Jazz & Soul en France : le nouveau fil(l)on
Eh bien oui ! il y a chez nous en France des jeunes - et des moins jeunes - qui peuvent nous bluffer, des filles et des gars pétris de talent, capables de nous faire dresser le poil sur la tête, poil de fierté cocardière s’il en faut.

Côté instrumentistes, mention spéciale au bassiste Hadrien Féraud, 23 ans à peine et déjà un phénomène.
Un jeu dans la veine d’un Jaco Pastorius, grand bassiste devant l‘éternel, auquel il emprunte tous les slaps et les tics.
Repéré très tôt par Bireli Lagrène qui voit en lui un futur prodige, Hadrien Féraud ne tarde pas à impressionner un autre vieux routier : John Mc Laughlin. C’est ainsi qu’il vient de « s’inviter » sur les deux derniers albums du maître (Industrial zen, Floating point). Le jeune homme sera audible sur celui, en préparation, de Bireli Lagrène, prévu pour l’automne prochain.
Entrer dans la cour des grands comme Michel Petrucciani avant lui, et qui plus est à cet âge, n’est pas un mince exploit. A suivre donc pour les amateurs de guitare basse.
Mon second coup de coeur va au 1er album du pianiste Dominique Fillon, sorti l’année dernière. Un touche à tout, arrangeur (une bonne oreille), directeur musical et amateur de funk, de jazz et de world music, de préférence africaine et brésilienne, que du bon.
Présenté comme un autodidacte, Dominique Fillon a néanmoins fréquenté les bancs de l’école de jazz du Mans. Après avoir travaillé un temps avec Fugain et Lavilliers, il s’est lancé dans un projet plus personnel axé sur le piano jazz, débouchant sur un bel album aux accents brésiliens, cubains, ou espagnols.
Frère cadet de notre actuel premier ministre, il est clair qu’une telle parenté est plutôt un handicap dans ce milieu qu’autre chose. C’est donc bien grâce à son seul talent que ce Fillon là s’est hissé à la reconnaissance de ses pairs.
Côté voix, il faut chercher l’aiguille et le fil d’or dans la botte de foin, mais la situation semble évoluer favorablement.
L’industrie du disque étant actuellement en souffrance, pas toujours très inspirée quand il s’agit de s‘aventurer sur ces terres risquées, il est préférable de se plonger dans le maquis des sites communautaires pour repérer les valeurs montantes.
Ainsi, le site Myspace est-il plébiscité par les artistes après avoir démontré son efficacité à révéler les talents cachés. En passe de devenir un must pour sortir de l’anonymat.
L’une des vertus de ces sites communautaires est de décoincer le petit milieu du jazz qui, on le sait, s’accommode fort bien de l‘ombre.
Les jeunes artistes, plus pragmatiques et plus pressés aussi, l’adoptent sans hésitation.
Parmi les valeurs montantes de la Soul, j’ose en vrac, Amandine, belle signature vocale (il n’est pas donné à tout le monde de reprendre "Rehab" d’Amy Winhouse avec autant de maestria), ainsi que Siân et Julie (Bessa).
Ces trois battantes, récemment révélées au grand public par l’émission "Nouvelle star " sont également incontournables sur les sites communautaires.
Si certaines artistes, telle Fanny Llado (issue d’une famille de mélomanes avertis), ont débuté comme choristes avant de sortir un 1er album, d’autres font patiemment leurs classes au sein de nos bonnes écoles de musique, avant de se mettre en quête d’un label. C’est le cas de Marie Miault (école de jazz de St-Nazaire) qui, tout en explorant ses friches musicales, fait montre d’une belle sensibilité créative dans l’une de ses créations (before and after), d’inspiration plus jazzy.
La reprise de standards étant à la mode depuis les succès d’une Amy Winhouse ou d’une Diana Krall, les filles n’hésitent plus à leur emboîter le pas pour mettre en valeur un joli grain de voix. Anglais parfait recommandé cependant.
Anglais ? que dis-je !. Le français n’est pas mal non plus, surtout dans la voix des américaines Stacy Kent et Madeleine Peyroux, qui nous démontrent, une fois de plus, que c’est possible.
En attendant, la quête d’un label reste une préoccupation partagée pour bon nombre de nos jeunes artistes qui se lancent avec un bel entrain.
Heureusement, la roue tourne et les nouvelles personnalités avec signatures vocales ont sans doute un avenir plus ouvert qu’hier.
En tout cas, les fans semblent suivre, preuve que le peu d’appétence du grand public pour le Jazz et la Soul n‘est pas rédhibitoire.
Ce que nos voisins scandinaves ont compris depuis bien longtemps et que nous ignorons encore avec une constance affligeante, c’est que d’authentiques pépites existent chez nous.... comme ailleurs.
Il suffit d’y croire !
Affaire à suivre .....
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