Hellfest 2007 : l’enfer et le paradis
Du 22 au 24 juin dernier a eu lieu à Clisson, près de Nantes, la seconde édition du plus grand festival métal de France, dans l’anonymat confondant des médias nationaux. Plus de 36.000 métalleux de toute l’Europe sont venus pendant trois jours vivre leur passion, dans la boue, la pluie, et toujours la bonne humeur.
Le Hellfest remplace depuis deux ans le défunt Furyfest, disparu suite à de graves soucis financiers malgré son indéniable réussite populaire. Après un redémarrage en douceur l’an dernier (environ 20.000 personnes étaient venues écouter Motorhead et consorts), le festival a franchi un cap important cette année : une affiche de rêve (Slayer, Machine Head, Megadeth, Immortal, Emperor, Dream Theater, Type O Negative, Within Temptation, Korn...), un public nombreux venu de toute l’Europe (on croisait beaucoup d’Espagnols, des Anglais, et même un Mexicain à la recherche d’une douche et d’une laverie...), une organisation renforcée misant sur l’écologie et le respect (toilettes sèches, bornes à verre partout, et une conso offerte pour trente gobelets ramassés !) et enfin une participation accrue des habitants de Clisson. De nombreuses animations autour du thème du métal ont eu lieu en ville pour faire se rencontrer population locale et headbangers : dédicace de BD, concerts humoristiques (mention spéciale aux Massacrors et à l’inénarrable Grumlee), expos...
Tout était réuni pour un immense succès, la fête de l’Enfer pouvait commencer... et c’est bien l’enfer qui s’est déchaîné.
Dès le jeudi soir, des trombes d’eau se sont déversées sur la région, noyant le site et le camping. Les festivaliers devaient alors trouver ailleurs une herbe plus verte pour planter leurs tentes. Le lendemain, conséquence des problèmes de camping, un embouteillage se développait autour de Clisson. Mais le pire restait à venir. Vers midi, un problème mécanique provoquait l’embrasement d’un groupe électrogène : la régie de la main stage était en rade, et le festival allait ouvrir ses portes...
Ben Barbaud, l’organisateur, commençait à envisager le pire. Mais c’est alors que le Hellfest a entrevu le paradis. Grâce au travail formidable de l’organisation, et au dévouement admirable des 470 bénévoles, le Hellfest pouvait enfin démarrer avec deux heures de retard. Le site était englué dans la boue, les rafales de pluie se succédaient, mais désormais plus rien ne pouvait empêcher le peuple noir de faire la fête avec des groupes donnant le meilleur d’eux-mêmes malgré les conditions météo, sauf un.
Car Korn n’a pas joué. La grande tête d’affiche, pour laquelle certains avaient parcouru des centaines de kilomètres, grillé un jour de congé, dépensé suffisamment d’argent pour manger des nouilles jusqu’à la fin de l’année, affronté les embouteillages, la boue, et la pluie, la grande tête d’affiche donc s’est dégonflée, quittant le site trois heures avant son passage vendredi soir, arguant de conditions météo inacceptables (il doit faire toujours 40 °C à l’ombre quand Korn joue) faisant courir des risques d’électrocution. Sauf que tous les autres groupes, eux, ont joué, le monstrueux Slayer donnant une véritable calotte à la bande de Jonathan Davis en assénant un set furieux, carré et massif juste avant le moment où leurs compatriotes auraient dû jouer. Slayer doit être insensible à l’électricité, ou ce groupe de légende a tout simplement un immense respect du public. Et que dire de Emperor, jouant dimanche soir après une véritable mini-tempête, sous une pluie battante, devant une foule « glacée, trempée, fatiguée » (dixit le chanteur d’Emperor : « I know you’re cold, you’re wet, you’re tired »)) mais qui trouvait encore les ressources pour headbanger en cadence avec les Norvégiens.
Débuté dans des conditions apocalyptiques qui ont failli l’anéantir, le Hellfest a donc réussi son pari : il est bien le plus grand événement métal de France, l’un des grands d’Europe, il a réussi à faire se rencontrer, partager et fraterniser le peuple métal et les habitants de Clisson, il a offert des moments d’exception qui resteront pour toujours gravés dans la mémoire des festivaliers. Un immense merci à Ben, aux bénévoles, aux groupes qui ont joué contre vents et ondées, à tous les métalleux, mes frères de Toulouse, Nantes, Strasbourg, et même du Mexique, à la ville de Clisson et ses habitants accueillants et sans préjugés. Un immense F*** up à la météo, à Korn et au type qui a vomi derrière ma tente. Hell Yeah !!!
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