Jean Mounicq, la quête de l’aventure humaine à travers le monde…
Jean Mounicq, c’est une rigueur sans faille et l’oeil absolu, la faculté de voir l’essentiel et de le montrer comme une évidence.
Depuis quelques jours, le 12 ème livre de photographies de Jean Mounicq est en librairie, « Portraits » …(Editions de Juillet)
Jean Mounicq, c’est une rigueur sans faille et l’oeil absolu, la faculté de voir l’essentiel et de le montrer comme une évidence.
« L’attention toujours en éveil, l’œil est assuré, la mise en place des structures de l’image presque innée, la sélection des éléments du décor drastique. Considérer la scène, son architecture, ses ouvertures, ses contraintes et ses opportunités. Installer le personnage dans un ordonnancement de l’espace, l’établir dans l’assise apaisante d’une contenance choisie ou le laisser vaquer à ses emportements de l’instant. Mesurer à l’œil la transparence de la lumière, les contre-jours, les zones d’ombre et les reflets. Le plus souvent, tenter de maîtriser l’éclairage faute de l’organiser. Envisager l’ensemble, repérer les objets, écarter l’intrus, bannir le futile, supprimer le joli, scruter le pertinent, choisir le remarquable. Asseoir le juste équilibre entre les plans. Dans le flot des paroles, propos et questions du journaliste, répliques et objections de l’écrivain, plaisanteries du peintre, invitation à prendre l’outil du sculpteur, la garde est baissée. S’esquissent un relâchement des tensions, une distraction du corps, un reflux de l’attention, une brèche dans l’application à paraître. » (Françoise Denoyelle)
Dans son parcours de vie, la photographie arrive presque fortuitement, par sa mère qui lui cherche un métier pour l’établir à son compte, car dans la région de Malesherbes, un garçon avec le certif’ avait le choix entre l’usine, une grande imprimerie autant dire peu de perspectives enthousiasmantes.
L’apprentissage a commencé dans un studio chez un portraitiste. « des gens très gentils chez qui je faisais des petits travaux de finition... je n’ai pas appris grand-chose… »
L’arrivée à Paris se fait à 14/15 ans, avec un emploi à l’IGN, faire des photocopies- dans un sous-sol- et son parcours de photographe commence avec un voyage reportage au Congo, avec l’Institut Géographique National, il a 18 ans, et 5 ans plus tard c’est une première publication dans Sciences et Voyages .
L’idée d’un travail personnel vient avec un sujet sur la prostitution à Anvers, « pour marquer le coup… »
L’exposition, « La Grande Famille de l’Homme » en 1956 a été une révélation : « on pouvait donc écrire avec la photographie ... » Révélation et réflexion qui le conduit à s’installer un mois, seul, l’hiver, dans l’île d’Ouessant. Pour écrire. Le bilan est décevant, « le texte était bien, les photos étaient de l’accompagnement.. » En recevant en cadeau le livre de Cartier Bresson, « D’une Chine à l’autre », c’est une autre découverte, « … il y avait l’unité de lieu d’action et de temps, une écriture photographique... » et au cours de l’année 1958, Jean Mounicq envoie ses planches contacts à Henri Cartier-Bresson, « … dois-je continuer ou aller planter des choux ? » La réponse est claire : « il m’a dit, venez me voir, puis venez avec nous… je ne connaissais rien… » Toutefois, pour Cartier-Bresson « il y a un œil… » et Jean Mounicq entre chez Magnum. (Pour être dans l‘équipe Magnum, il faut être co-opté par les deux tiers des membres) C’est le temps d’un séjour à Londres, qui donnera un album aux Editions Rencontre en 1968.
Auparavant en 1960, un voyage en Espagne donnera « Le Romancero du Cid » publié au Club des Libraires, un joli livre raffiné, une sorte de voyage poétique … un road movie en taxi sur les traces du Cid avec la romancière Dominique Aubier…
De rencontres en rencontres, avec des revues « Elle » (le début des « Portraits ») le Week End Telegraph ou la Maison de Marie-Claire, naissent des projets et des publications, sur l’artisanat, études sur les architectures rurales, et après cette période ce sont les projets personnels qui vont devenir l’essentiel de ses travaux, « Venise », « Paris Retraversé » et « Paris Ouvert » une série de voyages dans Paris loin des cartes postales , « Quand j’ai commencé mon projet sur les villes, ce qui m’importait c’était de photographier les lieux clos. J’ai pensé à Xavier de Maistre… » c’est donc par le 20 ème qu’il commence à photographier tout ce qui est derrière les façades, une sorte de vie intime du Paris populaire, loin du folklore, et ce sont tous les arrondissements de Paris qui seront explorés pendant quelques mois. Ces grandes fresques photographiques ont été publiées par l’Imprimerie Nationale dans des albums exemplaires, tant sur le fond que la forme. Dans le lien en bas de page, vous trouverez la liste des expositions, des différents prix qui situent la place de Jean Mounicq dans la photographie contemporaine, celle d’un homme dont la ligne directrice est la quête de l’aventure humaine à travers le monde, ou dans les rues voisines.
Depuis 2019 l’ensemble de son œuvre est confiée à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, négatifs et tirages numérisés, qui sont tous accompagnés des légendes écrites par l’auteur. L’œuvre de Jean Mounicq a rejoint celle, de Daniel Boudinet, de Marcel Bovis, de Denise Colomb d’André Kertész, de François Kollar, de Thérèse Le Prat, de Roger Parry, de Bruno Réquillart, de Willy Ronis…
Il reste un livre à publier « Rome romaine » mais aujourd’hui c’est « Portraits » qui est dans l’actualité, avec une présentation signature samedi 12 Novembre à 16 h au Grand Palais Ephémère, dans le cadre de Paris Photo 2022.
Norbert Gabriel
Le lien qui recense l’ensemble de ses expositions, publications,distinctions –> https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mounicq
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