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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Into the Wild » : pur chef-d’œuvre !

« Into the Wild » : pur chef-d’œuvre !

Qu’il est bon parfois de se prendre une grosse claque... au cinéma ! Une claque dispensée par un film exceptionnel, du genre « qui vous marque », vous bouleverse, vous trotte dans la tête encore plusieurs jours après. Une œuvre qui vous démontre une fois encore la médiocrité de la grande majorité de la production (et notamment américaine), tant son niveau est élevé par rapport à la moyenne. Une œuvre qui vous fait vous demander, en quittant la salle de projection ou en rédigeant une critique : « Depuis combien de temps n’ai-je pas vu un aussi bon film ? »...

Into the Wild, c’est avant tout une rencontre. Celle d’un des meilleurs acteurs américains de sa génération avec un livre relatant l’aventure incroyable d’un jeune homme hors du commun, issu d’un moule qui n’a pas dû servir de nombreuses fois. Sean Penn a lu l’histoire de Christopher Mc Candless, racontée dans Into the Wild, voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer, il y a plus de dix ans déjà, et n’a depuis cessé de se démener pour obtenir les droits afin de réaliser son quatrième long métrage. Mister Penn aurait-il un don ? Comédien surdoué sous la direction de Brian De Palma, Terrence Malick ou autres Oliver Stone, il est désormais en passe de pouvoir rivaliser avec ceux-ci derrière la caméra. Très loin des collines d’Hollywood, l’ex-mari de Madonna permet aux productions indépendantes « made in USA » d’atteindre des sommets...

Into the Wild, c’est ensuite un éloge de la liberté et de la beauté, qui souligne l’importance de suivre ses idéaux jusqu’au bout. Le personnage principal du film, brillamment habité par le prometteur Emile Hirsch, symbolise une frustration que chacun d’entre nous traîne tout au long de son existence : avoir le courage de tout abandonner pour vivre une vie totalement voulue, sans limites matérielles, et sans aucun compte à rendre à qui que ce soit, si ce n’est à la nature. Une nature qui se révèle splendide à travers les paysages de ce magnifique pays que sont les Etats-Unis d’Amérique, chose qu’il peut nous arriver d’oublier en raison de l’attitude criminelle d’une partie de ses habitants, prêts à sacrifier le dernier centimètre carré de verdure pour pouvoir faire rouler leurs indispensables 4x4 qui consomment autant de carburant qu’un Airbus A380...

Ecolo, Sean Penn ? Ou essaie-t-il tout simplement de faire prendre conscience à ses concitoyens de la splendeur de leur lieu de vie, qu’ils mettent chaque jour un peu plus en péril ? Et il leur rappelle, par la même occasion, que cette jolie nature sera toujours plus forte que l’homme au final, que ce soit en gonflant ses cours d’eau ou en abritant des plantes a priori identiques, mais aux caractéristiques mortellement différentes.

Into the Wild, c’est enfin un film qui rime avec bonheur. Le bonheur véhiculé par le héros, imprégnant chaque personnage qu’il rencontre au cours de son périple, mais qu’il ne parvient pas entièrement à saisir lui-même ; le bonheur pour nos oreilles, caressées tout au long de l’œuvre par l’incomparable et magistrale voix d’Eddie Vedder, le chanteur du groupe Pearl Jam ; le bonheur total et tout simple à la fois, que vous ne manquerez certainement pas d’éprouver à la fin de la projection, malgré la petite larme à l’œil, lorsque, progressivement, vous réaliserez de quelle qualité est l’opus, l’ogive, la fusée qui vous a transpercé durant deux heures et demie !

Maxime Freyberger


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4 réactions à cet article    


  • Elfada 18 janvier 2008 14:28

    J’ai vu le film, sans rien savoir de l’histoire vraie, de l’histoire de McCandless, juste que le film était réalisé par Sean Penn, ce qui est un bon a priori pour moi.

    A la fin, déception. Le film est inégal, des moments où on a envie de suivre le "héros", par exemple quand il parle à Wayne d’Alaska dans le bar. Les moments avec Ron Franz, le vieil homme, sont intéressants.

    Mais également des moments à la limite de l’incohérence, notamment lorsqu’il descend les rapides en kayak...A ce moment là on parle de héros, limite nietzschéen, surpuissant ne craignant rien. Seul son tabassage lors d’un de ses voyages clandestins le ramène sur Terre et nous donne raison d’espérer que le film redescende lui aussi sur Terre. Mais non, il est chanceux, toutes ses rencontres sont extraordinaires, alors qu’elles sont à la limite du cliché (les hippies, la tentation de l’amour, le mythe de la transmission avec le vieil homme, et le grand frère, Wayne, qu’il n’a jamais eu).

    Bref, des phases d’ennui, un film plus long que ce qu’il est nécessaire et une sorte de naïveté (tranchée par la morale finale) que j’ai eu personnellement du mal à supporter.

     

     

     


    • Baltar 18 janvier 2008 21:24

      Sans juger de la qualité du film (on aime, on aime pas, c’est ainsi), j’aimerais t’apporter ma propre expérience de ce genre de périple ainsi que du décalage entre la réalisation d’un film et la réalité d’un tel voyage.

      Ce sentiment nietzschéen est réel et dangereux, et ce n’est pas la volonté du film de nous rendre le personnage tel un héros pour je ne sais quelle raison marketting. C’est un fait qu’à certains moments on se sent devenir surpuissant, on se sent pouvoir tout faire, monter plus haut, descendre un rapide, pouvoir traverser un glacier, traverser un gué au débit impressionnant, grimper quelques rochers fatidiques ou je ne sais quoi d’autre. Le sentiment de surpuissance est réel et le film démontre que l’esprit extrémiste, absolu, nietzschéen du personnage, même si les apparences riment avec liberté, rêve, intégrité et beauté, cet esprit est avant tout suicidaire car sans tempérance ni prudence. Le personnage a été brisé par son histoire et sa fuite en travers de l’Amérique ne sera jamais une solution pour lui. Nous aurions pu espérer au mieux qu’ils s’en sortent vivant même si blessé, mais il aurait été invraisemblable qu’il rentre sans avoir atteint une certaine limite de la douleur, une blessure physique définitive qui lui permette de se punir de son mal intérieur, et d’atteindre le pardon. La guérison par la douleur était omniprésente durant tout le film. Et le sentiment nietzschéen de surpuissance n’en était qu’une conséquence, une folie, qu’il n’a pas su reconnaître sur le moment par manque d’expérience.D’ailleurs la fin est une prolongation de cette descente des rapides, mais dans un sens malheureux. Elle est explicite (il trouve sa guérison intérieure).

      Pour te répondre sur un autre point : cette fin ne tient aucunement lieu de morale puisqu’il s’agit d’une histoire vraie. Et puis ... où est la morale si une quête sous-tend à un suicide de chaque instant ? De plus, le personnage n’est pas vraiment écolo mais je dirais intégré à la nature et hors des hommes, ce qui n’est pas la même chose. Et dans ce cas, bien, mal, morale, ne veulent plus dire grand chose. Je ne divulguerais pas cette fin pour ceux qui n’ont pas encore été voir ce film.

      Sur la réalisation du film : il s’agit de relater en 2h30 le carnet de route d’un personnage ayant parcouru les routes pendant 2 ans. Je pense que le personnage n’a écrit que sur les rencontres et les évènements qui l’avaient marqué, ou j’imagine que le livre a fait en sorte de ne montrer que cela. N’oubliez pas qu’il n’avait qu’un sac à dos et je ne pense pas qu’il ait porté même 2 kilos de papier pour écrire toutes les semaines pendant lesquelles il ne se passait rien. Cette réalité, le film ne la traitera évidemment pas. Et puis, ces clichés sont les plus beaux souvenirs d’un voyage : il est naturel de les cristalliser avant les autres souvenirs, c’est un réflexe humain de vie. Qui n’a pas embelli ses meilleurs souvenirs, souvent inconsciemment ? Le réalisateur en étayant ces rencontres extraordinaires a cristallisé l’esprit du vagabond nous relatant l’essence même du voyage, et en ce sens, lui offre son respect.

      Pour les images de nature, j’ai vu beaucoup mieux par contre :) Que ce soit dans d’autres films ou dans la réalité. Alors ma conclusion : un grand bravo au traitement du personnage mais un moyen plus sur les images bucoliques. Et ce n’est pas plus mal car cela aurait sans doute modifié la dimension psychologique du film.

      L’idéal étant de se prendre en main pour partir soi-même dans de telles directions, avec prudence et expérience.

       

       


    • Tony Pirard 18 janvier 2008 19:52

       Je dirais que les films d’aujourd’hui sont ridicule... ! Nous avons "Saudade"(souvenance en Français) des films comme ..."Vivre par vivre" de Lelouch ou peut-être ..."Casablanca" ou "Sept hommes et un Déstin".Ou encore,"CasaNova" et autres... !

       Tony do Brasil


      • gecko gecko 21 février 2008 08:40

        Moi ce film m a rappelé les « Chemins de Katmandou » de Barjavel qui raconte l’épopée d’une bande de jeunes voulant découvrir la vie vraie, spirituelle, sans entraves... ils finissement tous plus ou moins mal, certains n’y arriverons pas d autres sombreront en y arrivant... C’est dans tout les cas un voyage initiatique dont on se remet ou pas comme cela et ce film reprends lui aussi ce thème du chemin initiatique qui revient toujours à la même conclusion la vraie spiritualité se trouve en nous et non dans le voyage à la poursuite d une chimère. pour en finir avec ce film j ai aimé, j ai aimé l ambiance, j ai ressenti des choses que j avais vécu, j ai trouvé ca long aussi parfois, mais ce film est beau tout simplemement.

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