Dresde de mille feux
Voici une anthologie contenant le matériau de l’ère Pisendel (1687-1755) à Dresde reposant dans une énorme « armoire II » (Shranck II) à l’église de la cour. En 1867, elle sort de l’oubli pour être versé à la « Bibliothèque publique royale », ancêtre de l’actuelle SLUB (Biblitohèque régionale de Saxe).
L’anthologie rassemble la musique gravitant autour du grand chef de pupitre Johann Georg Pisendel comme collectionneur d’oeuvres exemplaires. La musique de Dresde est unique dans le paysage musical allemand du 18è et il faut compter à partir de 1718 le début de la grande époque de l’orchestre. On y retrouve le flûtiste Joachim Quantz (1697-1773), les frères Graun sous la direction de Johann David Heinichen (1683-1729). Lorsque celui-ci meurt, c’est Johann Adolf Hasse (1699-1783) qui est pourvu au poste de maître de chapelle. Et dès 1728, on voit Albinoni (1671-1751) et Vivaldi diriger l’orchestre en qualité de premier violon quand ce n’est pas Pisendel (1678-1741) qui est à la tête de l’orchestre en tant que chef de pupitre.
Lorsque Jean-Jacques Rousseau fait l’éloge en 1758 de l’orchestre dans son « Dictionnaire de Musique, l’âge d’or vient tout juste de s’éteindre avec la mort de Pisendel :
« Le premier orchestre de l’Europe concernant le nombre de ses exécutants et leur musicalité est celui de Naples ; mais celui possédant les meilleurs emplacements et le jeu d’ensemble le plus parfait est l’orchestre de l’opéra du roi de Pologne à Dresde, dirigé par le célèbre Hasse ».
Le programme présenté par le Dresdner Barockorchester parcoure toutes les sensibilités rencontrées lors de ces décennies de faste à Dresde : de l’esthétique pré-classique de la Sinfonia de Giuseppe Brescianello (c.1690-1758) à l’Ouverture en forme de suite de Johann Friedrich Fasch (1688-1758), en passant par Giovanni Battista Sammartini (1700/01-1755) ou l’envoutante sonate en do mineur de Pisendel lui-même. Certains remarqueront peut-être l’emprunt à la Tafelmusik de Telemann (1681-1767) dans l’Ouverture du « Occasional Oratorio » de Georg Friederich Händel (1685-1759).
Quoiqu’il en soit, c’est une musique instrumentale vivifiante, interprétée avec la vivacité qu’elle demande par un orchestre chamarré rompu à ce répertoire. L’occasion de rappeler les choix intelligents du label CPO, lui qui n’hésite pas à s’aventurer dans des projets bien moins vendeurs et dont je parlerai plus tard.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, un disque à chaudement recommander et qui vieillit aussi bien qu’un bon vin est le « Oboe Concerti at the Dresden Court » paru chez Accent en 2008 avec Xenia Löffler et la Batzdorfer Hofkapelle.
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Trésors de la Chapelle de la Cour de Dresde (Shranck N°II) :
I. Giuseppe Brescianello (c.1690-1758) : Sinfonia D-Dur - (Ohne Bezeichnung)
II. Johann Adolph Hasse (1699-1783) : Sinfonia D-Dur zu “Demofoonte” - Andantino
III. Giovanni Battista Sammartini (1700/01-1775) : Sinfonia A-Dur zu “Memet” - Presto ma non tantoDresdner Barockorchester
2014 CPO
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