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Gertrud

Gertrud de Hjalmar Söderberg (1869-1941) traduction de Jean Jourdheuil et Terje Sinding, mise en scène Jean-Pierre Baro avec Jacques Allaire, Cécile Coustillac, Elios Noël, Tonin Palazzotto, Michèle Simonnet au Montfort Théâtre jusqu’au 13 décembre, puis tournée (Pau, Saint-Brieuc…etc.)

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Le personnage Gertrud est un grand personnage de théâtre. Gertrud a quelque chose de Nora à la fin ou à la suite de La maison de poupée. Lulu aussi peut-être… Gertrud à la richesse psychologique luxuriante, foisonnante, tient une ligne ferme : aller vers ce qu’elle veut, et ne pas calculer son désir dans les formes sociales déjà admises et les chemins déjà dessinés.

C’est ce que font les trois hommes qu’elle aime et qui l’entourent : son mari, avocat en passe de devenir ministre ; un écrivain mi-comblé mi-frustré, indécis, qui ne sait pas trop ce qu’il cherche, qui ne sait pas trop ce qui ne va pas dans ce qu’il a, alors que ce qu’il a semble si enviable ; un pianiste compositeur, cigale fêtarde, insouciante en apparence peut-être en devenir, peut-être assez conscient de son vide. Il est son « préféré », ce pianiste tout dans l’instant présent, celui qui lui ressemble le plus a priori, la relation ne durera pas cependant, sera impossible aussi.

Le texte est magnifique, qui porte cette lutte d’une femme pour que son « être au monde » soit bien conforme à ce qu’elle est vraiment et ne soit pas pollué, dévié vers les places prévues dans l’organisation sociale. Cela aboutirait à une trahison de cet idéal : être ce qu’on est vraiment.

Si on sait oublier ce que l’on croit savoir de La chèvre de Monsieur Seguin, et qu’on apprend à l’école, à savoir que c’est un texte pour enfants… on peut voir que Gertrud et Blanquette sont le même personnage, qui choisit la liberté là où tous les autres choisissent le « bonheur », la tranquillité, la paix, le conformisme. Et ce choix conduit à la mort.

Jean-Pierre Baro a choisi de ne pas montrer l’époque, ni le caractère bourgeois de ces personnages. Il a choisi une scénographie métonymique, où des éléments de mobilier figurent le lieu. L’espace change, il change de taille, il change de profondeur. Une partie du décor est mouvante, il y a une belle surprise scénique sur les parois verticales qu’il vaut mieux ne pas dire et qui amène deux techniciens à agir à vue et à venir saluer à la fin, ce qui est justice…

Gertrud est habitée par Cécile Coustillac de façon admirable, inspirée, qui en épouse tous les méandres. Elle en est une incarnation d’une sensualité à fleur de peau, forte et fragile. Elle parle, argumente, chante, crie, rit, pleure, cherche les baisers et les étreintes ou les fuit.

Les acteurs sont excellents, mais dans une position plus chorale ; et puis, comme disait Godard à propos de cinéma, il s’agit de faire faire de jolies choses à de jolies femmes.

C’est une pièce moins sur l’amour, telle qu’elle parait être, que sur le lien qui nous unit les uns aux autres, le lien social et la difficulté extrême à se maintenir, soi, dans ces contraintes multiples. Les hommes ici ont clairement choisi la reconnaissance sociale, Gertrud la vérité d’elle-même : elle a été cantatrice avant le commencement de la pièce, elle s’est mariée, elle n’a pas été complètement absente à cette commande sociale, elle la connaît, elle l’a pratiquée, elle n’en veut plus… Nora à la fin de la Maison de poupée

Jean-Pierre Baro nous offre un moment de théâtre paradoxal, quand elle joue du piano avec lui, tous deux de dos, plutôt vers le fond de la scène, loin du public.

La Gertrud de l’Extime Compagnie présente une mise en scène et un jeu exact, précis, juste par rapport au texte, mise en œuvre du texte comme d’une partition, avec notre modernité, avec ce qu’il faut d’inventions et de surprises, de ruptures…

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1 réactions à cet article    


  • Le Corbeau Magnifique Le Corbeau Magnifique 10 décembre 2014 20:33

    Plus ennuyeux, tu meurs (j’ai fait un effort pour être poli) !

    La Qulture avec un grand « Q », suffisante ! Celle qui pense que du moment qu’on est emm... on est intelligent !

    Non, pas d’accord !

    La culture, la vraie elle doit être intéressante et accessible à tous !

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