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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Il fallait bien vivre » : les écrivains pendant l’occupation (...)

« Il fallait bien vivre » : les écrivains pendant l’occupation allemande

Cette phrase, « Il fallait bien vivre », est de Simone de Beauvoir, au sujet de l’Occupation allemande. Actuellement, une exposition à la Mairie de Paris (« Les Archives de la vie littéraire sous l’Occupation ») évoque la vie littéraire à cette époque.

Avant l’installation du Régime de Vichy, des écrivains sont confrontés à la « Drôle de Guerre ». Louis Aragon, Brasillach (fait prisonnier en 1941), Louis Althusser et Sartre y participent. Certains vivront mal la défaite, comme Claudel qui en juge des écrivains et hommes de théâtre responsables (il pense en particulier à Gide). Giono, quant à lui, se veut pacifiste tel qu’il l’exprime en 1939 dans le journal « Patrie Humaine ».

Le Régime de Vichy et l’Occupation allemande vont amener des auteurs et éditeurs à différentes attitudes : collaborer, s’accommoder de la situation, résister.

Des écrivains qui collaborent :

- Brasillach, qui avait été invité en 1937 à assister au rassemblement nazi de Nuremberg, dirige le journal « Je suis partout » ouvertement antisémite et pronazi.

- Benoist-Méchin, historien, devient en 1941 secrétaire d’état à la Vice-Présidence du Conseil Chargé des Affaires Etrangères. Il participe à la création du STO.

- Drieu La Rochelle, qui considère que les allemands sont un rempart contre la menace russe. Il va diriger la « Nouvelle Revue Française » dès décembre 1940.

- Maurras soutient Vichy par ses textes et sera décoré de la Francisque.

- Céline, qui a publié des pamphlets antisémites à la fin des années 30. Il envoie des lettres à des journaux de collaboration où il exprime son soutien aux allemands. Il publie son dernier livre antisémite en 1941, « Les beaux draps ».

Marguerite Duras s’accommode de la situation puisqu’elle devient la secrétaire chargée d’accorder aux éditeurs le papier nécessaire pour publier des livres en 1942. Elle le sera jusqu’en 1944. Jean-Paul Sartre fait de même, puisqu’il accepte de prendre la place d’un professeur juif démis de son poste au lycée Condorcet.

Néanmoins, il dit que « Les Mouches » était une pièce de résistance, mais elle avait été acceptée par la censure. Par contre, une pièce de Cocteau, « La Machine à écrire », sur les lettres de dénonciation anonymes, est interdite par Vichy pour « immoralité ». La censure fait également interdire les œuvres de Gide, Saint-Exupéry, Kessel et Bosco.

On peut signaler l’attitude d’Henri Bergson, qui se fait enregistrer comme juif (bien qu’il se dise proche du catholicisme) par solidarité avec sa communauté d’origine.

La résistance littéraire est active. Quelques résistants :

- J. Paulhan, ancien éditeur de la NRF, entre tôt dans la résistance.

- René Char, qui dirige un réseau de résistance et refusera de publier des œuvres pendant l’Occupation.

- La philosophe Simone Weil, qui rejoint la France libre à Londres.

- Robert Desnos, qui participe au réseau « Agir » dès 1942.

- On peut citer Bernanos, en exil, qui soutient la résistance par ses articles.

- Eluard, qui compose « Liberté », le poème emblématique de la Résistance. Le texte est diffusé à la BBC et des milliers d’exemplaires du poème sont parachutés par des avions de la RAF avec des munitions.

Des écrivains sont déportés :

- Irène Némirovky, arrêtée en 1942, mourra à Auschwitz.

- Max Jacob est arrêté par la Gestapo en 1944. Il meurt à Drancy.

- Robert Desnos, arrêté en février 1944. Il meurt en 1945 au camp de Terezin en Tchécoslaquie.

Après la guerre, vient le temps de l’Epuration. Les écrivains de la Collaboration vont être jugés :

- Brasillach est condamné à mort. Il sera fusillé.

- Benoist-Méchin, condamné à mort, voit sa peine commuée en travaux forcés.

- Maurras est condamné en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi.

- Céline est condamné à l’indignité nationale.

Quant à Drieu La Rochelle, il se suicide en 1944.

Il faut aussi noter que certains écrivains, qui n’avaient pas collaboré, ont critiqué l’Epuration des lettres, comme Albert Camus.

La littérature, collaborationniste ou résistante, est restée très vivante pendant la période de l’Occupation allemande.


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1 réactions à cet article    


  • King Al Batar King Al Batar 18 juin 2011 15:27

    Je crois que c’est Charles Pasqua qui a dit a propos de Mitterrand : « beaucoup de personne considère son passé sous Vichy comme une erreur de jeunesse, moi mes erreurs de jeunesse je les ai fait dans la resistance ! »

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Isis-Bastet

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