Glorious, un retour et un défi
Les pionniers du rock chrétien francophone reprennent leur tournée en mars, après une interruption due à l’hospitalisation d’un des membres du groupe - il est sur pied désormais. Une troisième tournée, donc, pour promouvoir leur nouvel album, Des Ombres et des Lumières. Retour sur les hauts et les bas d’un groupe-phénomène qu’on disait sur le déclin...
Certains les avaient crus morts et enterrés. Certains les avaient voués au destin éphémère des boys-bands des années 1990 - ne disait-on pas d’eux, en effet, qu’ils étaient le « premier boys-band catho » ? Volatilisés, les Glorious ? C’était compter sans la ténacité et le panache de ces trois frères qu’un dernier larron, le batteur Jean Prat, a rejoints l’année dernière. Trois plus un : les voilà donc de moins en moins boys-band, et de plus en plus mousquetaires. Entendons-nous bien : des mousquetaires relookés par John Galliano et familiers des rythmes de Radiohead et Kyo plus que des vêpres gasconnes.
C’était aussi compter sans une donnée fondamentale, dont seuls les fans des premières heures savent la valeur : Glorious est avant tout un groupe de scène. Osons le mot : ce sont des bêtes de scène - et Thomas Pouzin, le petit dernier, le chanteur et principal compositeur, est roi de cette virtuose ménagerie. Certains se souviennent de la première apparition publique du groupe, qui n’avait pas encore sorti d’album. C’était en août 2002 pendant le Forum des jeunes de la communauté de l’Emmanuel, à Paray-le-Monial. A l’heure du déjeuner. Les programmateurs, sceptiques, leur avaient attribué ce trou qu’il fallait bien boucher. Ce fut un triomphe. Desservis par une logistique approximative, ils avaient pallié les carences techniques par une présence scénique d’autant plus éblouissante que tout - allure, sons, paroles, gestes - était nouveau aux yeux des trois mille jeunes catholiques présents. Narguant les grincheux à cheval sur les horaires, ils avaient joué leur rappel depuis les coulisses, invisibles mais bien audibles. Culot, ambition, amour du public : la Glorious touch était née.
La tournée que Aurélien, Benjamin, Thomas et Jean viennent d’entreprendre pour promouvoir leur nouvel album marque le retour du groupe, après deux années difficiles : critiques du sérail bien-pensant, surmédiatisation pas toujours bien contrôlée, déboires financiers liés à l’échec d’une deuxième tournée trop ambitieuse, relations difficiles avec certains partenaires... Deux années d’humiliations, et donc, comme dirait le curé d’Ars, deux années de croissance dans l’humilité. Quand il fut acquis que l’aventure Glorious continuerait, les trois frères et leur nouveau comparse étaient attendus au tournant. Avant l’été, la rumeur a même couru qu’ils avaient carrément vendu leur âme au diable. Pensez donc : désormais soutenus par la multinationale EMI, ils ont été coachés par le prestigieux arrangeur Steve Prestage et ont enregistré certains morceaux de leur nouvel album à Londres - un album qui ne compterait, disait-on il y a quelques semaines encore, aucune chanson explicitement chrétienne.
Puis vint octobre, et une double surprise. La première : un album d’une incroyable maturité musicale, avec des paroles simples, certes, mais sans prétention intellectuelle ou théologique, accessibles à la fan base de Glorious, c’est-à-dire aux adolescents. La deuxième : une tournée avec un spectacle extraordinaire. Une véritable surprise de qualité musicale, d’originalité dans la mise en scène, de profondeur spirituelle. Une fête du rock - le professionnalisme Glorious ne se dément pas. Une fête de la foi - la traversée du désert a laissé des traces de sobriété sans rien entamer de l’ardeur évangélisatrice. Une fête de l’humour, et même de l’autodérision, pour clore le bec de ceux qui croyaient les chevilles des Glorious incapables de dégonfler - à travers un intermède théâtral dont nous réservons la surprise aux lecteurs, et qui est à mourir de rire.
Ils sont bien vivants, et au grand air, les Glorious. Les prophètes du feu de paille ont été démentis. Finalement, l’élément qu’ils avaient oublié ou feint d’ignorer, au moment d’émettre leur jugement définitif, est ce qui constitue le cœur même de l’aventure Glorious : l’appel de Dieu à être, selon leurs talents et avec leurs faiblesses, des signes catholiques de l’invincibilité de l’Eglise.
Matthieu Grimpret
Cf : www.glorious.fr pour les dates de la tournée et toutes les infos.
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