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Genèse d’un conte

 

Les ricochets sur l'eau

 

Il m'était venu l'envie d'aller faire un tour du côté des fontaines miraculeuses. Même si elles portent toutes le nom d'un bienheureux ou d'une sainte de l'église catholique, elles étaient connues des gaulois bien avant que l'on leur accole un nouveau patronyme issu du calendrier. S'il n'est pas toujours simple de démêler le vrai du faux, il apparaît clairement que bien souvent le Saint en question n'avait jamais trempé ses lèvres dans le précieux liquide.

Là n'est pas la question. J'avais le dessein de raconter une histoire avec une eau qui apporte du réconfort pour un mal sournois, histoire sans doute de rappeler que la médecine avait par le passé d'autres formes d'action qui ne nécessitait pas une industrie chimique. J'effectuais ainsi, au hasard des recherches quand je tombai sur une fontaine Saint Julien au bord de la rivière Loiret dont les explications indiquaient que le sus dit personnage était également patron des mariniers.

La chose, vous n’en doutez pas attira mon attention. Voilà un nouveau nom dans la liste déjà longue des assures célestes qu'invoquaient les gars qui vont sur l'eau. Je voulus en savoir plus d'autant que ce brave garçon disposait encore d'autres compétences, étant patron de seconde main pour les voyageurs et les chasseurs. Un petit palmarès qui méritait de changer de projet.

J'allais donc fouiller dans la légende dorée, un puits sans fond de menteries toutes plus invraisemblables les unes que les autres. L'imagination des pères de l'église étant en la matière parfaitement débridée et peu soucieuse de la vraisemblance. C'est alors que je tombai sur l'évocation d'une légende qui avait eu l'honneur d'être reprise par un grand auteur : Gustave Flaubert.

Il en avait même fait un conte qui n'avait jamais dû être conçu pour être raconté tant il était long, descriptif et alambiqué. Je renonçais même à le lire, lui reconnaissant ça va de soi des qualités littéraires auxquelles je ne pourrai jamais prétendre mais l'absence du rythme qui fait la spécificité des histoires à raconter oralement. J'en savais assez pour tailler ma propre route en prenant deux ou trois éléments aux uns et à l'autre.

Il ne restait plus qu'à trouver un port d'attache à ce fameux Julien, chasseur, voyageur, parricide et hospitalier. Comme vous le savez, j'ai la spécialité de tout ramener à la Loire, encore fallait-il que cela colle avec les éléments incontournables du récit. Il me fallait compter sur la chance et trouver un lieu-dit qui allait servir la petite idée qui me trottait dans la tête.

Un logiciel cartographique remplit parfaitement sa mission en me permettant de trouver l'oiseau rare, un lieu-dit évoquant un animal qui se chasse. Le tour était presque joué, ne manquait plus que de mettre en scène la situation initiale qui allait mettre en branle le récit, justifier un voyage, expliquer faussement un nom de village tout en apportant des éléments véridiques pour donner de la consistance à cette menterie.

L'anthropomorphisme est en ce domaine fort commode pour déclencher le processus, assurer un rebondissement et éventuellement apporter le point final. Il n'était plus qu'à laisser glisser les doigts sur le clavier et oubliez totalement la fontaine miraculeuse qui n'avait servi que de déclencheur à ce curieux processus. Gustave Flaubert ne m'en voudra sans doute pas, son conte n'a au demeurant strictement rien à voir avec le mien.

Pour rester dans les gens de lettres, je plaçai un épisode aux Vernelles, la résidence de Maurice Genevoix, sans doute pour me faire pardonner cette honteuse manière non de plagier ou paraphraser mais bel et bien de jouer les flibustiers, pilleur de grands écrivains, vulgaire falsificateur du réel. Voilà vous savez tout de cette étrange alchimie qui prévaut à la rédaction d'une nouvelle Bonimenterie. « Sous le pierré, le plagiat ! »

Confessionnallement mien.

 

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11 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 14:07

    Diantre, mais nous sommes tous des plâgieurs. Hugo ne fut-il pas inspiré de la table d’Emeraude : ESMERALDA, cueillant le sable de ses romans, n’ont pas de Rome mais des Romanichels. L’écriture automatique ne crée rien, elle redonne forme à de l’ancien pour le mettre au goût du jour. Le tout est de réussir la transition alchimique. Et c’est Dantesque...


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 14:08

      On vous pardonnera d’avoir péché (ou chassé) en eau trouble..


      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 14:31

        Aujourd’hui c’est la Saint Corneille et l’anniversaire Dante. Qui a connu Dante, Racine, Corneille la Fontaine et Notre dame de Paris Avant de bailler (conclure un bail : prêter un temps un lieu en location comme le fait la Pie voleuse ou le coucou).UN ARBRE qui a pris RACINE, a vu se poser des Corneilles, a résisté à l’hiver dantesque (les fumées d’un volcan islandais) de la révolution française. Planté au square Viviani : in ROBINIER ou faux Acacia (encore un copieur) pour la Fontaine. Qui jaillit vers le eau (haut) et pas le bas (Robinet). Intéressant : Ficiacées ou Fabaceas, dont la caractéristiques est de vivre en symbiose au niveau des racines. Tout écrivain vit en symbiose avec ses racines...l’important étant qu’elles soient de qualité...


        • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 14:59

          Il faut dire que depuis le fameux calendrier julien, on fit beaucoup de césariennes. Eliminant d’un coup de faux : la sainte Lucie (13 décembre) ou dix jours qui n’exista pas pas sous Grégoire. il fallait rattraper le retard de Juliens. (d’où allez chez Jules..). L’année 1582 sous Henry III (l’époque de Eunuques), les français de se coucher un 9 décembre (certain disent le 12, soit..) et de se réveiller un 20 décembre. il y a de quoi flipper. C’est pas le le 29 février, c’est 10 anniversaires qui passent à la trappe, si je puis dire.. Pauvre Thérèse d’Avila. Et les amoureux des astres de perdre la boussole. il y eut bien le schisme entre catholiques et orthodoxes (dont le débit de l’année correspond à l’Epiphanie) au 11ème siècle. Mais là, il fut franc..Tout cela me paraît un peu tiré par les cheveux de la tête à Matthieu. Une bonne sieste pour remettre le calendrier au calendes grecques. QLQ chose m’échappe : Grégoire impose son calendrier et pourtant les dix jours perdus s’y trouvent toujours...


          • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 15:03

            On ne peut même pas dire que Grégoire de Tours et Le Pape Grégoire étaient de mèche..


            • juluch juluch 14 septembre 2021 15:10

              Il y a du plagiat un peu partout : littérature, cinéma, peinture etc.....c’est un recommencement comme la mode.

              On s’inspire d’un fait, d’un lieu, d’une histoire, d’un fait divers pour faire un roman, un conte...


              • C'est Nabum C’est Nabum 14 septembre 2021 18:29

                @juluch

                je me moque de moi

                en fait j’agis comme les autres


              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 14 septembre 2021 15:11

                En plus Grégoire de Tours de résider à la basilique Saint Julien. Et la boucle est bouclée. si je puis dire. Bonne fête au Grégoire. et du 29 janvier, Julien est passé au 2 aout. La faute à Eymard. qui c’est celui, là. quelle drôle de tête il a.. ?..


                • C'est Nabum C’est Nabum 14 septembre 2021 18:29

                  @Mélusine ou la Robe de Saphir.

                  merci


                • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 17 septembre 2021 09:35

                  Heureuse de savoir que cette chanson est sortie le jour de mon anniversaire : Comme toujours, bloquée par DUGUE. IL ne s’agira plus de s’indigner de Stéphane Hessel, mais de RESISTER. NOUS SOMMES EN GUERRE : https://www.youtube.com/watch?v=SyBEMRyt6Qg

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