Harry Potter : la fin de l’attente, le début du mythe
A l’heure où la France trépide d’impatience en attendant la sortie du dernier tome en français des aventures du sorcier préféré des jeunes, moins jeunes, voire pas jeunes du tout ; à l’heure où les quotidiens et autres magazines dits « sérieux », nous livrent leur version d’un livre auquel finalement, ils ne semblent pas avoir compris grand-chose (confondant les personnages, écorchant les noms de sorts et autres objets magiques...), je m’apprête à tenter de donner un avis sur les dernières péripéties d’Harry, Ron et Hermione qui ne fasse pas hésiter les connaisseurs entre exaspération et sourire de mépris.
Porté par le désir de connaître ce qu’il finira par advenir d’Harry et de celui qui a juré sa destruction, Lord Voldemort, le lecteur dévore les pages avec avidité. C’est que dans ce dernier tome se trouve enfin la réponse à toutes les questions disséminées négligemment par l’auteure au gré de ses romans, comme autant d’énigmes mystérieuses attisant l’extrême curiosité d’un public conquis par le formidable univers magique qu’elle a su broder. Quel était le dessein qu’avait Dumbledore à propos d’Harry ? Qui est RAB ? Quel est son rôle dans l’histoire ? Où sont les autres horcruxes ? Pourquoi Dumbledore avait-il une confiance si aveugle en Severus Rogue ? Qui va tomber durant cette dernière bataille ? Certains personnages vont-ils changer d’allégeance ? Et bien sûr : « Y a-t-il un moyen pour Harry de survivre à Voldemort ? » Toutes ces questions trouvent enfin leur réponse. Le tome 7 est le livre de la délivrance, l’heure où tous les mystères seront défaits, ce qui suffit à justifier une trame émérite sans plus d’explications. C’est la dernière pièce du puzzle, celle qui, peu importe sa forme, offre une satisfaction sans pareil, celle de détenir toutes les clés.
Au-delà de la superbe intrinsèque de ce roman final, on y retrouve les longueurs qui avaient déjà miné les deux volumes précédents : Harry Potter et le prince de sang mêlé et Harry Potter et l’ordre du phénix, à savoir une histoire qui patauge dans ce qui apparaît comme une foule de détails sans intérêt pour l’intrigue principale. Le monde tissé par J.K. Rowling est devenu si riche et si complexe que l’on peut passer énormément de temps à boire le thé avec les sorciers, à discuter d’un mariage ou d’un business magique ou encore à lire la sombre actualité dans la gazette du sorcier sans voir les choses avancer pour autant. Parallèlement, l’auteure est passée maître dans l’art des petites scènes qui en disent peu, créant un climat d’attente lancinant. L’histoire démarre donc lentement. Harry, Ron et Hermione passent des heures à discuter. Et au début le lecteur avance comme eux, dans le flou total. Ceci donne l’impression d’être assommé de détails sans que rien ne se passe vraiment. Ce n’est que par la suite que l’on découvre le sens de tout cela. Soudain les événements se précipitent. La fin arrive, tout se croise et s’entrecroise à un rythme effréné, dans des entrelacs parfois si fins qu’on se sent presque perdu. Il arrivera au lecteur, enivré et déstabilisé par cette déferlante d’information, de poser le livre sur ses genoux en essayant de récapituler ce qu’il vient d’apprendre. C’est que la subtilité sera au cœur du verdict final, témoin du génie littéraire de l’auteure anglaise.
Harry Potter et les reliques de la mort vient chapeauter, en pièce maîtresse, la série des aventures épiques du jeune sorcier qui aura su transporter des millions de lecteurs dans le monde, faisant rêver l’enfant intérieur qui est en nous, injectant un peu de magie dans notre monde si terre à terre, incitant peut-être les plus rêveurs d’entre nous à voir un sorcier dans un vieil homme à l’allure excentrique ou à scruter avec attention les cabines téléphoniques londoniennes à la recherche d’un passage vers le ministère de la Magie. Avec Harry Potter, la magie est parmi nous et le restera encore certainement pendant de très longues années. Il semblerait en effet qu’Harry Potter soit bien parti pour rejoindre la liste de ces histoires à la valeur universelle qui traversent les âges sous le nom de mythe ou de contes de fées.
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