors de laquelle chacun l'a ramené, pour conspuer ou défendre Tarantino qui serait devenu "amoureux" du terme.
Dernier sketch : une association des droits civiques de Los Angeles, Project Islamic Hope, pousse les hauts cris devant l'édition de figurines dont celles des Noirs Django, sa femme Broomhilda et l'intendant Stephen (Samuel Jackson). Ces dernières "banalise (nt) les horreurs de l'esclavage et ce que les afro-américains ont vécu", affirme son directeur, Najee Ali, dans une déclaration à l'Associated Press.
A voir l'esthétique des statuettes (retirées, semble-t-il de la vente par la petite entreprise de Tarantino), l'association aurait été mieux inspirée de fustiger le côté attrape poussière de ces objets dignes de figurer sur une étagère, à proximité d'un taureau espagnol banderilles dans l'arrière train ou d'un berger allemand en plâtre. Assis couché debout...
Le réalisateur Spike Lee, estime lui, avec à propos, que "l'esclavage aux Etats-Unis n'est pas un western spaghetti à la Sergio Leone" et que les esclaves ont été "volés à l'Afrique". Démonstration évidente de ce qui saute aux yeux et dont personne ne conteste la réalité.
Bref, chacun fait valoir qu'il existe.
Ce qui aurait pu choquer les défenseurs de la mémoire noire américaine, peut-être, est une réplique de Django par la bouche de l'acteur Jamie Foxx selon laquelle "ce qu'il y a de pire qu'un intendant Noir c'est un négrier
Noir".
"ROIS"
Ce qui laisserait entendre que les blancs n'ont pas été les seuls infâmes dans le système esclavagistes. Que si cette horreur a pu exister c'est aussi grâce aux rois et chefs de tribus africains qui vendaient leurs congénères déjà esclaves après leur défaite, par exemple, lors d'une guerre entre clans ou ethnies.
Reste que le film de Tarantino ne peut être considéré comme raciste, quel que soit l'angle d'où on le regarde. Les planteurs sudistes y sont ridiculisés avec le décalage habituel de l'auteur. La violence des comportements esclavagistes n'avait pas besoin de l'extravagance Tarantisnesque pour prospérer. Il n'a pas eu à inventer les "blood hounds" qui déchiquetaient les fuyards, les cages à suées (qu'il nomme ici "étouffoir") et les débuts du Ku Klux Klan.
Il filme, comme d'autres avant lui, les grands espaces mais, là encore avec un rien de chromo qui donne une saveur toute particulière à ce qui pourrait être, sans cela, un western à l'italienne. Mais non, c'est un pastiche sans en être un, plus outré qu'un Cohen Brothers mais cette fois servi par la présence sublime d'un Di Caprio ou même d'un Don Jonhson et, surtout par Christoph Waltz, génial en chasseur de prime dandy teuton et défenseur ... des droits de l'homme.
Après Pulp Fiction, Tarantino déclarait, avec son modus operandi très personnel, que l'on parlait "tellement de lui qu'il ne pouvait plus se supporter". Django Unchained, après le premier Django de 1967 réalisé par Sergio Corbucci (avec Franco Nero dans le rôle titre qui pointe son nez chez Tarantino) va lui permettre de ne plus se voir en peinture.
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