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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Henri Cazalis - médecin et poète
#58 des Tendances

Henri Cazalis - médecin et poète

(Article issue du site www.poetik.fr dont je suis l'auteur)

 

Henri Cazalis menait une double vie. D'une part, il était un médecin reconnu, s'intéressant particulièrement à l'hygiène et à la santé publique. D'autre part, il était un poète accompli, publiant sous les pseudonymes de Jean Caselli et, surtout, de Jean Lahor. Cette dualité se reflète dans son œuvre, où l'on retrouve souvent des références à la médecine, à la biologie et à la philosophie.

Il fut l'un des premiers poètes a s'intéresser a l'orient et a ses spiritualités. Il traduisit sous le pseudonyme de Jean Lahor des quatrains d'Omar Kayyam et d'Al Gazhali, mais aussi des poèmes de la littérature hindou.

Figure reconnue du mouvement Symboliste en eternelle quète, avec son œuvre « Le Livre du néant » Cazalis nous invite à un voyage au cœur de l'être, à la découverte d'un vide intérieur insondable. Le néant n'est pas ici perçu comme une absence, mais plutôt comme une présence omniprésente, une force obscure qui façonne notre existence.

Dans l'autre recueil reconnu "L'illusion", il s'interroge sur le sens de la vie, en voici un extrait :

"J'ai vécu, j'ai rêvé : n'aurai-je fait qu'un rêve,
Et la douleur, la lutte et le labeur humain,
Et la joie, et l'ivresse, ou la gaîté si brève,
Tout n'était-il pour nous, mortels, qu'un songe vain ? ..."

Cazalis a exercé la médecine - il a eu pour patients Maupassant ou encore Verlaine - tout en cultivant sa passion pour la poésie. Cette double vie lui a permis d'observer la condition humaine sous différents angles et d'alimenter sa réflexion philosophique.

Il a influencé aussi les Symbolistes et Parnassiens, tels que Mallarmé, Verlaine et Rimbaud, en leur offrant un modèle de poésie contemplative et mélancolique.

Parmi les œuvres les plus connues, on peut citer ses deux grand recueuil que sont :

 Le Livre du Néant (1872) : Cet ouvrage, à la frontière entre la poésie et la philosophie, explore les thèmes de l'existence, du nihilisme et de l'absurde.
 L'Illusion (1875) : Dans ce recueil de poèmes, Cazalis poursuit sa réflexion sur la nature de la réalité et la vanité des désirs humains.

Il faut redécouvrir, lire et relire cet auteur sensible. Je vous propose :

Toujours (extrait de l'Illusion)

Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
À ces blessures qu’il adore.

Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.

De vertu, d’art, enivre-toi,
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre comme un roi,
Et, n’étant pas Dieu, sois poète !

Aimer, rêver, seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et va se perdre dans l’espace :

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparaît l’âme.

Consume-toi donc : tout flambeau
Jette, en brûlant, de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau,
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant :
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !

 

Madone (extrait de l'Illusion)

 

LE toucher de ta chair, fraîche comme une fleur,
Tes yeux d’un azur vague, et l’exquise pâleur
De ta beauté tranquille et pourtant si troublante,
Et ton doux parler lent, et ta démarche lente
Me rappellent parfois ces vierges de jadis,
Peintes sur un fond d’or, tenant en main des lys,
Au visage candide, avec des yeux étranges,
Et dont le corps semblait nourri du pain des anges.

 

Extraits du Livre du Néant

...

Rien n’est simple, tout est complexe, tout est étrange ici-bas. Si l’on avait quelque profondeur dans l’analyse, on verrait que le moindre atome sort de l’éternité et de l’infini, et a fait pour arriver jusqu’à moi, dans ma main qui écrit ou mon cerveau qui pense, un chemin plus long que d’ici au Soleil ou à la plus reculée des étoiles. On ne voit guère aujourd’hui que la surface des choses ; on ne voit pas l’abîme qui est sous elles, l’abîme de causes et d’effets, de mouvements, de courants sans fin, de flux et de reflux qui les ont fait un jour s’élever à la surface.

....

Pensée éternelle, âme des mondes, âme muette ou sonore de tout être vivant, tout commence et finit en toi. Tu brûles sans cesse ce que tu as fait naître, feu dévorant, passion éternelle. Les phénomènes passent : et toi seule tu demeures, et tu survis paisible à tout ce que tu crées.

Ce monde n’a de réalité que par la Pensée, divine ou humaine. Supposons la Pensée morte : les choses alors tomberaient dans l’inconscience, seraient donc comme si elles n’étaient pas.

La Pensée est le soleil qui crée et éclaire l’Infini, et lui permet de se contempler lui-même....


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1 réactions à cet article    


  • Seth 4 janvier 15:40

    Je suis toujours admiratif devant ceux qui font de telles fouilles archéo-poétiques. smiley

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