L’Occident tatoué ? Moins voyou que dévoyé ...
« Je suis un dur, un vrai, un tatoué (…), j‘ai risqué l’bagne, faut l‘avouer ». Paroles célèbres d’une chanson de Fernandel dans le film « Raphaël le tatoué ». Rien qu'une Java de … 1938. On comprend sans peine que ces marques, autrefois totalement indélébiles, étaient l'apanage des voyous, des « apaches de barrières », quand Paris possédait encore plus d’octrois que de banlieues.
Jadis, le tatouage parcourait aussi les mers du globe aux biceps imposants des matelots rendant hommage à « Lulu pour la vie ». Pas question alors de changer de dulcinée sous peine de finir au court bouillon, arrivé au port d'attache …
Depuis, cet intime dessin a quelque peu viré de bord. On le retrouve désormais plus ou moins (plutôt plus) partout sur les élégantes modernes, sauf à l’endroit où leurs aînées du Grand Siècle arboraient une « mouche » qui en disait long sur leurs appétits coquins du moment. Très pratique, car mobile. A contrario, le siège du plan de com’ corporelo-pictural du 21ème siècle doit être, lui, judicieusement choisi.
Pour être bien vu, il faut que le dessin « libertin » soit, lui aussi, « vu » dans les conditions les plus suggestives. Mieux, il doit être entre aperçu.
Par exemple, à la naissance d’un décolleté (malheureusement, souvent frais émoulu de la clinique esthétique la plus proche …) ou bien, à peine masqué par une ébauche de string, lui-même à la lisière descendante d’une chute de rein favorisée par la coupe taille basse d’un jean couture.
Nous sommes bien loin de nos égéries des maniaques du couteau et de la gambille sous la boule à facettes ! Et ce n’est rien par rapport à ce que sont devenus les tatouages au masculin.
S'il y a assez de monde dans l’univers carcéral français - tellement bondé qu’il craque de partout sans toutefois relancer le secteur du bâtiment - pour occuper son temps à orner son corps de peinture à objectifs qui s’aimeraient tribaux (c’est le big gang), le tatouage se retrouve également, plus bizarrement, sur l’anatomie du commercial de base. Ce dernier ne connaît pourtant de la prison juste ce qu’il faut pour alimenter une conversation encanaillée et de circonstance, destinée à émouvoir une fanatique du George Clooney d’Ocean Eleven ….
LUBRIQUE
Bon, comme le piercing, le tatouage est presque devenu un sex toy en trompe l’œil et, bien souvent, en trompe couillon (ne). Car l’habit (ou le déshabillé en post-néo décalcomanie) ne fait pas le moine. Surtout lubrique.
Néanmoins, l’âme, la « soul » du tatouage, malgré les effets temporels, persiste sous la peau pour peu que l’on voyage un chouïa.
En délaissant nos golden boys et executive women occidentaux, le tatouage possède encore des codes avec lesquels il ne fait pas bon rigoler.
Comme ceux, des « voleurs dans la loi » russes qui indiquent beaucoup de choses sur l’histoire de leur porteur et leur grade dans cette organisation mafieuse toute puissante chez Poutine.
Ou encore, ceux arborés sous le manteau par les Yakuza japonais. Leurs significations hiérarchiques peuvent être du même ordre que celui de leurs homologues slaves, mais revêtent des teintes plus ésotériques, mantra personnels dessinés à forts pouvoirs « mystiques ».
Et les tatouages des femmes proches de l’organisation nippone sont aussi lourds de sens érotiques. Ce qui interdit aux tatoués (ées) du pays du Soleil Levant de se pointer dans des lieux publics comme les « sento », les bains collectifs d’eau chaude, si ces derniers ne sont pas contrôlés par les Yakuza.
Ce qui aurait beaucoup plu au Français Robert Doisneau qui a publié, en 1950, un ouvrage intitulé « Les tatouages du milieu ».
Les corps peints des tôlards, souteneurs, et des prostituées, sont immortalisés par le regretté photographe. « Les putains me racontaient leurs histoires de fesses, ce n’était pas mon truc », raconte Doisneau.
Il précise que, si les tatouages étaient un code de reconnaissance du « milieu », ils étaient également une « auto-stigmatisation ». Sous les pavés du cul, la plage christique en quelque sorte …
- Chef maori
- Visage maori
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