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France-Algérie : « Mémoires partagées » de l’histoire coloniale à travers des films d’amateurs

« L’Archive en question », travail de collecte, d’échange et de réflexion autour de la mémoire cinématographique de l’histoire coloniale mené par l’association Cinémémoire, a proposé cette année à Marseille une « carte blanche » à la cinémathèque algérienne.

Cinéastes amateurs et professionnels, chercheurs, artistes, algériens et Français, ont ainsi participé, du 26 au 31 octobre, à une série de projections de films et de documentaires suivis de débats autour de différents thèmes liés à la colonisation et aux rapports franco-algériens

Des programmations qui « démontent les processus de création de l’histoire nationale, bousculent l’émergence des préjugés et culbutent les stéréotypes propres à un groupe ethnique, communautaire ou sexuel », explique-t-on.

Regard sur deux séquences d’un évènement qui a suscité un vif intérêt dans la cité phocéenne.

Auteur d’une thèse intitulée : le cinéma et la guerre d’Algérie, propagande à l’écran, 1945-1962, Sébastien Denis, maître de conférence à l’Université de Provence, est revenu sur « la représentation filmée des populations algériennes », nécessairement orientée pour «  transmettre aux populations excentrées un message qui légitime la présence française en Algérie ».

Dans ces films réalisés sur commande à des fins de « propagande très bien assumée », explique le chercheur, les représentations étaient « empreinte de dédain ». Le discours qui était mis en image « dévalorisait les populations ». On a souvent « des paysages désolés qui ont été revitalisés, des scènes pour dire, voila qui ils sont, comment ils vivent, pas vraiment foutus de travailler la terre…  ». L’image positive des populations « passe par la présence de harkis, d’anciens combattants, de membres de groupes d’autodéfense », décrit Sébastien Denis. Selon lui, il est toutefois difficile de connaître ce que fut l’efficacité de ces films, dont certains ont coûté très cher et qui n’étaient pas tous diffusés. « Les chiffres concernant les spectateurs, provenaient des ciné bus, mais leur usage restait politique », explique-t-il.

Historien, professeur d’études cinématographiques à l’Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle, Jean-Pierre Berlin-Maghit, s’est intéressé aux films de soldats durant la guerre d’Algérie. Des films « conçus comme des lettres » aux parents et aux proches, mais qui n’en constituent pas moins à ses yeux des « documents d’histoire car ils renvoient à une pratique sociale, apportent un point de vue, d’autant plus précieux que chaque soldat filme peu  ».

Le chercheur précise que ces films « ne disent rien sur les atrocités de la guerre, les stratégies de combats, mais la mort s’y infiltre parfois sous une forme ou sous une autre et ils rendent aussi compte du climat psychologique ».

Armés de caméras d’amateurs 8mm, ces soldats ont finalement produit « des histoires parallèles qui viennent compléter l’histoire officielle retracée par les services des armées », Mais quelle peut être la valeur de ces témoignages ? « Ce sont les questions que l’on posent à ces documents qui sont importantes. Il faut en fait se demander quelles images ces soldats ont-ils voulu nous donner », répond J-P Berlin-Maghit, dont la recherche en cours aborde justement l’analyse du contenu de ces films.

Le public, constitué d’algériens et de français, est venu nombreux durant toutes la semaine dans les quatre lieux de rencontres, d’expositions et de projections.

L’évènement "L’Archive en question" a proposé des « mémoires partagées » avec intelligence et de façon apaisée.

Comme un pied-de-nez à ceux qui applaudissaient durant cette même semaine la délibération du Conseil municipal de Marignane (Bouches-du-Rhône) autorisant l’érection d’une stèle en l’honneur de l’OAS.

www.mediaterranee.com


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2 réactions à cet article    


  • ARMINIUS ARMINIUS 6 novembre 2010 16:35

    Tout ce qui peut apporter témoignage sur cette époque sombre, même si cela doit froisser des susceptibilités, ne peut être que bon à prendre, d’autant que cette page d’histoire ne pourra être tournée qu’après avoir été lue. C’est un minimum que nous devons tant aux victimes innocentes de tous bords qu’ aux générations futures...


    • Chris du Fier Chris du Fier 6 novembre 2010 18:16

      Right or wrong, my country first.

      Tous les repentants gauchos qui ne souhaitent que l’ avilissement de la France devraient prendre note de cette devise anglaise que j’ ai fait mienne.

       

       

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Tahar-yazid


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