Jean-Claude Brialy : un zéphyr s’en est allé, souriant
L’éternel jeune premier, comme les journalistes le décrivaient, Jean-Claude Brialy ou plutôt Jean-Claude, tout court, est mort en cette fin mai. Mai, le mois où l’on fait ce qu’il nous plait.
En 2004, il écrivait l’histoire de sa vie et de ses rencontres « J’ai oublié de vous dire ». Que de choses à dire, que de souvenirs à écrire. Sur 74 ans dont 53 ans de présence au cinéma, au théâtre, sur la scène du grand show de la vie mondaine.
Avec des débuts en 1954, par la petite porte du petit boulot, seul, sans l’aide des parents, il se lance à l’assaut de Paris. Des courts métrages et Jacques Pinoteau qui lui offre un rôle dans l’ « Ami de la famille » enchaîné tout de suite avec « Ascenseur pour l’échafaud » de Louis Malle.
Dans le mouvement « Nouvelle Vague » avec Truffaut, et dans « Les Quatre Cents Coups » il va exceller. Beau gosse, il partage son beau parler et sa présence de bellâtre, jeune et fier de l’être. On veut vivre avec le pied au plancher à cette époque. Belle époque de mâles en proie avec la vie sur le fil du rasoir. Alain Delon, Belmondo ne sont que les comparses de cette vie qui explose après les souvenirs encore frais de la guerre. Enfants de la balle, d’abord, monopolisateurs de la vie sous toutes ses formes et expériences. Aux Etats-Unis, James Dean représentait cette « Fureur de vivre » sous le même titre au cinéma.
Dès 1971, il se lance dans la réalisation de son premier film, « Eglantine », et pour la télé en 1973. Mais, c’est surtout le théâtre qui l’attire. La présence avec le public, c’est ce qui l’électrise et le motive. Quinze pièces, c’est peu et beaucoup à la fois en regard de sa présence au cinéma qui a littéralement absorbé sa carrière, peut-être plus qu’il n’aurait voulu. Il ne savait pas dire « non ». Oui, c’est sûr. Tout tourner avant de raccrocher, une passion, un piège parfois. Une centaine de films au cinéma, 11 à la télé, 12 films réalisés lui-même.
Difficile d’être excellent en tout, mais il a donné ce qui lui semblait le meilleur de lui-même.
Le problème pour ces éternels jeunes, ou ils meurent jeune comme un mythe comme James Dean, ou il faut durer. Et durer, c’est passionnant, mais c’est dur. Sans style personnel, il y a du souci à se faire. Jean-Claude l’avait, avec charisme, comme ses « collègues » cités plus haut.
La vie publique, il en a usé et peut-être abusé en personnalité du tout-Paris. Rire et humour pour plaire étaient ses envies, ses soucis et ses obsessions. Les journalistes aimaient l’interviewer et lui ne disait, encore une fois, pas « non ». Sa verve passait bien et son rire se partageait avec le plus grand bonheur des deux côtés de la table.
Sollicité de partout pour ses connaissances étendues comme aux Grosses Têtes de Bouvard.
Son livre « Le Ruisseau des singes » en 2000 et surtout celui de 2004, reprennent les étapes de sa vie bien serrée en événements mêlés à la haute société. « J’ai oublié de vous dire » avant de devenir un bouquin, il l’a défendu sur les planches. Eternel jeune premier, rien ne lui allait aussi bien.
Sa voix douce mouilleuse, pas mielleuse, ne laisse pas indifférent. Ses bons mots, ses rappels de dictons en rapprochement avec l’explication, l’interprétation qu’il faisait des événements de la vie, sont d’une profondeur d’homme mûr.
Il n’était pas avare de distinctions. Commandeur de la Légion d’honneur, de l’Ordre national du mérite, des Arts et des Lettres. Le cancer l’a emporté après une période où visiblement la morphine avait fait ses ravages.
Sa devise « Courir plus vite que les nuages ». Ces maudits nuages font de l’ombre même au soleil.
Philippe Noiret qui s’en est allé un peu plus tôt et maintenant lui-même, deux événements qui nous laissent, spectateurs, orphelins de ces zéphyrs de la parole française en moins d’un an.
On vous aimait bien, Messieurs aux bons mots. Vos voix sont en nous, imprégnées. Les films seront toujours là pour rafraîchir l’"alzemerisation" de la vie de tous les jours.
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Sa citation préférée était : « Il y a des gens qui parlent, qui parlent - jusqu’à ce qu’ils aient enfin trouvé quelque chose à dire. », reprise dans "Mon père avait raison".
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