La Crue
La crue
La boue se recouvrait de moutons d'écume
Tandis que le vent soufflait par grandes risées
Des remous se creusaient défiant la brume
La Loire essorait un ciel liquéfié
Sur les flots, des remous formaient des spirales
Des langues d'eau s'insinuaient dans les terres
Donnant à tous les riverains le signal
De sa terrible intrusion délétère
La rivière prise d'une effrayante vitesse
Charriait des victimes et des décombres
Qui avaient cédé à sa course vengeresse
Pour ne paraître maintenant que des ombres
Toutes ces choses passaient à travers un songe
Qu'un courant furieux transformait en cauchemar
La pluie gonflait les cœurs telle une éponge
Noyant des destins en brisant leurs amarres
Pour beaucoup les varennes devenaient leur linceul
La clameur de la Loire pour dernière oraison
Pour toute bière un hangar ou un tilleul
Pour des adieux à quelques pas de leur maison
De sinistres épaves glissaient, ténébreuses
Faisant cortège à ceux qui n'en reviendront pas
Portant le deuil sous la couche boueuse
D'une colère d'un ciel qui sonne le glas
Parmi les rescapés au visage blême
Combien seront-ils à pouvoir lui pardonner
Crachant dans les eaux d'odieux anathèmes
Pour toutes ces existences qu'elles ont dérobées
Le temps passé n'effacera pas ce drame
Dans les cœurs ligériens la défiance
Fera place à la peur à la moindre alarme
Pour une union devenue mésalliance
À la manière de Maurice Genevoix
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