Elles s’en allaient vers le midi, la Méditerranée...

Le texte de cette chanson de Michel Delpech, intitulée Le chasseur, débute comme un récit, avec des circonstances de temps et de lieu : "cinq heures du matin... Dans les marais couverts de brumes...", avec un verbe d'action : "on avançait..."
Le narrateur qui parle, ensuite, à la première personne, se présente "avec un fusil dans les mains." Mais le personnage reste passif.
Et, aussitôt, du récit, on passe à la description du paysage environnant, comme si ce spectacle fascinait le regard du personnage...
"Un passereau prenait au loin
De l'altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux."
L'oeil est attentif à la beauté d'un envol d'oiseau qui s'élève dans le ciel, puis aux chiens qui accompagnent les chasseurs. L'imparfait à valeur durative restitue cette envie d'observer la nature, et une forme de plénitude.
Le verbe "voir" suggère une sensibilité à la beauté du monde environnant, représentée par "un étang, des oies sauvages". Le regard s'élève vers le ciel, symbole de liberté, comme le montrent les verbes de mouvement :"passer, elles s'en allaient..."
La destination de ces oies sauvages ne fait-elle pas rêver ? Le poète évoque "le midi, la Méditerranée".
Des "perdreaux qui montent dans les nuages" traduisent, aussi, une envie de liberté, alors que la forêt est personnifiée dans cette expression : "la forêt chantait". La nature, pleine de vie, le soleil qui "brille"incitent le chasseur à abandonner sa quête de gibier pour partir "en promenade".
Le "fusil dans les mains" semble, dès lors, inutile et le poète se sent "un peu coupable", devant tant de beautés révélées par la nature.
Il s'éloigne, alors, des autres chasseurs : la solitude lui permet de vivre pleinement ses sensations : il "regarde" le "bleu du ciel, les oiseaux, les nuages". L'observation se fait plus attentive et s'élève encore un peu plus vers les hauteurs.
Le chanteur rejoint, ainsi, l'harmonie de la nature comme le suggère ce parallélisme : "J'étais bien, les oiseaux qui étaient si bien..."
D'ailleurs, le poète aspire à rejoindre ces oiseaux dans leur voyage, à les accompagner dans leur quête de bonheur, de soleil et de liberté.
La mélodie, qui va crescendo, restitue l'enchantement et l'émerveillement croissant du chasseur qui observe le paysage...
Au fil du texte les sonorités se font plus douces : on perçoit, au début, de nombreuses gutturales "r" qui traduisent une âpreté :
"On avançait dans les marais
Couverts de brume
J'avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l'altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux ..."
Par la suite, ce sont les sonorités de sifflantes "s", et de chuintantes qui dominent, notamment, grâce à la rime féminine en "-age", dans les mots "sauvages, nuages, marécages, voyage."
La simplicité du style, l'évocation d'une nature sauvage, symbole d'évasion et de liberté nous donnent une leçon de vie, d'humanité, de paix et d'harmonie : comment ne pas y être sensible ?
Comment ne pas suivre les pas de ce chasseur qui oublie son fusil, pour devenir poète et se livrer à une observation attentive des beautés de ce monde ?
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2016/01/elles-s-en-allaient-vers-le-midi-la-mediterranee.html
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