L’échelle du monde
Je conseille la lecture du livre « L’échelle du monde » de Philippe Zarifian (1). Ce livre est à la hauteur de « Multitude » de M.Hardt et A.Negri. Il donne même un autre relief sur les questions qui sont à sa base.
Je retrouve toutes ces inclinations dans les flux constants de l’activité de l’homme, que je nommerai l’humain-pluriel. Ce sont ces mouvements qui me font penser finalement qu’on peut trouver une jonction particulière entre les deux notions. Elles sont comme deux clichés de ce "tissu", un arrêt sur une image vue par l’inclination de "notre âme", je veux dire par l’inclination des expériences de l’humain-pluriel qui vit sur notre planète. C’est comme si l’un et l’autre existaient par la "nature" de cet humain-pluriel. Sa position lui permettra de se retrouver soit en tant que communauté-monde, soit en tant que société-monde. Dire qu’il y a une progression qui va de l’un vers l’autre est possible, de la même façon que la réversibilité de cette progression est aussi possible. Donc, affirmer : "Nous formons communauté, avant que de former société..." ( p26), c’est certainement dévoiler l’idée d’une progression qui peut être à élasticité régressive : car "former société" ne contiendrait-il pas toujours quelque part cet élan de "former communauté" pour le retrouver, et le reperdre, et ainsi de suite, tel un mouvement de vague et d’inclination ?
Tout cela pour dire qu’au niveau concret, nous (peuple-monde) serons traversés par des productions à variabilité constante, tant au niveau de l’éthique vécue, de l’environnement protégé, des identités rassemblées dans leur diversité, des politiques partagées et conflictuelles. Ces variabilités sont comme magnétisées et donc sous l’influence de la force de tiraillement que subiront les forces de la communauté-monde et celles de la société-monde. J’y vois un parallèle avec la spécificité de l’individu et avec celle de la multitude. La singularité de l’individualité, allant grandissant, voit son écho dans la singularité agissante aussi des multitudes, et celles-ci forment ce tissu aux fourmillements multiples. Ce tissu de l’âme-pluriel, de l’homme-pluriel.
C’est de cette façon que j’entrevois l’articulation entre les deux notions que Philippe Zarifian propose. J’y vois le jeu de relations, de productions entre toutes les entités que forment notre planète, notre univers, et qui touchera par leurs effets autant l’économie (celle d’un groupe d’individus jusqu’à l’économie transnationale) que l’écologie, la politique ; du vivre ensemble d’un village au vivre ensemble sur la planète. C’est pour cela que je trouve, mais peut-être me trompé-je, que nous avons du mal à voir se réaliser les utopies formidables que nous retrouverions dans un vivre ensemble multi-appartenance (multi-reconnaissance). Ce vivre ensemble, où il se retrouverait par l’élucidation des phénomènes exclusifs locaux, communautaires, portant une culture qui ne se partagerait pas. Celle-ci a ses propres intérêts, sa vision du monde, de l’écologie même. Au contraire, une forme développée, je veux dire ouverte sur l’ensemble des territoires culturels, serait l’expression de cette mondialité qui pourrait être une forme de vie dirigée sur une voie de la paix plus que sur celle du conflit.
Qui peut faire lien ? Qui peut susciter cette avancée ? Là est mon interrogation. Le "qui" serait-il une incarnation d’une pensée, d’une représentation, ou tout autre ?
(1) Philippe Zarifian, L’Echelle du monde, Editions La Fabrique, 2004, Paris
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