En hommage à Gavroche…
Gavroche a réellement existé. Idéalisé par Victor Hugo, il est devenu le symbole du gamin de Paris : insolent, gouailleur, mais aussi intelligent, débrouillard et courageux. Un symbole connu dans le monde entier grâce à l’immense popularité du roman Les Misérables. Gavroche est mort au combat, au cœur de la capitale, en défendant la Liberté. Dans un Paris touristique et si chargé d’histoire, pourquoi ne pas rendre hommage à ce gamin et, à travers lui, à l’esprit populaire et au génie d’Hugo ?
La partie de la rue Rambuteau située entre les rues Mondétour et Saint-Denis se nommait au 19e siècle rue « Chanvrerie » ou « Chanverrerie ». Cette courte et étroite voie est connue pour avoir joué un rôle important lors de l’insurrection républicaine qui a enflammé Paris les 5 et 6 juin 1832 à la suite de l’enterrement du général Lamarque.
Durant deux jours, des barricades ont été érigées en divers lieux de la capitale. Les plus importantes étaient situées rue Saint-Merri et dans les faubourgs du Temple et Saint-Antoine. Celle de la rue Chanvrerie, plus modeste, a été défendue avec acharnement par les insurgés dont le Quartier général avait été établi au Cabaret de Corinthe (sur l’emplacement de l’actuel 102 de la rue Rambuteau).
C’est l’érection et la défense héroïque de cette barricade que décrit Victor Hugo dans la dernière partie de son roman le plus célèbre : Les Misérables. Sous le commandement du stratège Enjolras, la plupart des insurgés périront sous la mitraille de la Garde Nationale : Combeferre le philosophe, Courfeyrac l’extraverti, Mabeuf le marguillier, Prouvaire le poète, Joly, Bossuet, Feuilly, sans oublier l’émouvante Éponine Thénardier. C’est là que Jean Valjean sauvera Javert par amour de la vie, et là qu’il sauvera Marius par amour de Cosette. C’est enfin là que mourra Gavroche, « tombé par terre, par la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, par la faute à… »
En ce lieu symbolique, je suggère qu’une plaque gravée à l’effigie de Gavroche, et complétée par une courte monographie, soit apposée sur la chaussée de la rue Rambuteau à l’emplacement qu’occupait la barricade en juin 1832. Ou, mieux encore, qu’une stèle surmontée d’un buste ou d’une statuette en pied, de préférence en bronze, soit érigée en bordure de la rue.
Copenhague dispose de sa sirène ; Bruxelles de son Mannekenpis. Pourquoi Paris ne posséderait-elle pas son Gavroche ? Le patrimoine de la capitale s’en trouverait enrichi. Pour le plus grand plaisir des touristes et des… historiens-conférenciers. Mais surtout pour la plus grande fierté des nombreux Parisiens, descendants directs, par la filiation ou l’idéologie, des glorieux défenseurs de nos valeurs républicaines.
Sur un plan pratique, la création de cette œuvre pourrait être financée par une fondation privée et donner lieu, soit à une commande municipale, soit à un concours de sculpture ouvert aussi bien aux jeunes talents en recherche de notoriété qu’aux artistes confirmés. Cette idée, je l’ai soumise en 2001 à Christophe Girard, Maire-adjoint chargé de la Culture à la Ville de Paris, et à Reine Prat, chargée de la Mission du Bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. Sans succès.
L’idée était-elle mauvaise ? Ou sans intérêt ? À vous, lecteurs d’AgoraVox, de juger…
« Je suis tombé par terre, / C’est la faute à Voltaire, / Le nez dans le ruisseau, / C’est la faute à…
Il n’acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois il s’abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s’envoler. »
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