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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Fès : le rendez-vous des musiques sacrées du monde

Fès : le rendez-vous des musiques sacrées du monde

Du 6 au 15 juin se déroule dans la ville marocaine de Fès la quatorzième édition du Festival des musiques sacrées. Cette manifestation originale qui mêle musiques et dialogue interreligieux est largement soutenue par le ministère de la Culture et les grands médias français. Les places et les portes de la médina accueillent une cinquantaine de concerts de musiques du monde de belle qualité. 

Sous l’intitulé « Les Voies de la création », Fès fait coïncider l’anniversaire de ses 1 200 ans et une nouvelle édition de son Festival des musiques sacrées, une initiative rarissime dans le Maghreb, surtout par son ampleur (alors que se multiplient les festivals musicaux au Maroc). La « ville des lettres », dont l’université fut créée avant la Sorbonne, a toujours voulu être le centre culturel et spirituel du Maroc. Gardienne de l’héritage arabo-andalou, Fès incarne un esprit de rencontre et de tolérance. Selon le président du festival, Mohammed Kabbaj, le choix de Fès s’imposait naturellement pour des concerts de musiques sacrées du monde. Ces musiques sont également, pour le directeur artistique niçois Gérard Kurdjian, l’expression de l’âme des peuples et transmettent un message de paix et de vérité, comme il l’expliquait dans le livret du double CD paru en 2002 (Une âme pour la mondialisation, Le Chant du monde). Pour la directrice générale, Fatima Sadiqi : « au cœur même de nos sociétés en proie au doute, le festival de Fès continue à inciter à l’espoir ».

Un tel consensus œcuménique pourrait paraître naïf, mais, en réalité, les concerts de Fès sont un puissant appel à dépasser le communautarisme ravageur d’aujourd’hui, les replis identitaires qui surgissent partout. On sait que ce n’est pas un festival de musiques du monde qui changera le monde, mais celui-là se veut rassembleur, volontairement utopiste. Attractif pour le public européen, mais un peu cher pour les Marocains, Fès a fait des efforts ces dernières années pour développer des concerts gratuits (« Festival dans la ville ») qui constituent une sorte de « off » aux concerts en fin d’après-midi, aux soirées dans un cadre prestigieux et aux performances en comité restreint lors des « après ». La ville joue sur cette dimension du sacré qui lui permet de programmer des formations musulmanes de différentes traditions, des groupes chrétiens et juifs séfarades, mais aussi des musiciens et des chanteurs qui défendent les patrimoines bouddhistes, hindouistes, animistes.

Des invités prestigieux

Plus encore, Fès favorise les créations, les rencontres qui associent différentes approches dans une idée de dialogue. Ce fut le cas en 2005 du spectacle « Qawwali-flamenco  », un somptueux échange entre le soufisme pakistanais et le chant andalou de Duquende et de Miguel Poveda, expérimenté l’année précédente avec le guitariste Chicuelo dans le creuset du Festival des suds à Arles. Ce sera le cas cette année grâce à une rencontre entre Qawwali (encore Faiz Ali Faiz) et mélopées du Gospel (Sacred Sound Ensemble). Et une seconde « fusion », celle de l’ensemble syrien Al-Kindî avec les Munshid de la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas et le Chœur byzantin Tropos d’Athènes pour une œuvre exceptionnelle, un Stabat Mater Dolorosa, hommage chrétien et musulman à Marie.

D’autres artistes cette année valent le voyage : des compagnies de danse comme Belen Maya (flamenco gitan) ou l’ensemble balinais Panti Pusaka Budaya ; la cantatrice Jessye Norman et l’Orchestre lyrique régional Avignon Provence, Ghada Shbéïr (chants des églises chrétiennes d’Orient), Huong Thanh (chants sacrés du Vietnam), le quatuor Ysaÿe dans Les Sept Dernières Paroles du Christ de Haydn, Ismaël Lô… Ainsi que plusieurs confréries marocaines, une constante dans l’histoire du festival qui ne fait pas l’impasse du (très) local.

Rencontres de Fès

Depuis 2001, le festival de Fès est aussi un lieu de débats et de conférences autour des « convulsions » du monde actuel, des sujets aussi spirituels que séculiers sous le thème cette année des « interprètes du sacré, la sagesse et la folie des hommes ». Ces tables rondes des « Rencontres de Fès », un peu à la façon des Rencontres d’Averroès à Marseille pour citer un exemple méditerranéen, comptent parmi leurs invités des personnalités comme l’historien de l’art Hans Belting, l’écrivain Renaud Ego (un des fondateurs de la revue marseillaise La Pensée de Midi), Jean-Paul Guetny, ancien directeur du Monde des religions ou le philosophe Régis Debray.

Le Festival de Fès s’est imposé comme un événement majeur des musiques du monde sur les rives de la Méditerranée et un singulier espace pour la tolérance et la compréhension de l’autre, à travers les découvertes artistiques et intellectuelles. C’est aussi une autre façon de voir le Maroc…


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4 réactions à cet article    


  • iomej 3 juin 2008 14:09

    Je crains beaucoup que le Festival et les Fencontres de Fès, inventés portés à mâturité par Faouzi Skali, ne perdent en qualité et en profondeur depuis l’éviction de celui-ci. Pour animer un espace de débat de qualité comme l’étaient les Rencontres de Fès, il faut une vraie pointure intellectuelle. Pas sûr qu’un bon marketing, sur la lancée d’ailleurs de ce qui a été fait auparavant, suffise.


    • La Taverne des Poètes 3 juin 2008 16:07

      Quel Fès tival !

      Pour une fois qu’on parle de Fès sur Agoravox, enfin je veux dire...


      • La Taverne des Poètes 3 juin 2008 19:00

        Et le festival de fèce vous connaissez  ? à lire ici, si vous avez de l’humour

        Même Telerama s’y met ! mais où va-t-on ?

         

         

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