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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La carte et le territoire : Houellebecq égaré dans une carte (...)

La carte et le territoire : Houellebecq égaré dans une carte Michelin

 
Jed Martin est un garçon trentenaire et peu déterminé. Toutefois cet artiste a la chance de voir son travail autour des cartes routières Michelin repéré par la somptueuse Olga.

Attachée à la communication pour le développement de la clientèle étrangère de Bibendum, cette beauté slave dont Frédéric Beigbeder (qui fait un peu de figuration dans le roman) prétend qu’elle est une des dix plus belles femmes de Paris, est une sorte de fée qui va lancer sa carrière. Elle aura plus de mal à le sortir de sa torpeur. Apathique et maintenant fortuné, Jed devient un sybarite proustien : un gars aisé qui profite de la vie sans but ni besoin de travailler.

Jed connaît l’apogée alors qu’il passe à la peinture avec une série sur les métiers et des portraits de personnalités (J-P Pernault, Bill Gates et Steve Jobs, etc.) et un catalogue talentueusement préfacé par Houellebecq. 

La rencontre entre les deux hommes auraient pu être déterminante, sans qu’on sache pour lequel des deux, si Houellebecq n’était sauvagement assassiné...

La carte et le territoire est un roman étonnant, qu’on traverse avec des impressions plutôt contradictoires.

D’un côté une belle aisance littéraire, qui transporte vite malgré un sujet surfait et commode à critiquer (le monde de l’art contemporain), et un personnage principal aussi transparent que négligé. Jed Martin n’aurait pas grand chose à envier au lymphatisme puissant du Vivien de la dernière édition de Koh Lanta (pour ceux qui regardent).

De l’autre une absence d’intrigue, longtemps masquée par une écriture qui confine à la chronique et à une description quelquefois amusante du monde contemporain. A l’abri de son succès, Houellebecq se la joue cynique et désabusé. Comme s’il était l’élève qu’on ne peut pas punir parce qu’il est le fils du directeur, il amuse son auditoire en balançant tout haut des vacheries qu’on garde normalement pour la cour de récré.

Et puis la mécanique s’épuise, et Houellebecq se cherche un second souffle en assassinant son propre personnage. En se déchiquetant par le truchement des mots, Houellebecq s’achève au propre et au figuré comme il déchire un épisode d’autofiction. 

L’irruption subite du polar ne semble rien de plus qu’une manière de tirer vite un rideau de pudeur, sur celui qui imagine avec un peu de honte et de confusion qu’il s’est trop exposé. 

Là encore, même dans le polar, on retrouve un Houellebecq qui ne se départit pas de ce manque d’engagement. Toujours en position d’observateur décalé, il s’occupe moins de son enquête que de digresser sur l’intimité de ses enquêteurs !

C’est aussi dans le style que Houellebecq se cherche un peu, en jouant de la description brute du monde contemporain à coups de précisions techniques, de notices d’emplois, que certains compareront à des aplats en peintures. Certains feindront de les trouver "géniales". Pour ma part j’ai eu une sensation de remplissage, un artifice pour arriver à passer les 400 pages. 

Ce qui est bizarre dans le fond c’est de trouver chez ce romancier installé, réputé et qui a sans doute le temps d’écrire, un tel dilettantisme.
 
Certains, notamment la critique parue chez Slate.fr, annoncent un roman "écrit pour le Goncourt". Je ne sais pas bien ce que ça veut dire "écrire pour le Goncourt".
En revanche je suis plus certain d’avoir lu un roman facile, écrit par un romancier doué mais fainéant.
 

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12 réactions à cet article    


  • morice morice 7 octobre 2010 13:13

    parce que ce poseur est un écrivain ?

    Certains, notamment la critique parue chez Slate.fr, annoncent un roman « écrit pour le Goncourt ». Je ne sais pas bien ce que ça veut dire « écrire pour le Goncourt ».

    euh s’il en hérite c’est à désespérer de la littérature....

    • furio furio 7 octobre 2010 13:19

      Houellebecq ? on se demande comment ce type peut écrire tellement il est à l’Ouest sur tout. Lorsqu’il est interrogé sur un sujet bateau comme la validité d’une carte d’identité, il décroche trés rapidement. Alors oui il a du génie pour faire 400 pages avec rien. Mais enfin bon ! De là à...en faire un Goncourt. Houellebecq c’est un peu beaucoup, l’étudiant à qui le pion demande de faire 10 pages sur l’ombre d’une boule de billard.


      • JJ il muratore JJ il muratore 9 octobre 2010 08:07

        @furio. Ah bon ! un écrivain doit savoir répondre aux questions bateau ? et connaître, par exemple, la validité d’une carte d’identité ?
        Quand à « faire 10 pages sur l’ombre d’une boule de billard » je connais plus d’écrivains capables de les pondre (de Proust à Borgès en passant par Perec) que de cette sorte « d’écrivains » que vous avez l’air d’aimer car ils jouent bien au « Trivial poursuit  » où à « Qui veut gagner des millions » de JP ? Foucault...
        A mon avis vous devez être très fort à ces jeux, pourquoi alors n’êtes-vous pas écrits-vains ?


      • Christian Creseveur Christian Creseveur 7 octobre 2010 16:02

        Une prise de Houelle-bec, donc !
        Oui !


      • Francis, agnotologue JL 7 octobre 2010 15:59

        Je ne sais pas pourquoi, Houellebecq me fait penser à Sagan. J’ai lu Sagan mais pas Houellebecq : je ne parle donc pas de leurs productions.


        • vinvin 7 octobre 2010 22:06

          Moi je n’ ai aucune animosité envers HOUELLEBECQ, mais comme écrivain je lui préfère son ancien voisin d’ immeuble, MARC-EDOUARD-NABE ! 


          Monsieur NABE et son célèbre livre, AU RÉGAL DES VERMINES, c’ est royal !




          Cordialement.




          VINVIN.

          • asterix asterix 8 octobre 2010 07:23

            Houellebecq est passé du stade d’écrivain contemporain à celui de producteur de livres. Sans doute a-t-il à payer une maison, un chalet que sais-je encore. Il sait qu’en se mettant à son écritoire, il va gagner un max et se sent maintenant obligé de sortir un livre tous les trois ans, comme s’il avait d’abord à faire face à un paquet de factures impayées.
            Un écrivain à succès... 


            • vinvin 8 octobre 2010 21:53

              Bien sur je peu me tromper, mais mon analyse personnelle est que HOUELLEBECQ écrit pour vendre et faire du chiffre, ( autrement dit un business,) alors que son ami et ancien voisin MARC-EDOUARD-NABE écrit pour écrire, ( un peu comme un art, car Monsieur NABE dit toujours que l’ écriture est un art,) et a mon avis il a raison a ce niveau car il n’ est pas donné a tout le monde de pouvoir écrire des livres.


              D’ ailleurs, la preuve en est que au niveau des chiffres de ventes HOUELLEBECQ a un chiffre de vente supérieur a celui de Monsieur NABE, car HOUELLEBECQ écrit ce que les gens ont envie de lire, alors que Monsieur NABE écrit ce qu’ il a envie d’ écrire.



              Cordialement.




              VINVIN.

              • JJ il muratore JJ il muratore 9 octobre 2010 08:16

                @VINVIN. « Houellebeck écrit ce que les gens ont envie de lire »
                Vous êtes le premier à dire cela de Houellebeck !
                On peut ne pas aimer son oeuvre, son style, le regard qu’il porte sur notre monde, ce qu’il est en tant que personne, mais dire qu’il écrit ce que nous nous avons envie de lire, là excusez moi, mais c’est tout le contraire car Houellebeck nous dérange. Houellebeck est dérangeant.
                Houellebeck est « un ennemi public » (à lire !)
                Cordialement.


                • Christian Creseveur Christian Creseveur 9 octobre 2010 11:11

                  Houellebecq est tout sauf un ennemi public. S’il est un ennemi, c’est de lui-même.
                  Aussi dire qu’il dérange c’est un peu une figure de style. Il provoque un peu. Il a beaucoup provoqué. Mais aujourd’hui ?
                  S’il dérange c’est surtout sur la valeur qu’on lui attribue et qui est assez décalée de la réalité.
                  En revanche je vous suis sur le fait qu’il n’écrive pas ce que les gens ont envie de lire.
                  D’abord qui peut dire ce que les gens ont envie de lire ?
                  Et au préalable, Houellebecq sait-il ce qu’il a envie d’écrire ?


                • JJ il muratore JJ il muratore 9 octobre 2010 13:22

                  Il n’est l’ennemi de personne, mais « un certain public » le considère lui comme un ennemi (si non un public du moins certains critiques qui ont été particulièrement odieux envers -non pas ses textes- mais sa personne)
                  Je ne sais si vous avez lu son échange épistolaire avec BHL sous ce titre « d’ennemis publics » ? Je l’ai trouvé très fin (M.H) et subtilement dans la dérision.
                  Ceci dit c’est bien connu qu’il n’y a jamais un Lecteur, mais autant de lectures que de lecteurs.


                • vinvin 10 octobre 2010 00:56

                  (@JJMURATORE).


                  Alors je me demande si c’ est moi qui ai une fausse opinion de HOUELLEBECQ, ou c’ est vous qui confondez HOUELLEBECQ avec MARC-EDOUARD- NABE ?...

                  Car c’ est exactement le portrait de NABE que vous décrivez. En effet Monsieur NABE est souvent considéré comme un ennemi et il est très stigmatisé dans le milieu littéraire, la presse et les médiats. De plus lui aussi dérange beaucoup de monde par ses écrits.

                  Lorsque NABE a écrit que : ( les noirs par ne peuvent évolués que très lentement en perdant leurs jouets en route, et les noirs avec leur puissance cosmique ne rêvent que de nous enculé, et que l’ Afrique est pleine de ses sale nègres qui ressemblent a des érmaphrodites qui après leur opération ne sont plus ni hommes ni femmes ni bêtes, ni plus rien,) cela dans son livre LE RÉGAL DES VERMINES, cela a choqué beaucoup de monde. 

                  Dans le même, il écrit également a propos des juifs que : (Les actuels attentats contre le juifs ne sont que des rots bruyants, comparé a la seconde guerre mondiale qui n’ a pas réussie a avoir raison de Yahvé,) cela aussi avait terriblement choqué l’ opinion publique a l’ époque.

                  En 1985 invité de l’ émission de Bernard Pivot, APOSTROPHE, Monsieur NABE avait encore choqué lorsque sur le plateau il avait déclaré que : (Le MRAP se servait de la putréfaction des cadavre en de la SHOAH pour remplir son compte bancaire tout aussi pourrit).

                  Monsieur NABE c’ était d’ ailleurs pris un coup de poing dans les coulisses a la fin de l’ émission !

                  Donc, je pense que l’ ennemi public, l’ écrivain dérangeant, est plus Monsieur M.EDOUARD- NABE, que monsieur HOUELLEBECQ.

                  Saut bien sur si Monsieur HOUELLEBECQ écrit le même style de livres ?....

                  Je ne connais pas car je n’ ai pas eu l’ occasion de lire l’ un de ses livres, donc je peut me tromper sur le personne !......

                  En revanche j’ ai lu le livre de NABE intitulé UNE LUEUR D’ ESPOIR ( édition du ROCHER,) et croyez-moi dans ce livre aussi Monsieur NABE dérange beaucoup. ( Bref, il allume le feu lorsqu’ il parle des attentats du 11 Septembre !).




                  Cordialement.




                  VINVIN.

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