Fishbach : la révélation de l’année
Victorieuse du prix des Inouïs du Printemps de Bourges en 2016, la jeune chanteuse a depuis pris son envol et rien ne semble l’arrêter : création aux Transmusicales de Rennes, lauréate du Fair, concerts souvent complets et premier album qui vient d’être désigné révélation de l’année par le Prix des Indés.
La musique indépendante représente 80% de la production musicale française. Le Prix des Indés a été créé en 2016 par des producteurs indépendants français souhaitant rassembler autour de valeurs communes propres à l’ensemble de la filière indépendante : diversité, dynamisme créatif, capacité à se réinventer hors des formats, des modes et des frontières, en développant des artistes et des projets à dimension internationale et à fort potentiel à l’export. Christine and the Queen, Camille, Jeanne Added, Fishbach, Vianney ou Georgio sont dans des maisons de disques indépendantes.
Jeune chanteuse de 26 ans, Fishbach vient de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Dans ses chansons elle impose un chant particulier qui fait penser aux années 80, à la fois surprenant et familier. Ses chansons se nourrissent de la vie des autres, parfois aussi de leurs mots. Ses textes parlent de rupture, de suicide mais aussi d’envol et d’espérance.
Invitée en avril dernier au Printemps de Bourges, Fishbach c’était prêtée au jeu des questions/réponses avant son concert en fin d’après-midi. Une fois n’est pas coutume, c’est dans un cadre plutôt agréable que la rencontre s’est passée :
"Il fait beau dehors, et il y a du soleil, si on allait s'assoir sur l'herbe au bord de la rivière ?" demande la chanteuse en arrivant dans la salle. C’est au bord de l’Auron, la rivière qui traverse la ville, que la rencontre se passe.
- Qu’est-ce que ça fait de revenir à Bourges après avoir été Inouïs l’an dernier ?
Je suis assez contente de revenir, ce n’est pas le même processus puisque l’année dernière c’était les Inouïs. Maintenant, on est dans le vrai festival, c’est chouette, on est dans un théâtre magnifique. On a fait les balances, on est prêts. J’ai mon groupe maintenant, avant j’étais toute seule.
- Ça change quoi de jouer en groupe ?
Ça change beaucoup de choses. Avant, j’avais des bandes enregistrées, des choses que j’avais déjà réfléchies et qui ne bougeaient pas. Là, tout peut se passer. Il peut se passer n’importe quoi avec eux et c’est bien, ça vit enfin. J’en avais envie depuis les Transmusicales, ça faisait un moment que j’étais toute seule. Seule, c’est bien, on est maître de son espace, et c’est assez unique, mais ça sert à quoi de vivre des moments aussi beaux si on ne peut pas les partager ?
- Est-ce que le prix des Inouïs t’a ouvert des portes ?
Le prix en tant que tel, non. Avec ce festival, on a une très belle exposition. On a fait une petite tournée de cinq jours en octobre 2016 en bus avec les autres groupes, c’était une expérience très particulière, aller à la rencontre du public qui venait voir des groupes de rap, et qui n’étaient pas intéressés par Fishbach, mais qui sont resté pour me voir, ça ouvre à d’autres gens et ils en parlent.
- Tu es plus programmée en radio (notamment sur France Inter) Est-ce que tu le ressens auprès de ton public ?
Oui, il y a plein d’endroits ou les gens chantent mes paroles, ça fait plaisir. Un mois après la sortie du disque, je chantais à Strasbourg, à Marseille ou à Bordeaux. On était à Bordeaux la semaine dernière, c’était hallucinant, recevoir cela des gens qui ont vraiment vécu le disque, les chansons, et qui le redécouvrent aussi sur scène. C’est assez fort émotionnellement, la musique n’est plus à toi, elle est à tout le monde, elle ne m’appartient plus.
- Que penses-tu de la nouvelle scène qui monte depuis quelques années ? (toi, Clara Vincent, Juliette Armanet, par exemple…)
C’est bien, ce sont surtout des amis, on a été réunis par des médias, des programmateurs. On est devenus amis parce que se sont des belles personnes, parce qu’on vit les mêmes choses, on s’inspire les uns des autres, avec chacun une identité très marquée, à une époque ou on dit qu’on ne peut rien réinventer, on n’a pas la prétention d’inventer des nouveaux styles, mais ce sont des gens qui ont une personnalité extrêmement affirmée, et des gens qui osent. Il y a dix ans, je n’aurais peut-être pas osé faire ce que je fais là. Ce sont des gens qui m’inspirent, j’écoute leur musique, je trouve ça génial, j’aime vraiment mes contemporains.
- Y a-t-il un retour aux années 80 ?
Le ‘revival’ des années 80 existe depuis le début des années 2000. Quand on dit vintage, ça veut dire vingt ans d’âge. On s’intéresse toujours à ce qui c’est passé avant, et en 2000, les années 90 c’était trop récent. C’est juste que le ‘revival’ des années 80 dure depuis 17 ans. … Je n’essaye pas d’être vintage, on utilise les mêmes outils que dans les années 80, donc on produit les mêmes sons, mais les idées sont nouvelles. Et peut-être que nous, inconsciemment, n’ayant pas vécu les années 80, quand on touche un synthé et qu’on cherche un son, on va aller chercher quelque chose qui plait à notre oreille, parce que depuis tout petit, c’est ancré dans notre cerveau.
Fishbach répond encore à quelques questions, puis met fin à la rencontre, l’heure du concert approchant.
En début de semaine, la chanteuse nous faisait découvrir un nouveau titre, un duo magnifique et inattendu : Ajmal Logha (adaptation en arabe de sa chanson un beau langage) accompagnée par Bachar Mar-Khalifé, chanteur, compositeur et multi-instrumentiste franco-libanais.
Fishbach - Ajmal Logha (Un beau langage) [audio], invité : Bachar Mar-Khalifé
Fishbach sera en concert le vendredi 27 octobre au Bataclan et en tournée jusqu’en décembre.
Vignette : Fishbach au prix des Indés. Photo SADAKA EDMOND/SIPA
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