La « Bale attitude »...
De la « Bale attitude », ou du « côté obscur » de Christian Bale.
Depuis quelque temps, sur les forums, blogs et autres bouches à oreilles, il est de bon ton de critiquer l’acteur britannique Christian Bale qui fait carrière aux Etats-Unis. On lui reproche son hyper agressivité, son côté rentre-dedans, son 1ier degré. On dit de lui qu’il est trop Con(nor) dans Terminator Renaissance et qu’il est trop raide, crispé, voire lisse, dans Public Enemies. En fait, à mots couverts, on critique son jeu pour mieux en revenir à son je que d’aucuns trouvent irritable, avec en ligne de mire, sa violence supposée à l’égard de certains membres de sa famille (il a été accusé de violences sur sa mère et sur sa sœur avant d’être disculpé) et surtout son F.U.C.K. légendaire sur le tournage du dernier Terminator ; on s’en souvient, gêné dans son jeu, il s’en prenait de manière hyper radicale, et avec moult « fuck », à un technicien ayant gâché une scène en passant dans le champ de la caméra, cf. http://www.youtube.com/watch?v=Md_OgKc4FWo. Bref, lorsqu’on le voit jouer, via une présence physique brute de décoffrage, nous reviennent en mémoire ses pétages de plombs fort connus de la « vraie vie », mais moi, ce que d’aucuns lui reprochent, je trouve ça intéressant justement.
Sans me lancer dans un plaidoyer pro domo à l’égard de Bale et sans avoir à rappeler avec insistance une filmographie qui n’a rien d’honteux (L’Empire du soleil, Portrait de femme, American Psycho, Equilibrium, Rescue Dawn, Le Nouveau monde, I’m Not There, 3h10 pour Yuma, The Dark Knight, Le Chevalier Noir), je trouve qu’il est bon dans ses deux derniers films (T4, Public Enemies) car, même s’il y joue quasi à l’identique (une raideur métallique et une voix rauque pour John Connor & Melvin Purvis), il est à fond dedans (un esprit de sérieux manifeste) et j’aime cela : certes la voix sépulcrale et caverneuse de Bale (qui ne bêle pas mais semble jouer d’« outre-tombe » !) est une signature vocale qui peut virer au tic de jeu - son aspect forcé, venant des tréfonds de je-ne-sais-trop-où, la rend mécanique et un tantinet agaçante -, mais elle a au moins le mérite de s’écarter du 12e degré à trois dollars qui est monnaie courante dans le cinéma américain actuel.
Dans Public Enemies, sa sécheresse « minérale » sert l’histoire : pour intercepter sa proie retorse (Dillinger), il se doit d’être d’une rigueur extrême. Et dans T4, l’humain qui devient une mécanique plaquée sur du vivant fonctionne à plein régime : les robots adoptent les sentiments humains pour mieux deviner leurs réactions pendant que les humains, eux, pour combattre les cyborgs froids et implacables, se doivent d’adopter un état d’esprit de machine de guerre robotique. Ainsi, là encore, le jeu froid de Bale (regard laser, mâchoire serrée) vient servir le récit crépusculaire s’inscrivant dans un monde mi-humain, mi-Terminator. Et j’irai même plus loin : puisque l’ombrageux Christian Bale a le background d’un être à la nature ambivalente – il y a du Patrick Bateman* en lui ! -, autant que les studios s’en servent ! En effet, son attitude clair-obscur dans la vie, entre ombre et lumière, noir et blanc, peut vite être récupérée par les scénaristes hollywoodiens en mal de vérisme. Par exemple, mon seul regret dans T4, c’est de ne pas entendre le F.U.C.K. anthologique de l’acteur, ne serait-ce qu’au générique final. Eh oui, hormis le « I’ll be back » en clin d’œil au 1ier prononcé par Connor/Bale, mais avec un sérieux quelque peu pontifiant, il n’y a pas de phrase culte dans ce Terminator Renaissance, contrairement aux trois premiers - « Je reviendrai. » (T1), « Hasta la vista, baby. » (T2), « Parle à ma main. » (T3) ; pourtant, un F.UC.K. bis repetita de Christian Bale aurait été de bon augure, non ?
Aussi, Hollywood et les majors se trompent, je crois que les spectateurs d’aujourd’hui, qui ont une certaine éducation à l’image (le cinéma est de plus en plus enseigné à l’école), peuvent intégrer à la fiction de base un making of qui fusionne le rêve et la réalité, l’imaginaire et le réel. Connor, labellisé Bale, est plus que jamais ambigu, double face, nébuleux. Alors pourquoi ne pas « fuckiser » à l’extrême son vocabulaire ? Ca nous changera des R2D2 asexués et des guimauves SF estampillées Lucas Films & Cie. FUCK ! Vive les fucking masterpieces au sein même du mainstream hollywoodien, je veux du main… scream qui exacerbe l’intériorité des acteurs, quoi !
* C’est le personnage de psychopathe à la double personnalité inventé par Bret Easton Ellis, golden boy le jour serial killer la nuit, qui a fait de lui une vedette au cinéma, American Psycho (2000) par Mary Harron. Pour tout savoir sur Christian Bale : http://balefiles.org/
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