Je suis allé voir le « Syndrome du Titanic »
Le film de Nicolas Hulot n’est pas un documentaire ; C’est un poème militant écrit avec des images ! Vous y verrez la Terre un peu, quelques paysages aussi, de l’artificiel beaucoup et surtout de la tendresse. Il n’y a pas besoin d’être écologiste pour aller voir ce film, vous irez le voir parce qu’il est beau !
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Certaines images sont sordides, parfois dures mais jamais insupportable. Trop vraies pour que nous ne nous habituons pas, elles sont la vie. Ce, d’autant que s’y affiche une volonté de montrer la vérité des démesures grégaires humaines caractéristiques de notre époque ; Cette vérité est aussi humaniste par la présence de l’individu victime. Les messages et citations explicites peuvent vous agréer mais ne sont que commentaires après tout et votre opinion reste intime. Des images d’archives opportunément placées font références. Certaines compositions graphiques sont extrêmement bien léchées. Il s’y cache souvent un message à appréhender et on relève même quelques malicieux clins d’oeil à la Tati. Le film fait ainsi souvent sourire sans jamais être franchement marrant : Heureusement car vous n’êtes pas venu pour rigoler ! Un sérieux certain donc qui n’empêche pas le film d’être plaisant suivant un style qui n’a peut-être pas été un problème pour Hulot et son équipe mais relève d’un travail indéniable. Certaines images sont comme de la pub TV mais à l’envers d’autant que, assez lentes pour nos petites têtes, elles informent mais n’assènent pas. Ainsi les automobiles y sont rarement seules, même dans le désert ! Il y a des guimbardes, des camions hors d’âge et des autobus délabrés subissant l’immobilité d’embarras tropicaux pires que les nôtres. Ces véhicules, forcément assidûment soignés car perdurants sont aussi une leçon du film qui en contient bien d’autres. Il y a des ordures grouillantes de vie et d’autres porteuses de mort qui peuvent être les mêmes. Les endroits très propres, trop peut-être, sont aussi présentés. Des villes brillantes de milles feux mais dont on devine, par ses excès, qu’il ne vaudrait mieux ne pas regarder sous le tapis... Hulot ose le faire cependant ! Ainsi apparaît l’exclusion et ses scènes de rue en Amérique, en Asie en Afrique ou en Europe avec partout les mêmes visages hébétés. On voit aussi des consommateurs heureux qui vivent encore bien dans leur peau mais par procuration, ce dont la caméra trahis tout le ridicule, grotesque d’un conformisme camelote que l’on croit choisi alors qu’il a été vendu ! Ainsi cette jeune et jolie "poupée" japonaise aperçue entre deux plans... Belle certes, mais pour vous son charme n’est pas dans ses fards genre présentatrice secondaire de variétés à la télé, quoique pas directement : Il vient de ce qu’elle est une femme comme toutes les autres dont on comprend soudain le comportement intime, de ces femmes fragiles devant la suggestion des marchands de rêves. Parce que derrière son image faussement originale alors qu’elle est conforme c’est sûrement l’amour qu’espère la fille et la rend fragile. ça va marcher, bien sûr, comme tout commerce aussi bien promu... Tout comme marche l’arnaque monétaire libérale et sa déesse la croissance... Pour le moment puisque nous savons maintenant qu’elle mène le monde à son naufrage !
Attention : Le film risque de ne pas être projeté dans tous les villages de France ! J’ai, pour ma part, préféré ne pas attendre qu’il passe à Biganos ! En Gironde il est visible depuis le 7 octobre dans plusieurs salles bordelaises ainsi qu’à Libourne, à La Teste de Buch et à Villenave D’Ornon. Depuis le 21 on peut le voir aussi à Pessac. Pour un Boïen c’est aussi pratique d’aller à Pessac que d’aller à La Teste, voire mieux pour ceux qui n’ont pas de voiture (sauf en soirée) car le « Cinéma Jean Eustache » est à deux pas de la gare. C’est là que j’ai vu le film. Nous n’étions guerre plus de deux pelés et trois tondus dans la salle. Cette petite et inquiétante déception m’a incité à rédiger le présent témoignage.
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