Exposition Ramsès II, ou les splendeurs de l’Égypte antique
Depuis le 6 avril se tient à la Grande halle du parc de La Villette à Paris l’exposition RAMSES ET L’OR DES PHARAONS. Cet évènement culturel majeur prendra fin le 6 septembre. Il reste donc 11 semaines pour en savoir plus sur le plus puissant monarque de l’Égypte antique et pour découvrir la superbe collection de sculptures et d’objets qui a été réunie...
C’est un fait avéré : de nombreux Français sont fascinés par l’Égypte antique. D’où le succès de l’exposition consacrée à Ramsès II. Pour bien comprendre l’importance de l’évènement consacré à ce personnage, écoutons (dans un documentaire diffusé le mercredi 14 juin sur France 3) l’égyptologue Dominique Farout, professeur à l’École du Louvre et commissaire scientifique de l’exposition, questionné par Stéphane Bern sur la « grandeur » que l’on attribue à ce monarque si présent dans l’imaginaire de nos concitoyens : « Ramsès II est le plus grand des pharaons parce qu’il a le plus grand nombre d’enfants, le plus grand nombre d’épouses, le plus grand nombre de monuments, il fait la paix avec ses ennemis – une paix d’un demi-siècle, ce qui permet une richesse extraordinaire ! –, le plus long règne et la plus longue vie. » Et probablement un ego surdimensionné comme celui de quelques rois et empereurs qui ont marqué de leur empreinte la longue histoire de l’Humanité.
La pièce maîtresse de l’exposition est le sarcophage de Ramsès II. D’une finesse extraordinaire, celui-ci a été exécuté en bois de cèdre. Le pharaon y est représenté avec tous les attributs du pouvoir : sur la tête, le serpent cobra, protecteur du monarque ; au menton, la barbiche tressée, symbole d’immortalité spirituelle ; dans une main, le sceptre désignant le pharaon comme guide du peuple, dans l’autre, le fouet lui donnant le pouvoir de chasser les ennemis. La présence de ce sarcophage relève d’une forme de miracle : la tombe pillée et vandalisée à deux reprises dans les premiers siècles qui sont suivi la mort de Ramsès II, le cercueil du pharaon (et sa momie) a été caché par les prêtres d’Amon avec une quarantaine d’autres dans une grotte du site de Deir el-Bahari. C’est là qu’il sera découvert 2800 ans plus tard. Dommage qu’un jeu de miroir ne puisse permettre d’admirer ce chef-d’œuvre de face en position verticale tel qu’on le voit sur l’affiche de l’exposition.
Au total, on peut admirer 181 pièces dont plusieurs sont sorties d’Égypte pour la première fois. Toutes sont dignes d’intérêt à des titres divers. Mais plusieurs sont particulièrement remarquables. Outre le cercueil de Ramsès II décrit ci-dessus, c’est notamment le cas d’une statue en calcaire qui nous offre à voir le pharaon, les yeux fermés, porteur du némès, cette coiffe rayée emblématique des rois égyptiens, ou bien encore du sarcophage à tête d’Osiris de l’obscur pharaon Sheshonq II, du masque funéraire en or d’un général nommé Oudebaounded, et de l’impressionnant collier d’or et de gemmes de Psousennès 1er : d’un poids de 8,6 kilos, cet extraordinaire bijou est constitué de 5000 rondelles d’or assemblées sur 5 rangs et prolongé par des chaînettes porteuses de clochettes. On peut ajouter à ces œuvres le superbe masque en bois doré du pharaon Aménémopet ainsi que les bustes de deux fils de Ramsès II : son successeur, le pharaon Mérenptah, et le grand prêtre Khâemouaset.
66 ans de règne
Outre les sculptures, parures et autres objets exposés, un court film retrace sur un grand écran l’évènement fondateur de la gloire de Ramsès II : la célèbre bataille de Qadesh qui, en 1274 avant JC, a opposé les troupes du pharaon aux Hittites de Muwatalli II. Objectif du monarque égyptien : recouvrer des territoires (actuellement en Syrie) conquis par l’ennemi. Défaits dans un premier temps par les Hittites, les Égyptiens ont battu le rappel des forces disponibles à l’arrière et, au prix d’une marche forcée devenue légendaire, ont soudainement attaqué les troupes de Muwatalli, pourtant très largement supérieures en nombre, en lançant dans la mêlée une redoutable armada de chars. Cette initiative stratégique – une « première » dans l’histoire – s’est révélée décisive sur le sort de la bataille. Certes, les Égyptiens n’ont pas regagné les territoires perdus, mais ils ont humilié les Hittites, et Ramsès II a pu, dans tout le royaume, faire graver des stèles le présentant comme un vainqueur triomphal.
Rien de surprenant à cela : dès son accession au pouvoir à la suite de son père Séthi, Ramsès II a pris soin de se donner une stature de grand roi, possiblement avec l’ambition d’éclipser tous ses prédécesseurs dans la saga royale. À cet égard, nul doute que la construction de la nouvelle capitale Pi-Ramsès (la maison de Ramsès) s’inscrivait dans son projet. Et force est de constater qu’avec un règne de 66 ans achevé en 1213 avant JC, le vieillard de 91 ans qui s’est éteint cette année-là avait réussi son pari. Mais au fait, quel pouvait être le visage de cet homme ? La réponse est dans la salle où est exposé le sarcophage de Ramsès II : l’anthropologue britannique Caroline Wilkinson et la paléo-radiologue égyptienne Sahar Saleem ont, en s’appuyant sur les scanners de haute résolution de la momie du pharaon, et avec le concours d’experts de l’anatomie faciale, put reconstituer au terme de 3 mois de travail le visage du monarque 3235 ans après sa mort : lien.
Organisée par World Heritage Exhibitions, l’exposition RAMSES ET L’OR DES PHARAONS se présente sous la forme d’un parcours scénographié qui met en valeur les œuvres exposées, avec l’évidente intention de lui donner une dimension spectaculaire. L’objectif est atteint d’autant plus facilement que les pièces présentées sont fascinantes pour la majorité d’entre elles. Un bémol : l’affluence, la jauge ayant été manifestement calculée un peu trop large pour optimiser la rentabilité de l’évènement. Autre bémol : le prix. Fixé à 24 euros pour les adultes, et 20 euros pour les enfants de plus de 4 ans, il peut sembler élevé, même en tenant compte des énormes coûts engendrés par une telle organisation. Surtout si l’on choisit, moyennant 15 euros supplémentaires, d’y ajouter, dans une salle dédiée équipée de sièges et de casques, 8 minutes de plongée en réalité virtuelle au cœur des temples d’Abou Simbel et du somptueux caveau funéraire de la reine Néfertari, épouse favorite de Ramsès.
Salutations à tous et bonne visite à ceux qui iront voir l’exposition !
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