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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « L’adieu au Levant », recueil de poèmes de Tigrane Yegavian

« L’adieu au Levant », recueil de poèmes de Tigrane Yegavian

Je viens de lire, avec plaisir, le dernier livre de Tigrane Yegavian, un recueil de poésie intitulé « L’adieu au Levant ».

A travers sa poésie, Tigrane Yegavian ravive et revit l’histoire tourmentée du peuple arménien.

En ramenant à la mémoire de chacun les moments du passé lointain glorieux et les moments tragiques plus récents, Tigrane Yegavian les revit ; ils font partie de son être ; ils sont toujours vivants et présents dans ses écrits.

Son cheminement personnel et familial ont été dictés et dirigés par cette histoire. En même temps, son histoire propre et ses sentiments transparaissent dans sa poésie et s’entremêlent avec l’actualité et les méandres de l’histoire arménienne.

Le déracinement au gré d’événements historiques atroces avec le génocide des Arméniens de la fin du XIXe et surtout au début du XXe siècle en Asie Mineure. Ce génocide et les exactions perpétrés par les turcs ottomans ont provoqué la mort d’1,5 millions d’Arméniens et obligé à l’exil forcé la grande majorité des survivants. 

 Le poète dit :

« Ouvre grand tes bras et je te dirais

Que j’habite une âme morcelée,

Entre montagne et désert,

Entre mer et soleil.

Ne me pose pas de questions

Ne me réclame pas ma loi

Ne me demande pas

De quel pays suis-je le nom ?

Mon pays c’est la nuit. »

 

Ou encore des vers très forts :

« … Ici, dans la patrie en transit,

Les étoiles filantes se brisent en chemin sur le cristal

D’un chant macabre. »

Le déracinement, l’exil, l’éternel déplacement, sont omniprésents dans la poésie de Tigrane Yegavian. L’histoire de l’Arménie, des terres arméniennes et l’histoire toute récente avec les nouveaux massacres et génocides (dans la guerre menée par l’Azerbaïdjan et la Turquie contre l’Arménie et le Haut-Karabagh), ces actes qui se répètent par les petits-enfants de ceux qui ont commis l’irréparable, il y a plus d’un siècle, au nom de je ne sais quel « idéal », sont une blessure profonde qui hante les enfants et petits-enfants des survivants…

Le poète, malgré les vicissitudes de la vie et à partir de sa propre expérience, aborde des sentiments universels, sans renier sa culture profonde. La poésie de Tigrane Yegavian nous amène sur les chemins qu’il a suivis : entre l’Orient, le Portugal, la France et l’Arménie. C’est finalement toute sa vie qui s’offre à travers sa poésie qui, malgré tout, possède une note d’espoir.

- Cet Orient qui ne fait plus rêver et qui est devenu un champ de ruines, un champ de bataille :

« J’aurais aimé que tu voies mes cheveux blanchir

Mes vêtements s’user

Moins vite que la couleur de tes passeports.

Nous avons dépassé Chypre, tu ne me dis rien.

Toujours ce bleu que tu as bêtement taché

D’un sang mêlé.

Je ne vis plus je ne meurs plus

Je ne sais plus pleurer

Mais j’aimerais être à ta place »

- L’Arménie rêvée et espérée qui est toujours encrée au plus profond de son être et tous les pays où il a vécu…

J’ai envie de citer encore un des vers de Yegavian : « Parait-il, l’Aragats est un veilleur à temps partiel, l’Ararat a déménagé » et j’ai envie de résumer : « Lorsque tu regarderas derrière toi et que tu apprendras à lire les anciennes pierres, tu comprendras : une coupe de lumière, deux gouttes de soleil…une goutte de rosée, deux feuilles vertes, l’espoir ».

Charalambos Petinos, écrivain

*Ouvrage disponible en librairie et auprès de l’Éditeur (www.editions-harmattan.fr), au prix de 12 euros


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