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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Et si Rameau n’avait jamais existé ?

Et si Rameau n’avait jamais existé ?

Les critiques du Monde et du Figaro sont élogieuses pour Jean-Philippe Rameau qui revient à la mode depuis les années 2000. "Optique 2000 ! Ce Jean-Philippe-là aussi "il est terrible !" Plusieurs fois censuré, victime d’une polémique officielle orchestrée -si j’ose dire- par Lully. Il fut aussi le grand complice de Voltaire. Bref, de quoi le rendre intéressant aux yeux des internautes d’aujourd’hui...Le portrait de Quentin-Latour, en illustration, le montre sous un profil malicieux mais la personnalité de Rameau était plus complexe...

Autant le dire de suite, les oeuvres de Jean-Philippe comme de l’autre Jean-Philippe, ne figurent pas dans la sélection de Fabrice Lucchini qui jouait le rôle principal dans "Jean-Philippe." Qu’importe !

Et si Rameau n’avait jamais existé ?

Avant d’avoir atteint la cinquantaine, ce fils d’organiste était à peu près inconnu et l’on sait peu de chose de sa biographie concernant les 40 premières années de sa vie. Il voyagea et déménagea beaucoup, presque un "SDF" comme on dirait aujourd’hui. S’il était mort avant 50 ans et si son opéra "Hippolyte et Aricie" n’avait pas lancé sa tardive carrière, il serait mort inconnu de la postérité.

C’eut été une perte nationale bien plus considérable que celle de l’autre Jean-Philippe dont on fait tant de cas dans le film éponyme. En effet, Rameau est considéré comme le plus grand musicien français avant le XIXe siècle et comme le premier théoricien de l’harmonie classique. Ses traités sont encore des références. Son œuvre lyrique marque l’apogée du classicisme français. La musique de Rameau s’opposa avec force à l’invasion étrangère : ce n’était pas alors la musique anglo-saxonne mais la musique italienne qui se répandait partout.

L’opéra-ballet, "Hippolyte et Aricie", était joué jusqu’au 15 mars 2009 au Capitole de Toulouse. Le Figaro en rend compte de façon élogieuse : "Le Capitole fête Rameau dans toute sa splendeur." L’oeuvre est librement inspirée de Phèdre de Jean Racine et des tragédies de Sénèque et Euripide.

Rameau, cible de Rousseau :



Le premier opéra de Rameau, Samson (1731), sur un livret proposé par Voltaire, fut censuré.

Puis, Rameau se trouva au coeur d’une polémique provoquée par la voie officielle des admirateurs de Lully qui ne prisaient pas sa musique. Considéré comme un traître à la tradition française que Lully installa quelque 60 années plus tôt comme compositeur du roi, il fut éreinté par la critique. Diderot donnera une description de cette polémique vaine dans son livre "Le Neveu de Rameau". Plus tard, dans les années 1750, Rameau fut pris à partie lors de la querelle des Bouffons (1752) par Jean-Jacques Rousseau et d’autres admirateurs inconditionnels de la musique italienne nouvelle, représentée par Pergolèse. Cette querelle des Bouffons sera à l’origine du déclin de la musique lyrique à la française.

Mais aujourd’hui, après la critique élogieuse du Figaro, c’est celle du Monde tout aussi admirative qui vient encenser le maître ("La phénoménale richesse d’une partition de Rameau") en rendant hommage à Zoroastre, joué à l’Opéra-Comique de Paris, les 25, 27, et 29 mars, qui fera l’objet d’une diffusion en direct sur Radio Classique le 27 mars, à 20 heures.

(court extrait d’une représentation de cette oeuvre ici sur YouTube)

L’oeuvre la plus connue de Rameau reste "Les Indes galantes", pourtant tirée d’un livret pauvre et un peu bâclé. Costumes somptueux, décors et machineries, et surtout la danse, firent de cette oeuvre un grand spectacle de scène encore aujourd’hui apprécié. La magie et la fraîcheur restent intactes. Pour preuve les nombreux clips vidéo qui circulent sur le web. Par exemple ici.

D’autres oeuvres sont plus marquantes, comme Platée. L’extrait visible ci-dessous de cet opéra bouffe fait l’unanimité chez les internautes de tous pays.



La comparaison avec Lully et le succès de l’opéra italien jetèrent le nom de Rameau dans l’oubli jusqu’à ce que Debussy l’en sorte au début du XXème siècle. Depuis les années 2000, Rameau retrouve son éclat et son faste passés.

 

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19 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 24 mars 2009 10:07

    Ereur d’anachronisme à corriger s’il-vous-plaît : "polémique officielle orchestrée -si j’ose dire- par Lully."

    Version correcte "par les mânes de Lully", ce dernier étant mort bien avant !

    Merci


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 24 mars 2009 10:57

      Bel hommage, Taverne des Pouet,

      Jean Philippe ce Maitre, le génie à l’idée...

      ...et que Jean Philippe s’y mette et rame haut..


      • La Taverne des Poètes 24 mars 2009 13:33

        Ah Que ! Jean-Philippe connaissait pas le piano à queue : le clavecin seulement.


      • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 24 mars 2009 11:16

        à l’auteur

        "Autant le dire de suite, les oeuvres de Jean-Philippe [Rameau] comme de l’autre Jean-Philippe"...

        Je dois avouer mon inculture : Qui est "l’autre Jean-Philippe" ?


        • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 24 mars 2009 12:49

          à Philippe Renève & à l’auteur

          Si, effectivement, "l’autre Jean-Philippe" se trouve être "Smet", je ne vois aucune justification de sa mention dans un article sur Rameau.


        • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 24 mars 2009 12:53

          à Philippe Renève & à l’auteur

          Si, effectivement, "l’autre Jean-Philippe" se trouve être "Smet", je ne vois absolument aucune justification de la mention de Smet dans un article sur Rameau.



        • La Taverne des Poètes 24 mars 2009 14:07

          C’était façon de dire : il y a Jean-Philippe le grand et Jean-Philippe le petit. Le premier mérite d’être mieux connu.


        • La Taverne des Poètes 25 mars 2009 09:41

          Cela dit, pour la sonorité des mots, évoquer Smet dans un article sur Smetana eut été plus judicieux smiley D’autant que Smetana a chanté sa patrie et Johnny la fuit pour des raisons fiscales...


        • alceste 24 mars 2009 13:06

          "Rameauphile" depuis longtemps, j’ai plaisir à découvrir un article sur ce musicien qui n’a pas toujours été apprécié à sa juste valeur ; il en va de même pour bien d’autres artistes et pour bien d’autres oeuvres ( pas seulement musicales) du patrimoine français.


          • Lapa Lapa 24 mars 2009 15:53

            merci pour cet article !


            • 24 mars 2009 17:18

              Comme toujours Taverne, un excellent article qui fait honneur au site. Pleins d’encouragements pour la suite !


              • La Taverne des Poètes 25 mars 2009 09:37

                Ah ben non ! La suite je l’ai déjà traitée ! smiley


              • 25 mars 2009 12:23

                Comme quoi je m’y perd avec les listes d’articles ! smiley


              • La Taverne des Poètes 25 mars 2009 09:32

                "Sur le plan strictement théâtral le plus bel opéra de Rameau est à mon avis "Castor et Pollux" que vous ne mentionnez pas." Il est bien regrettable en effet que je ne mentionne pas votre avis dans mon article. J’aurais dû vous consulter avant...Et il est certain que j’aurais pris en compte votre position de gauchiste dans cet article culturel et que j’aurais pris des pincettes pour ne pas écorner l’intouchable Rousseau ! smiley

                Vous voyez, c’est à lire des réactions comme la vôtre que je me sens plus voltairien que rousseauiste...


              • La Taverne des Poètes 25 mars 2009 11:05

                Cela transpire à votre réaction un peu primaire sur Rousseau qu’on ose critiquer.

                Quant à la "résurrection de Rameau en France (qui) remonte aux années 70-80 et elle est liée à la renaissance générale de la musique baroque" : c’est ce que l’on a appelé la période des "baroqueux", ce n’était pas encore la vraie redécouverte de Rameau.


              • claude claude 25 mars 2009 00:28

                merci pour cet article, smiley

                je n’ai que peu écouté les oeuvres de rameau, le classant parmi les compositeurs poussiéreux et soporifiques. votre article me donne envie de le découvrir.

                petite remarque : les polémiques et les cabales sont l’oeuvre d’esprits mesquin, mais à chaque fois c’est le génie français qui s’en est trouvé renforcé : rappelez-vous la bataille d’hernani et celle plus lointaine, des anciens et des modernes...


                • La Taverne des Poètes 25 mars 2009 09:35

                  Claude, attention à la rameauphilie du printemps : d’abord ça fait des rameaux puis des bourgeons...


                • claude claude 25 mars 2009 14:18

                  bonjour taverne,

                  ce ne serait pas le contraire ? les bourgeons puis les rameaux ? allez donc voir dans votre jardin... smiley


                • grosdada 29 mars 2009 14:25

                  Très intéressant.
                  Un petit coup de culture générale dans ce monde de brutes.
                  Merci beaucoup.

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