Hommage à Tony Scott
Les forces de la sujétion menacent à chaque instant la liberté de l'individu contemporain. Des images, des sons envahissent son esprit et lui imposent une vision du monde simpliste et avilissante. Le silence intérieur a été rompu par l'invention du cinéma, et les immenses bénéfices de l'immobilité - la marque des dieux - ont été oubliés. Le monde a sombré dans le bruit, dans l'agitation.
Et pourtant, au sein de la futilité et de l'insignifiance, un miracle s'est produit, en 1993. Le génie de deux hommes, Quentin Tarantino et Tony Scott, a donné le jour à un film exceptionnel : True Romance. Il est difficile de mettre des mots sur une émotion. Disons seulement que parfois, devant une œuvre d'art, on se dit que la liberté de l'homme est plus puissante que toutes les forces du monde matériel. On se dit que la vie vaut la peine d'être vécue, même lorsque tout semble foutre le camp, à partir du moment où on la vit avec classe. C'est ce que l'on ressent devant True Romance. C'est là la signification de ces mots tout simples qu'Alabama inscrit sur un bout de serviette à l'attention de son amoureux Clarence : "You're so cool."
Tony Scott a disparu le 19 août 2012, après Chris Penn en 2006 et Dennis Hopper en 2010, mais on imagine difficilement un destin mieux accompli que le sien, lui qui a réalisé le deuxième plus grand film de tous les temps, après l'inégalable chef-d'œuvre de James Cameron sorti en 1984 ; lui qui a su capter, au moins une fois, l'essence même de son art : le cinéma. Et chaque fois que je verrai son nom quelque part, je sais que ce seront les mêmes mots qui me viendront à l'esprit, encore et encore, ces mots que son talent a chargés d'une portée si particulière : "You're so cool... You're so cool..."
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