Éloge de la guitare basse électrique
Imaginons la soul, le funk, le rock sans la guitare basse ?
Que serait le fameux triptyque : guitare, basse, batterie, sans elle ?
La basse, c’est la fondation de l’édifice musical. Sa relation avec la batterie est évidente. Basse et batterie donnent rythme et assise permettant aux autres instruments de se libérer et aux solistes de s‘exprimer. A la base, c’est donc un instrument d’accompagnement, cantonné à une place réservée, celle d’une compagne discrète, chaleureuse et rassurante.
Le bassiste est d’ailleurs souvent à son image : discret, effacé, modeste. Il est celui qui ne recherche ni les spotlights ni les micros, qui d’ailleurs ne se tendent que rarement vers lui.
Son travail est souvent payé d’ingratitude. Cela vient peut-être de ce que nos oreilles, généralement peu exercées, entendent moins distinctement la hauteur de ses notes. En revanche, si nos oreilles ne discernent pas toujours la ligne mélodique, elles perçoivent bien mieux les impulsions dans le grave. Enlevez ces impulsions en bidouillant votre pick-up et la musique devient fade, froide, sans vie.
La basse électrique n’est apparue véritablement que dans les années 50 avec la fameuse précision bass de Leo Fender. En réalité, les expériences antérieures d’électrification des ingénieurs de Rickenbaker et de Gibson auraient commencé une vingtaine d’années plus tôt, sans remporter un franc succès.
Lassés d’être couverts par la batterie et de trimbaler la fragile et encombrante contrebasse, sujette aux variations de température, les bassistes l‘ont rêvée. Il fallait bien qu’un ingénieur technicien s’employât un jour à rendre l’instrument transportable, audible et résistant aux aléas climatiques.
Dans les années 50, la première guitare basse électrifiée est à 4 cordes, son manche est fretté (avec des barettes), et sa tessiture doit alors imiter celle de la contrebasse.
Grâce à l’amplification, les contrebassistes vont vite s’affranchir de nombreuses contraintes techniques. Rapidement, ils vont explorer de nouvelles techniques de jeu, comme le slap (frappe du bord du pouce pour faire claquer la corde), le picking (corde pincée et tirée), le tapping (corde frappée comme au piano pour émettre un son).
Ce qui est inimaginable à la contrebasse devient possible.
Un nouvel instrument est ainsi né.
Le rock va l’adopter, le funk et la soul vont le libérer.
Dans les années 70, un génie nommé Jaco Pastorius, premier bassiste à avoir osé le défrettage, fait découvrir à toute une génération ébahie de musicos toute la richesse de la palette sonore de la basse électrique.
Grâce à lui, le jazz, qui s’en était longtemps tenu à l’écart, redécouvre avec un oeil neuf les sonorités et possibilités nouvelles de la basse fretless.
Pour autant, l’instrument est loin d’être aussi emblématique que l’autre guitare et ce n’est pas la mort prématurée de Jaco Pastorius qui va hisser le pavillon de sa cause.
Il faudra attendre les années disco et l’avènement du groupe Chic, et notamment son tube Le Freak pour faire apprécier au grand public toute l’importance des lignes de basse dans la musique moderne.
Mais, s’il y en a un qui a su explorer toutes les facettes que recèle cet instrument, c’est bien Victor Wooten, probablement le plus grand bassiste électrique vivant (techniquement parlant), un monstre de virtuosité.
Initié par son frère, qui n‘était pas un petit musico non plus, Victor Wooten est un adepte de la technique du double slap (double aller-retour au pouce), pouce qu’il utilise comme un médiator.
Après avoir visionné et écouté ces numéros de haute voltige guitaristique, vous me direz si l’éloge était bien nécessaire...
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