Festival de Deauville 2007 : présentation et programme
Les mois de juillet et août sont riches en festivals, l’occasion pour moi de vous présenter un festival de cinéma qui débutera fin août et dont la programmation commence à nous être dévoilée : le Festival du cinéma américain de Deauville qui fêtera cette année sa 33e édition.
Les Journées romantiques du Festival de Cabourg, ses mots bleus et ses instants fragiles, résonnent encore sur la promenade de Proust et dans ma mémoire de festivalière insatiable que la Normandie s’apprête déjà à accueillir un autre festival, celui qui a été créé par André Halimi et Lionel Chouchan, il y a 33 ans déjà : le Festival du cinéma américain de Deauville. Deauville, elle non plus jamais avare de recherches du temps perdu, teintée de mélancolie lumineuse, pourrait aussi célébrer le romantisme qu’elle symbolise d’ailleurs à de nombreux égards. A proximité des plages du débarquement et à quelques kilomètres du célèbre mémorial de Caen, le 21e arrondissement de Paris a pourtant et logiquement choisi le cinéma d’Outre-Atlantique, là où l’histoire de France est indissociable de celle des Etats-Unis.
Ce Festival du cinéma américain de Deauville, le premier auquel j’ai assisté, je le connais plus que bien, depuis ce jour de 1994 où je me retrouvai à Deauville, un jour de Festival du cinéma américain évidemment. Un beau jour de 1994... Hasards et coïncidences comme les affectionne un célèbre inconditionnel de Deauville dont une place, inaugurée l’an passé, porte enfin le nom. Hasards et coïncidences, comme je les affectionne aussi.
Depuis 1994, chaque année, début septembre, quoi qu’il arrive, la rentrée se déroule pour moi au Festival du cinéma américain de Deauville, de l’ouverture à la clôture. Rendez-vous délicieusement immuable. Malgré la tentation vénitienne. (La Mostra de Venise se déroule presque toujours en même temps que le Festival du cinéma américain de Deauville).
Deauville c’est Hollywood et Sundance à la fois, depuis l’instauration de la compétition de films indépendants en 1995. Ce sont les blockbusters et les films indépendants. Deauville, c’est un tapis rouge auquel sied mieux le noir et blanc nostalgique. Terre de contrastes et paradoxes. C’est Al Gore qui vient présenter son sidérant documentaire contre le réchauffement climatique et dire des "vérités qui dérangent". Ce sont aussi les films au dénouement desquels flotte glorieusement et insolemment la bannière étoilée. Deauville, c’est la discrétion et la tonitruance. C’est Cannes sans l’exubérance. C’est le luxe avec la convivialité. Ce sont les premiers balbutiements de jeunes cinéastes et la consécration de leurs aînés. C’est Kirk Douglas qui marche difficilement mais non moins majestueusement sur la scène du CID. C’est James Coburn et son flegme légendaire qui envoûtent le salon des Ambassadeurs. C’est Lauren Bacall qui vient accompagnée de Nicole Kidman. Le cinéma d’hier y côtoie celui d’aujourd’hui et l’un et l’autre s’enrichissent mutuellement. Deux époques se rencontrent, deux Amériques aussi. C’est ainsi Gus Van Sant qui vient présenter Gerry, la quintessence du film indépendant, non moins sublime. C’est aussi Sylvester Stallone qui vient présenter son dernier film. C’est un festival qui satisfait à la fois les amateurs de cinéma d’action et les cinéphiles les plus exigeants, les spectateurs et les "professionnels de la profession". Ce sont James Ellroy, Meryl Streep, Geena Rowlands ou tant d’autres qui stupéfient l’assistance lors de mémorables conférences de presse. C’est Cyd Charisse qui esquisse quelques pas de danse sur la scène du CID. Ce sont des soirées interminables à refaire le monde du cinéma sous les étoiles dans la villa Canal+-Orange-Cartier, selon les époques et les sponsors, et pas seulement les étoiles de la bannière. C’est Paul Haggis qui y gagne ses premiers galons de réalisateur en remportant le grand prix du festival avec Collision, qui sera ensuite couronné par les Oscars. Ce sont Steve Buscemi ou Charlie Kaufman qui y donnent de passionnantes leçons de cinéma. C’est Joel Grey qui entonne avec grâce quelques notes dans un CID silencieusement attentif. C’est le charismatique Al Pacino qui ne peut retenir ses larmes d’émotion. Ce sont les applaudissements effrénés pendant la projection de Tigre et Dragon d’Ang Lee. Ce sont Clint Eastwood, Tom Hanks, Morgan Freeman, Harrison Ford, Steven Spielberg, Sydney Pollack et tant d’autres prestigieux invités habitués des planches. C’est la présence d’un trio inoubliable et inégalable : Spielberg-Lucas-Coppola. Ce sont Tom Di Cillo, Jonathan Nossiter, Karyn Kusama, John Cameron Mitchell... qui ont vu leurs films présentés en compétition officielle, couronnés.
Ce sont les derniers feux de l’été, souvent les plus brillants et intenses, qui auréolent les planches d’une luminosité incomparable comme sortie d’un songe d’une nuit d’été. Des feux de couleurs bleu blanc rouge. Comme un film de Kieslowski. A Deauville, le cinéma américain se met en effet à l’heure européenne. Deauville, c’est ainsi aussi le prix Michel d’Ornano qui récompense le meilleur traitement de scénario de long métrage d’un jeune scénariste français. C’est encore le Panorama, et le Prix littéraire. Ce sont aussi les hommages qui ont amené à Deauville les plus grands noms du cinéma américain. C’étaient auparavant des courts métrages de grande qualité dont on peut regretter la disparition de la compétition il y a quelques années et dont nous espérons le retour pour cette édition 2007. Ce sont enfin et surtout tous ces souvenirs indicibles amoncelés qu’un édito ne pourrait retranscrire... Deauville ne ressemble à aucun autre festival.
Depuis, j’ai découvert beaucoup d’autres festivals de cinéma. Deauville reste celui qui me tient le plus à cœur. Plus qu’ailleurs (ma) vie et (mon) cinéma y sont indissociables. Plus qu’ailleurs, rires et mélancolie, présent, avenir et nostalgie s’enlacent dans un joyeux et revigorant tumulte.
J’espère donc vous faire partager cette passion, vous donner à votre tour envie d’arpenter nonchalamment et rêveusement les planches sur lesquelles s’égrènent les noms de tous ceux qui ont laissé une empreinte et un souvenir vivace dans la mémoire de ce festival, vous donner envie de vous laisser conquérir par un cinéma différent, vous donner envie de faire les Christophe Colomb du septième art, découvreurs de l’Amérique, d’une autre Amérique parfois, blessée et moins insolente, ou à défaut vous faire vivre ce festival comme si vous y étiez.
Premiers éléments du programmes du Festival 2007
Nous savons pour l’instant que cette 33e édition se déroulera du 31 août au 9 septembre.
Des changements sont d’ores et déjà annoncés pour cette 33e édition du Festival du cinéma américain.
L’un d’entre eux, plus implicite, pourrait être la désignation de son président, cette année André Téchiné qui, contrairement à d’autres, n’est en effet pas un habitué des planches et se fait rare dans les festivals de cinéma, une annonce donc prometteuse quant à la réussite de cette 33e édition.
Le festival rendra également hommage à Ida Lupino en son souvenir, ainsi qu’à Gus Van Sant et Sidney Lumet en leur présence avec notamment les projections de leurs derniers films.
La grande nouveauté de cette année, ce sont les "Nuits américaines".
Ainsi, si l’an passé, j’avais déploré l’absence de séances à 22 h 30 ou 23 h comme ce fut longtemps la coutume à Deauville, je ne peux que me réjouir de l’excellente initiative de cette année 2007 qui consistera à projeter des films 24 h/24 h pendant tout le festival et sans interruption ! Une expérience inédite dans un festival de cinéma, et c’est une excellente nouvelle que ce soit Deauville qui l’initie, un des rares festivals à si bien savoir allier cinéma d’hier et d’aujourd’hui, cinéma d’auteur et de divertissement pur (les deux n’étant d’ailleurs pas incompatibles même si cette alliance se raréfie malheureusement.)
Le partenariat avec la Cinémathèque française pour ces projections est plutôt de bon augure quant à la qualité des films sélectionnés. Westerns, comédies, films noirs, films fantastiques, films de gangsters... sont d’ores et déjà annoncés même si nous ignorons encore les détails de cette programmation dont je vous informerai bien entendu dès qu’elle sera communiquée.
Le cinéma d’aujourd’hui, et des films récents, comme Les Chansons d’amour de Christophe Honoré ou encore tous les courts métrages de « Chacun son cinéma » projetés pour les 60 ans du Festival de Cannes, des films foisonnant de références, l’ont récemment montré : le cinéma a besoin de mémoire, de réflexivité et de ses classiques pour écrire et poursuivre son Histoire, le cinéma d’aujourd’hui a besoin de celui d’hier, il s’en imprègne, pour s’en inspirer plus ou moins consciemment ou pour parfois mieux s’en départir mais en tout cas il l’intègre. C’est l’esprit d’une cinémathèque comme la Cinémathèque française et il est louable qu’un festival s’en fasse le relais... pour notre plus grand plaisir de cinéphiles.
Un pass spécial dédié à ces « Nuits américaines » au prix de 10 euros pour 10 jours sera donc créé pour l’occasion. Ces films seront vraisemblablement projetés au cinéma Morny où ont habituellement lieu les projections presse.
A Deauville, en 2007, les salles obscures seront illuminées 24 images par seconde 24 h/24 h, de quoi être réellement et plus que jamais « in the mood » for american cinema !
A Deauville, plus qu’ailleurs ma devise empruntée à Saint-Augustin s’applique : « Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion ». Egarez-vous dans cet ensorcelant labyrinthe cinématographique et plongez avec moi « in the mood for Deauville » !
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