« Hôtel Europe » Vive Jacques Weber à L’Atelier - BHL !
C’est ce soir-là que fut annoncé l’arrêt prématuré de la pièce à la mi-novembre, c’est aussi ce même soir dédié à La Licra que, BHL ayant eu un contretemps, Jacques Weber vint en peignoir, après les saluts, expliciter son incompréhension face à certaines critiques et, en même temps, son enthousiasme face à un texte en prise sur le monde contemporain.
- Hôtel Europe
- photo © Almin Zrno
Comment, en effet, approuver que bon nombre de spectateurs potentiels puissent renoncer à apprécier la prestation de Jacques Weber qui, pour la circonstance, a repris un poids proportionnel à sa stature et ainsi, de toutes évidences, des sensations de jeu que son corps devait certainement neutraliser ces derniers temps ?
Comment passer à côté d’une véritable leçon de Théâtre par un acteur en pleine possession de son art, de sa technique et de ses motivations ?
Car, bien entendu, et cela a été disséqué à tort ou à raison par les détracteurs systématiques ou opportunistes de BHL, les idéologies qui s’entrechoquent dans sa pièce peuvent aisément être à l’origine de malaises ou de rejets plus ou moins argumentés, il n’empêche qu’un indéniable cri de colère est sous-jacent à cette démarche intellectuelle et c’est précisément ce cri dont s’est emparé Jacques Weber pour en construire une prestation absolument remarquable selon un style distancié, voire un humour latent, avec palette d’expression infinie en forme d’apothéose du jeu de l’acteur.
Non, ce n’est pas possible que durant le mois à venir où la pièce est donc en sursis au théâtre de l’Atelier, le public puisse continuer de bouder un tel régal de spectacle vivant.
Certes, le prétexte a de quoi décontenancer certains puisqu’il s’agit pour un écrivain, dans le huis clos d’une chambre d’hôtel à Sarajevo, de rédiger, en deux heures, un discours re-fondateur sur l’Europe, alors que les idées les plus contradictoires l’assaillent et que même le quotidien le plus trivial vient le perturber dans sa gestation créatrice, via son ordinateur et son smartphone !
Mais, c’est précisément cette quête chaotique qui, devenant peu à peu, tout à la fois objet et sujet de théâtre en temps réel, va prendre, par surprise, l’ascendant sur toutes autres considérations fussent-elles idéologiques !
En effet, devenu le réel centre d’intérêt de l’écrivain et donc du public, son désarroi chronique voire sa panique devant la page blanche sont en soi constitutifs du projet à venir, nécessairement fondé sur l’ensemble du patrimoine culturel de la civilisation européenne !
Cette pirouette « spirituelle » du dramaturge agit comme un coup de Théâtre dont l’acteur va brillamment faire son miel dans un numéro final de haute volée en bord de scène, au plus près des spectateurs.
De la performance à l’état pur, du grand Théâtre rare ! Vive Jacques Weber !
photos 1 & 2 © Almin Zrno
photo 3 © Theothea.com
HÔTEL EUROPE - ***. Theothea.com - de Bernard Henri-Lévy - mise en scène Dino Mustafic - avec Jacques Weber - Théâtre de l'Atelier
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