La cuisine du diable
Genèse rocambolesque, pour mieux imager la tragédie des siècles qui se
déroule sur la terre depuis le début des temps. Je décrirais
librement et sommairement ce qui participe à l’évolution de l’être humain,
principalement à la lumière de la psychanalyse Freudienne et de la
psychologie des profondeurs Jungienne. Ce sont des outils de travail
parmi d’autres qui nous invitent à pénétrer la complexité de la psyché
humaine par l’activation de notre imaginaire.

Le nom de la terre elle prit. En ce temps là, le calendrier des postes n’inclinait pas à l’homonymie. Ainsi Adam, prototype exemplaire allait connaitre une mutation exponentielle au sein de la "société du croissant fertile et compagnie", entre le Tigre et l’Euphrate, des années "presque" lumières avant l’arrivée de G. w. Bush et ses boys. Les braves innocents, le bras armé d’un destin implacable.
Selon une attitude désormais coutumière, la créature s’ennuyait en son Eden luxuriant. Il lui manquait en miroir le plaisir de se retrouver dans les yeux de l’autre.
Exhaussé il fut. Lilith émergea des abattis et des limbes paternels dans le grondement des abysses et du moindre zéphyr des nimbes génésiaques. Lilith, la paradoxale, la mystérieuse, était née.
Adam l’observa dubitatif et sourcilleux : Non, je ne la reconnais pas ! Entendez-vous bonnes gens, il ne la reconnut pas le bougre.
Lilith, beauté primordiale, innocente créature, fut répudiée avant d’avoir émis le premier souffle. Ainsi elle devint une démone chtonienne dévoreuse et lubrique, sans doute par dépit. Le sort en fut jeté, et les archétypes les plus redoutables prirent racine dans cette créature aux pouvoirs insoupçonnés.
Reconnaissez que notre grand ancêtre venait de commettre la première faute à l’endroit de son extraordinaire compagne. Il tapait sur les écritures la fripouille.
Dans sa grande mansuétude, le créateur du ciel et de la terre lui suggéra une stratégie égocentrique. De sa chair naquit Eve, son alter ego. Ainsi la société humaine prit son envol dans une triangulation infernale que beaucoup de commentateurs, scientifiques et exégètes, dénoncèrent unanimement. La contestation fit rage.
Maintenant Lilith, désormais dissidente, séduisante amazone, oeuvre clandestinement dans la révolte déclarée contre la volonté des mâles. Quant à Eve, légitime mais naturellement possessive, elle sent rôder le danger et n’accepte pas la concurrence. Ainsi naquit la stratégie de la tenaille féminine sur le pauvre mâle esseulé, qui devint plus tard la théorie de la triangulation chère à Eric Bern, l’analyste transactionnel.
Des lunes et des lunes parcoururent le céleste écliptique avant que des spécialistes, carabins que la psyché "gratouille", docteurs knock que l’intérêt chatouille, chercheurs sincères que la morale approuve, et autres psychanalystes de vocation, grands éboueurs du XIX ème siècle finissant, pour que tout devienne lumineux "sous le soleil de Satan".
Je vous ai présenté le féminin version pentateuque remaniée. Pour mieux illustrer l’évolution moderne de sa progéniture, voici venir les archétypes féminins et leurs visages interminables, infernaux et confondants.
Je vous invite maintenant à pénétrer dans le musée de nos errances oniriques diurnes et nocturnes pour découvrir, répertoriés, les succubes, déesses, amazones et autres prêtresses témoins des âmes tourmentées pour les uns, et génératrices de talents pour les autres...principalement pour ceux qui ne se modélisent pas exclusivement sur l’ancêtre indélicat, le terrien originel, le primate à la grosse tête...Adam, pour ne pas le nommer.
Trois éléments principaux de la personnalité apparaissent dans les rêves comme des figures séparées :
L’Ombre, personnification des pires fautes et des pires faiblesses, mais aussi des qualités que l’on grandit chez l’autre et que l’on omet de développer chez nous.
L’Anima ou l’Animus, représentant pour la première, l’âme de la femme dans le coeur de l’homme, pour le second, les attributs masculins dans l’esprit et le comportement de la femme.
L’Idéal du moi, le plus haut potentiel que l’individu peut atteindre et qui communique avec lui dans les rêves.
La qualité majeure de l’être intérieur étant l’énergie psychique, chacune de ces figures représente un aspect différent des forces vitales à la disposition de chacun de nous.
Il existe un nombre infini de cas où l’on a pris les projections pour la réalité, par la suite un conflit est né jusqu’à la maladie, voire jusqu’à la mort.
Ainsi des positionnements paradoxaux foisonnent sur l’échiquier de nos misérables vies. Hier encore, en plein vol, un passager nigérien préparait un attentat pour se faire exploser avec tout le contenu de l’avion. Depuis toujours, des responsables et des suivants religieux, toutes religions confondues, sont capables de tuer avec conviction. Au XXI ème siècle, des femmes promènent leur prison sur le dos, parce que des exaltés, des malades, des sectaires ont décidé, dans un pays médiéval corrompu, des mille et une plaies, que la femme est une chose punissable.
Pendant ce temps des parlementaires, toutes politiques confondues, hésitent à dénoncer la burqa comme symbole taliban d’asservissement. Avons nous l’intention d’aider l’Europe à se transformer en une espèce d’Iran médiéval totalitaire... L’archaïsme est derrière nous, toute initiative cultuelle ou culturelle qui va à l’encontre de l’évolution de l’humanité doit être écartée.
A l’intérieur des consciences humaines, les archétypes actionnent les ficelles, en surface nous nous agitons.
Je poursuis la visite guidée de notre musée intérieur.
Voici la Grande Mère ; la mère terre. Elle représente l’intégrité en puissance chez la femme. C’est une vision spirituelle dont le caractère peut se cultiver et s’épanouir de multiples façons et dans toutes les circonstances, même évidemment hors maternité.
Quatre archétypes participent activement à l’expression du caractère. A travers l’énergie psychique qu’ils véhiculent, les fonctions psychologiques en résultant prennent sens dans une articulation flexible évolutive ou involutive.
La mère redoutable. C’est la forme maternelle et protectrice de la femme. Elle peut se révéler possessive, dévorante et destructrice. Des faits récents éclairent monstrueusement ce comportement déviant.
Chez de nombreuses mères existent d’authentiques pulsions agressives qu’elles exercent par des actions répressives, en s’opposant à certaines activités instinctives de l’enfant en bas âge : orales, anales, naturellement agressives. En définitive, cet archétype, dans sa forme biblique primitive, nous parle de Lilith.
Il se rattache à la fonction irrationnelle sensation. C’est une façon de percevoir le monde à travers les cinq sens (odorat, ouïe, goût, vue, toucher) toutes les formes sensitives. C’est l’attention au réel, au présent. C’est la racine, le fondement de la personnalité, ce qui explique son hégémonie dans la globalité de l’âme humaine.
La princesse, la séductrice. Rattachée à la fonction sentiment. La jeunesse et le charme au service de l’art de plaire et d’être aimé. Peut évoluer en sirène fatale, briseuse de ménage. L’imagination érotique dans le monde clos du narcissisme.
La fonction sentiment qu’elle génère est rationnelle. Il entre toujours dans les jugements une teinte affective, qui les rend fatalement subjectifs, sympathiques ou antipathiques, sans critère intellectuel. Cette fonction transmet la valeur de la chose perçue, le rapport entre sujet et objet. Elle est toujours concernée par les émotions qu’elle suscite
L’Amazone, la Chasseresse. Les qualités intellectuelles chez la femme, c’est l’affrontement frontal avec l’homme, pour le pouvoir. Un des talons d’Achille pour une immense majorité d’hommes.
Se rattache à la fonction rationnelle pensée. Cette fonction nous indique ce que signifie la chose perçue, elle apprécie en vrai ou faux, juste ou injuste. Elle examine, structure, calcule, critique, soupèse, exclut, précise organise. Elle est par essence, non émotive, non affective et capable de ce fait de logique et d’objectivité. Elle établit des rapports entre les idées et les choses, cherche le lien qui les unit : c’est un instrument d’analyse et de synthèse.
La prêtresse, la sorcière. L’intuition, cette faculté plus naturellement féminine, peu favorisée dans la société moderne. Absurde au regard de la raison du mâle "pensant".
En lien avec la fonction irrationnelle intuition, fonction du devenir, la perception de ce qui pourrait être, l’avenir, ou de ce qui a dû être, le passé.
L’intuition pressent les potentialités virtuelles, chose, être, situation. L’imaginaire est prépondérant. Elle stimule et façonne l’expression artistique, la vision, l’invention.
L’intuition primitive peut être tronquée, dépourvue de spiritualité, bloquée dans un univers de visions subjectives, coupées de toute réalité.
Cette liste, qui n’est pas exhaustive, développe un monde hermétique pour certains, nous parle d’une réalité psychique pour les autres. Dans tous les cas de figure, ces aspects de l’énergie féminine, chacun avec son côté sombre et négatif, sont susceptibles d’agir comme modèles d’influence à l’intérieur du caractère individuel. Quand on parvient à maintenir un équilibre adéquat entre les composants de la psyché, il nous ai donné de développer et d’épanouir notre personnalité.
Quand un archétype s’empare partiellement ou totalement d’un esprit, la névrose, la psychose ou la mort sont au rendez-vous. Le monde chaotique traduit dans les faits son enfantement douloureux, et cela depuis toujours. La connaissance ne semble même pas influencer positivement cette fâcheuse destinée. " Le coeur a ses raisons que la raison ignore. "
Anna Freud, Initiatiation à la psychanalyse pour éducateurs
C. G. Jung, l’homme à la recherche de son âme, Payot.
C. G. Jung, Dialectique du moi et de l’inconscient, Payot,
C. G. Jung, Types psychologiques, Payot
24 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON