Itinéraires de pianos sur Paris
Une Gare Montparnasse dans l’émotion du voyageur. Planté au cœur de la salle des pas perdus, un piano noir est depuis le début de l’été au cœur de l’attention. Aucun pianiste ne résiste à cet appel de poésie. À toute heure de la journée, ce piano laissé pour le public et les voyageurs entonne des notes. Il a déjà fait du Mozart, du Debussy. Dans la même journée, il sera dans un rythme de jazz endiablé ou dans une promenade romantique de Liszt. Le hasard musical reste donc la mise de ce pari de la SCNF. On y a vu tous les âges, tous les talents. Un jeune de banlieue qui touchera un clavier pour la première fois. Vers 23 heures, un gamin de 7 ans verra un cercle autour de lui à écouter un jeune talent… une fraicheur enivrante qui sortira au cœur de la gare… Médusés les hommes d’entretiens, la soldatesque de Vigipirate…
Le Piano de Liszt à Paris. Mais restons dans ce vibrato pianissimo. Paris s’éveille à l’arrivée d’un piano mythique. Le piano de Liszt a été prêté pour une soirée en salle Cortot. Un Steingraber de 1870 qui aura vu le compositeur créer ses principales œuvres, mais aussi donner des cours. Dans cette période, le piano de ce grand de la musique vient pour une des rares fois s’illustrer dans un récital. Nicolas Stavy sait déjà qui va devoir remonter le temps, s’entrainer à retravailler les sonorités. S’habituer à ce clavier nouveau et ce mécanisme si atypique pour notre époque. Stavy est déjà sur l’élan préparatoire pour apprivoiser cette machine mythique. Là, encore, le piano redonnera de l’émotion en poussant jusqu’à incarner l’âme de Liszt dans une belle représentation… De Montparnasse à la salle Cortot… d’un jeune enfant à un compositeur passionné… tout cela fait penser à cette phase sublime qui est l’apprentissage de la musique…
Mon premier piano ? Oui, tout est dans le titre. Avant d’arriver à captiver une gare ou une salle Cortot, il faut une abnégation, un travail. Il faut évidemment se mettre au solfège et se construire une oreille infaillible… là, nait alors le plaisir… l’idéal selon une famille d’artisans dans ce domaine, la famille Nebout, c’est de donner un vrai piano au débutant. Pas forcément un piano numérique… juste pour l’oreille et le plaisir de cette sensation… Comme les Pleyel, les fondations Chopin, la famille Nebout qui restaurent des pianos depuis un siècle, a voulu s’investir dans la formation des jeunes. Aussi, ils ont créé une mécanique d’entreprise permettant de fournir en location des pianos neufs sur Paris. Le détail est important, car trop souvent les organismes de locations proposent des instruments vieux de trente ans… difficiles à dompter pour un jeune… Les Nebout ont donc cet esprit-là, puisés dans cette volonté du travail bien fait… Interrogé à l’occasion, Christophe Nebout qui lance « monpremierpiano » définissait son activité comme un accompagnement des débutants. Il a pensé à l’aspect facilitant de pouvoir louer un piano pour les familles, plutôt que d’acheter un instrument qui reste sur les bras si l’enfant décide d’arrêter. C’est aussi cela, le piano dans la réalité parisienne. À un bout de la chaine, un jeune garçon au cœur de la gare Montparnasse, un compositeur qui vient s’éclater sur le piano de Liszt et un passeur au milieu… une famille ancrée dans le métier qui veut pousser les jeunes à trouver ce plaisir de donner du rêve et de parler le langage de l’émotion qu’on appelle « Musique ».
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