Gustave Flaubert, l’artisan de la fureur d’écrire
Gustave Flaubert est un écrivain français, né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à l'âge de 58 ans à Croisset, le 8 mai 1880.
C'est donc le 12 décembre, le bicentenaire depuis sa naissance.
Considéré, avec Victor Hugo, Stendhal, Balzac et Zola, comme l'un des plus grands romanciers français du xixe siècle, Flaubert, en prosateur, se distingue par sa conception du métier d’écrivain et la modernité de sa poétique romanesque.
Il a marqué la littérature universelle par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société qui se retrouve dans la force de son style révélée dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L'Éducation sentimentale (1869) ou le recueil de nouvelles Trois Contes (1877).
Le 7 décembre, France3 présentait son "Secret d'histoire" d'une manière classique avec le titre "Flaubert, la fureur d'écrire".
Le 9 décembre, France5 se met sur les traces de Flaubert dans une véritable enquête biographique et psychologiques en compagnie d'écrivains, d'historiens.

La jeunesse de Gustave Flaubert est considérée erronément comme un temps de l'insouciance.
Il n'en est rien, elle est vécue plutôt comme un drame.
Un drame qui le marque pendant toute sa vie d'écrivain.
En 1959, si l'historien Henri Gullemin présente Flaubert avec un parfum de mystère, caché pour brouiller les pistes, il décrit l'adolescence de Flaubert avec une vie intérieure perturbée qui en fait un personnage difficile.
"Je suis né dans un hôpital et j'y ai vécu un quart de siècle. Nous tournions entre la folie et le suicide" écrit Flaubert en parlant de son adolescence "tragique" à la recherche d'un sens particulier qu'il veut donner à sa vie.
Une question le perturbe : A quoi sert la vie puisqu'elle commence à la naissance et finit par la mort ?
Entre un père, agnostique, chirurgien-chef à l'Hôtel-Dieu de Rouen, toujours occupé par son métier, une mère austère, croyante et très aristocratique et une sœur avec qui il partage quelques confidences, il vit dans une microcosme où il apprend très vite ce qu'est la mort avec les cadavres disséqués et allongés. La salle à manger est séparée par une porte avec la salle de malades où les gens meurent comme des mouches dans une période pendant laquelle sévit le choléra.
Il se retrouve déjà dans une sauvagerie solitaire, face à une société d'enfants souvent harceleurs et aux adultes contraints par des conventions.
"Rien n'est beau que le vrai et de vouer sa vie à son inutilité".
Une jeunesse avec des liaisons d'amitiés fidèles et intransigeantes comme Alfred Le Poittevain, avec qui il jurent ensembles de ne jamais se marier. Il échange d'abondantes correspondances. Il se révèle auteur précoce d'un chef d'œuvre avec "Les Mémoires d'un fou" qu'il écrit à l'âge de 17 ans.
En 1837, il publie "Le Colibri" dans un journal local, mais rien de spectaculaire à ses yeux.
En 1839, après une accusation d'avoir fomenté en cours de philosophie au collège, il part à Paris pour suivre des cours de droit, où il rencontre Maxime Du Camp,
Il admire les vies fascinantes de Néron et des empereurs mégalomanes.
En 1844, il révèle à son père sa volonté de devenir écrivain. Une volonté devenue une question de vie ou de mort alors que son père pense le mener identique à son frère aîné. Il n'a aucune ambition de devenir bourgeois comme son père. Une maladie nerveuse épileptique va le lui permettre en le rend incompatible avec le métier de bourgeois.
Avec une stature de géant de 1.85m, un charme qu'il ignore, il plait aux jeunes filles mais elles ne l'intéressent pas vraiment.
Ce sont les femmes mûres qui l'attirent.
Un premier grand amour se produit pourtant à 14 ans avec Elisa Schlésinger qu'il rencontre à Trouville, qui a près du double de son âge, qui est mariée et a déjà un enfant. Cet amour est peut-être le seul qui ait eu une importance mais pour lui cette aventure amoureuse est sans lendemain. Il demeure un amoureux discret des femmes dans une passion platonique.
Libertaire, il veut vivre sans attaches jusqu'à la fin de sa vie.
La mort de son père et de celle de sa sœur renforcent ses idées sur la mort ;
Féministe avant l'heure en fréquentant les femmes, il comprend leur désarroi, cloitrées au foyer et entretient de nombreuses autres liaisons avec des femmes d'âges mûrs ou avec les prostitués dans les bordels de Paris qui pour lui sont là pour son plaisir charnel. Il comprend l'hypocrisie de son époque reflétée par la pudibonderie permise seulement aux hommes pour leur propre plaisir dans les maisons closes.
Sa seule relation durable se construit avec la poétesse Louise Colet de 11 ans son aînée. Tour à tour, son père meurt en 1846 et il perd sa sœur, Caroline, qui est sa confidente.
Sa maturité se déroule dans sa maison à Croisset sur les bords de la Seine dans laquelle il nage comme seul plaisir dans un "s'ours free" asocial.
En 1849, il se sent végéter en tant qu'écrivain. Pour réussir, méticuleux et solitaire, il s'attèle en bourreau du travail à la recherche de la phrase parfaite sur sa table de travail en orfèvre de l'écriture avec une plume d'oie et un encrier en forme de crapaud comme outils de travail. Il répète ce qu'il écrit, le lit à haute voix pour y trouver la pureté du son, nécessaire au texte dans un exercice qu'il nomme "le gueuloir" dans le silence de la nuit. Ermite, perfectionniste, éternel insatisfait, à la recherche de la précision des mots, il y écrit beaucoup mais publie relativement peu si ce n'est pas réaliste et moderniste. Dans les archives, on retrouve ses écrits de multiples fois réécrits avec des milliers de pages raturées et non publiées
Il a la mauvaise idée de publier "La Tentation de Saint Antoine" correspondant au tableau de Brueghel que son ami Maxime De Camp ne trouve pas bon.
Une escapade en Bretagne lui apporte une parenthèses de plaisirs partagée avec.
En 1849, une passion secrète pour l'Orient éclate soudain dans le temps de l'aventure schizophrénique.
Il part avec Maxime De Camp dans un périple de 19 mois de l'Egypte, à la Grèce, par la Palestine, la Syrie, le Liban, l'Asie mineure et Constantinople. Aventures dans lesquelles les plaisirs sexuels interdits le dévergondent dans les bains turcs entre libertinage et sensibilité. Il contracte évidemment une syphilis dont il se fout de la transmission potentielle à d'autres.
Retour par la Grèce et l'Italie. "Adieu, mosquées, femmes voilées, bons Turcs dans les cafés, palmiers, dromadaires... jeunesse et gaieté.".
D'arrache pied, dans un style obsessionnel, pendant cinq ans, il écrit son roman majeur, "Madame Bovary" est publié en 1862 alors qu'il a déjà 36 ans. Bovary, c'est lui et il y transpose sa vie d'homme en femme dans un amour déçu dans une érection de textes.
"Madame Bovary" change tout dans sa vie.
Alors que son livre se veut libératoire pour les femmes, il génère un scandale et un procès pour "outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs" .
Il est acquitté avec un blâme qu'il conservera en secret tout sa vie mais c'est son plus grand succès.
Le bovarysme est né. Flaubert devient célèbre du jour au lendemain.
Sa fascination orientale renaît et se complète de recherches de documentations à partir de sources disponibles pour écrire son deuxième livre majeur "Salammbô" dont l'histoire se déroule au iiie siècle AC. lors de la guerre des Mercenaires.
La trame réside par le fait que des mercenaires barbares employés pendant la première guerre punique, sont furieux de ne pas avoir reçu la solde convenue et se révoltent contre la ville de Carthage. Flaubert y ajoute un exotisme sensuel et violent. C'est à Croisset qu'il s'installe dans sa solitude en entretenant un amour épistolaire à distance sa maîtresse, Louise Colet, laissée à Paris qu'elle lui reproche amèrement.
La seule femme qu'il respecte jusqu'à la mort, c'est sa mère.
Vu son succès, il fréquente des cercles de causeries mondaines organisées par des courtisanes souvent dans l'environnement de la Princesse Mathilde Bonaparte.
Son rapprochement avec Georges Sand qui d'un style masculinisé, correspond avec une homosexualité qui demeure caché profondément en lui.
George Sand écrit beaucoup plus rapidement que lui et lui envoie une lettre laudative : "L'écriture de ce roman épique et poétique sert de prétexte à Flaubert pour développer sa vision d'un Orient violent et exotique. Oui, j'aime Salammbo parce que j'aime les tentatives d'un écrivain qui n'est pas forcé par les circonstances à produire son activité sans relâche, met des années à faire une étude approfondie d'un sujet difficile et le mène à bien sans se demander si le succès couronnera ses efforts. Rien n'est moins fait pour caresser les habitudes d'esprit des gens du monde, des gens superficiels, des gens pressés, des insouciants en un mot, c'est à dire de la majorité des lecteurs, que le sujet de Salammbo. L'homme qui a conçu et achevé la chose, a toutes les aspirations et toutes les ferveurs d'un grand artiste. En a-t-il la puissance ? Oui, je trouve. Je ne fais pas le métier de juge, mais j'ai le droit de le trouver. Et je dis 'oui', cela est étrange et magnifique. C'est plein de ténèbres et d'éclats. Ce n'est pas le genre et sous l'influence de personne. Cela n'appartient à aucune école, quoique ce que vous en disiez. C'est marqué d'un cachet bien déterminé et cela entre dans une manière qui est toute une personnalité d'une étonnante énergie. Je sens donc là, une œuvre complètement originale. Et là où elle me surprend et me choque, je ne me reconnais pas le droit de blâmer.".
Guy de Maupassant devient son élève et Flaubert lui apporte son soutien.
Mais Flaubert atteint son apogée. La faillite le guette. Il ne parvient à surmonter cette crise qu'en vendant sa maison à Rouanet des séquelles de sa syphilis reviennent que les faux médicaments n'arrangent pas.
A Concarneau, il écrit "Un cœur simple" qui relate la vie de Félicité, la domestique, bonne à tout faire dans le ménage qui ne connait rien d'autre, dans la vie dans un récit gauchisant mêlé de compassion stylisée.
"L'éducation sentimentale" apporte une sorte d'éducation sentimentale qui lui manque correspondant aux souvenirs idéalisés de son premier amour tout comme dans son livre "Trois contes".
Dans la cinquantaine, une dépression bipolaire le tenaille.
Il reprend son mystérieux "Bouvard et Pécuchet", sensé être une raillerie sur la vanité de ses contemporains en reflet de la bêtise humaine mais il ne l'achève pas. A 58 ans, il meurt victime d'une hémorragie cérébrale.
S'en suit un enterrement bizarre en présence de Emile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt et Guy de Maupassant.
Sous sa tombe, sa stature imposante ne parvient pas à s'y glisser.
"La vérité est que Flaubert est inconnu des quatre cinquièmes de Rouen et détesté par l'autre cinquième", écrit Zola.
Difficile de définir en une phrase par ses qualités, ses défauts, ses réussites, ses échecs, ses obsessions, ses travers, sa vie, sa famille, les endroits où il a vécu, sa mort, sa postérité et son œuvre en version "pop".
Cette phrase le traduit : "On retient de Gustave Flaubert, sa puissance de travail exceptionnelle, son génie des mots et de la description, un homme qui a marqué sa région, sa patrie et son époque, qui a passé son existence à raconter la vie des autres de la manière la plus réaliste, la plus fine possible tandis qu'il passait à côté de la sienne".
-------------------------
Réflexions du Miroir
Flaubert a surtout été un homme introverti pendant tout sa vie.
Il en a qui le sont encore du début à la fin de vie.
Sa vie me rappelle mais débuts et le billet "Comment je suis devenu extraverti".
Un extraverti est un éternel optimiste progressiste avec une vie intérieure en alternance l'égocentrisme et l'altruisme.
Son positivisme est probablement une vacuité générée par un recul sur soi et l'envie de bien vivre avec la philosophie et le rire qu'apporte l'humour en parallèle avec des crises qui n'en finissent jamais dans la tête des autres qui voient un paradis imaginaire au bout du chemin.
Pas un jours sans une manifestation à Bruxelles.
La grogne est mêlée à un mal-être constant qui passe de revendication en revendication sans remonter aux sources.
Cette situation rappelle le drame de la jeunesse et l'amour exclusif que Flaubert manifestait envers sa mère.
Le héros de la mythologie grecque, Œdipe, est principalement connu pour avoir résolu l'énigme du sphinx qui avait fantasmé Flaubert au Caire. Œdipe s'est ainsi rendu involontairement coupable de parricide et d'inceste.
La "Femme Celte" décrite par Jean Markale, était privilégiée par rapport à la femme germanique ou méditerranéenne. La Gauloise, la Bretonne et l'Irlandaise ont joué parfois un rôle très important dans la société celtique à tendance gynécocratique dans une conception idéale fort surprenante de la Femme.
Elle s'est réveillée par l'intermédiaire de la sorcière qu'il fallait brûler avant qu'elle n'infeste toute la société régie par les rites chrétiens et musulmans.
Macron est l'exemple type du positiviste jésuite qui, avec sa pensée créée à l'ENA, peut parler de tout, mais sans intégrer ce qui est inné en lui et qu'il efface allègrement dans le processus de sa présidence.
Aujourd'hui, le livre "Madame Bovary" est probablement encore dans le programme du cours de français comme modèle à suivre dans l'écriture contemporaine en suivant l'analyse et la modernité des mots.
Le bovarisme existe encore au 21ème siècle à la recherche d'un idéal inaccessible, d'un autre destin plus satisfaisant surtout chez les femmes..
Le désaccord conjugal est un phénomène universel qui menace la convivialité familiale. Nombreux sont les couples qui n’arrivent pas à atteindre la paix après leur mariage ajouté aux enfants qui sont acteurs à leurs dépends, avec le résultat d'une rupture inévitable de leur union. Rien d’étonnant à ce que le taux de divorces et du taux de meurtres soient en augmentation. Quand les jeunes prétendants au mariage se précipitent dans une union sans la moindre idée de l’intrique qui les attend, cela craint Alors, on se marie moins et la fidélité s'étiole très vite.
Le dernier Paris Match révèle d'après une enquête que le moral des femmes belges est au plus bas en devenant, filles mères, solitaires, dans des générations "sandwich" qui s'occupent en même temps des enfants et des parents. Le baromètre confiance serait encore plus bas qu'en France avec le stress, l'anxiété, les idées suicidaires appuyé par la crise sanitaire et la seule confiance en le retour à la famille personnelle comme refuge, envers et contre tout dans un nivellement vers le bas.
Le problème commence dès l'enfance pour les jeunes filles qui, dès la naissance ont une chambre rose et dès l'adolescence, vivent leur vie par procuration dans la lecture de livres à l'eau de rose.
Si les jeunes garçons lisent peut-être moins que les filles, ils lisent tout de même des livres de combats virtuels parfois violents avec des gagnants et des perdants.
Une différence du concept sexuel qui ne peut s'éliminer que par une éducation et un écolage mixte et unisexe pour effacer l'idée erronée que l'homme a plus d'intelligence et de connaissances que la femme qui n'a que l'arme de la séduction et l'amour comme armes de combat.
La différence de dossier entre le dernier magazine généraliste "Psychologies" et "Féminin Psycho" destinés aux femmes est explicite dans les techniques différentes de rapprochement pour comprendre les deux sexes.
Le premier dit de se vendre en restant soi en sachant se valoriser dans un engagement constant, persévérant, patient dans la résilience et la confiance. Le second continue à décrypter son idéal féminin pour comprendre ses vrais buts.
Raymond Queneau suggère que parmi les ouvrages qu'ils copieraient pourrait bien figurer le Dictionnaire des idées reçues.
La "Métaphore d'un scan entre l'analogie et le digital" n'est qu'un exemple d'extraction des réalités du monde alors que l'homme est foncièrement quantique.
Luc De Brabandère qui comme moi a fait partie du monde digital, exprimait à l'émission "Déclic" que la pensée liée à une logique de syllogismes est une question de positionnement entre Platon et Aristote.
Flaubert n'aurait probablement pas aimé l'époque actuelle, décrite sur Internet qui mit entre parenthèses l'exactitude des termes qu'il utilisait, au profit de tweets écrits par des mots sans précision, imprégnés de violence.
S'il l'avait été, ce serait sous le parapluie d'un pseudo. Il s'y serait rebêlé pour choquer avec, en plus, la liberté d'expression vénérée aujourd'hui.
La pudibonderie du 19ème siècle surnage encore entre deux eaux à notre époque dans laquelle le féminisme dépasse l'objectif initial d'égalité des sexes et se transforma par des déclarations d'harcèlements à la suite de paroles ou de gestes "inappropriés" que l'on rencontre dans le film "Scandale".
Les poils n'effraient pas les stars féminines mais cette transformation n'est pas encore arrivée chez la femme qui n'en est pas.
Peut-être qui sait, aurait-il pu avoir l'envie de devenir à la mode comme humoriste sarcastique puisque la vie humaine lui paraissait trop sérieuse et d'une bêtise infinie.
Allusion
...
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON