La culture, priorité oubliée de l’Union Européenne
Il a fallu attendre le traité de Maastricht en 1993, pour voir l’Union Européenne obtenir des compétences en matière culturelle. En réalité, son rôle est assez limité puisqu’elle ne peut que favoriser la coopération des opérateurs culturels… Pour faire entendre les revendications des Industries Créatives et Culturelles (ICC) à Bruxelles, il faut compter sur la société civile…
La culture ADN de l’Europe sans compétence
C’est notamment la raison d’être de l’association Culture Action Europe, qui souhaite « placer la culture au cœur du débat public et des prises de décision à tout niveau » et « encourager le développement de l’Union Européenne, excluant l’hégémonie d’une seule langue, culture ou religion ». Ces enjeux sont d’ailleurs fortement présents dans les négociations de l’accord commercial entre l’Europe et les Etats-Unis. Déjà en 2007, la commission européenne rappelait les propos de Dario Fo : « avant même que l’Europe ne soit unie au plan économique ou conçue au niveau des intérêts économiques et des échanges, c’est la culture qui unissait tous les pays d’Europe »…
L’économie de la connaissance passe par la culture
Au moment d’établir la stratégie de Lisbonne, l’ensemble des pays membres était d’accord pour consacrer l’importance des investissements dans le secteur de la culture. Mais depuis l’an 2000, la crise financière est passée par là et les priorités des gouvernements nationaux semblent s’être recentrées sur la gestion sociale de leur population, sacrifiant au court terme nos intérêts stratégiques. Malgré l’étude réalisée par KEA Affaires Publiques qui rappelle qu’au « sein du « secteur créatif », la culture devient un « input » dans la production de biens non culturels », sa recommandation de renforcer l’article 151 du Traité de Maastricht instituant « l’espace culturel commun » a permis quelques évolutions sans radicalement changer la donne
La culture prise dans la méthode ouverte de coordination
En effet, en 2008 la culture a rejoint le champ de la méthode ouverte de coordination, une nouvelle forme de gouvernance qui permet de réunir les acteurs de la culture et les Etats mais qui ne dépasse pas l’approche intergouvernementale. En somme, ce changement qui passe pour une avancée, dissimule en réalité le manque d’implication et de moyens de nos instances communautaires pour soutenir ce secteur pourtant stratégique.
France Créative : le lobbying, une « nouvelle » pratique de la démocratie européenne
L’intégration, plus poussée des 27 partenaires européens marquerait indéniablement un changement de paradigme en faisant basculer cet OVNI politique dans le registre classique du fédéralisme. Mais avec les spécificités identitaires des pays membres et la résurgence du nationalisme protecteur, cette hypothèse semble pour l’heure exclue. C’est devant ce constat et l’impuissance de la commission libérale de Bruxelles, que les professionnels français se sont regroupés au sein de la structure Créative France pour défendre leurs métiers… Comme l’expliquait parfaitement le journal Le Monde : « le rôle joué par les lobbies du numérique et des géants américains de l'Internet qui font le siège de Bruxelles est loin d'être négligeable ».
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