Houellebecq, Extension du domaine de la lutte : un roman de dégoût
Un écrivain sort un premier roman, Extension du domaine de la lutte, qui raconte la solitude sexuelle, intellectuelle et morale d’un homme perdu. Mais il a dû oublier son talent littéraire, ou son talent est-il, lui aussi, en dépression ?
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Extension du domaine de la lutte a été publié en 1994.
L’ouvrage devient vite ce qu’on peut appeler un livre « culte », ce qui signifie qu’on en vend peu, mais à des lecteurs passionnés.
L’histoire, en quelques mots : Les personnages luttent pour un peu d’amour. Lui, il est technicien en informatique ; il n’a plus d’ambition. Sa vie est une succession de déceptions banales, il va perdre son emploi, et ne trouvera pas de femme. Il sent la dépression l’envahir...
Houellebecq parle de la médiocrité et de l’absurdité du milieu de l’entreprise, parle du désenchantement de la génération soixante-huit. Mais tout cela réuni ne suffit pas à faire un bon écrivain.
Le titre de bon écrivain, quant à lui, ne peut être donné qu’à quelqu’un qui possède un style littéraire. Dans l’entretien qu’il a accordé à la N.R.F. (Nouvelle revue française), Houellebecq explique :
« J’essaie de ne pas avoir de style ; idéalement, l’écriture devrait pouvoir suivre l’auteur dans les variétés de ses états mentaux, sans se cristalliser dans des figures ou des tics. »
Pour ne pas avoir de style marqué, encore faut-il bien écrire !
Michel Houellebecq aurait donc comme style spécifique le choix de juxtaposer, à l’aide d’un point-virgule, deux phrases qui n’ont rien à voir, ce qui produirait un effet incohérent, voire parfois absurde. L’effet « je bande ; il pleut » est un peu facile en tout cas, pas de quoi revendiquer un style.
Qu’aimez-vous chez Houellebecq ? L’humour cynique sur la société de consommation ? Les descriptions, le réalisme ?
Il y a en effet, dans la notion de « lutte », un combat que doit fournir l’homme en permanence pour être comme les autres, pour avoir du travail, une vie sexuelle : « le libéralisme économique, c’est l’extension du domaine de la lutte » (p.100).
Mais il est sans nul doute un très mauvais écrivain, avec ses phrases lourdes et dénuées de grâce, et ses personnages insipides et mécaniques.
Il se dégage de cette lecture un sentiment qu’un lecteur ne devrait jamais pardonner à un écrivain : l’ennui.
Ses propos ne traitent que de solitude et de médiocrité. De plus, le lecteur est enfermé dans une impasse : l’homme est une merde, sans passé, sans histoire, sans liberté. Il est difficile de porter sur le monde un regard aussi noir !
Le pessimiste décrit dans ce livre peut peut-être ressembler à l’être social tel qu’il est, mais le style est bien terne, et les œuvres littéraires ne sont-elles pas là pour nous faire rêver à d’autres univers que le nôtre ?
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