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La pleurante des rues de Prague

La pleurante des rues de Prague texte de Sylvie Germain éditioins Gallimard ; adaptation conception et jeu Claire Ruppli Théâtre des Vents. Création sonore : Gaetan Lajoye ; Création Lumière : Benoît Pimont ; Régie : Sandy Leonard

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L’âme de Prague erre les rues parfois. Elle a la silhouette d’une femme immense qui claudique, sans corps ni épaisseur, elle porte l’histoire de ce lieu et même l’histoire du monde, elle est nostalgie pure, une évocation discrète de la ville. Cette géante, terrifiante de prime abord, a tout d'un être meurtri. On ne saura rien de plus sur elle, au fil de ses apparitions. Chacune de ses sorties porte quelque chose de Prague, une dimension, un aspect, dans un état d’âme fréquemment relié au chagrin et à la souffrance. La langue est poétique, empreinte de douceur : « Elle va partout, elle n’habite nulle part, elle hante tous les lieux. (…) Un instant la vie est là, lumineuse, et le monde nous est offert. Cela ne dure pas, mais cela laisse des traces, runes d’amour fou gravés au profond de la chair, de la mémoire, et du désir de la pensée. Runes qui longtemps, longtemps scandent leurs chants en sourdine dans notre sang. »

 

Claire Ruppli a réussi une adaptation impeccable de ce « roman », portrait de Prague. Elle est l’autrice, elle est la silhouette, elle est sa porte-parole, elle est la narratrice… Tout d’économie de moyens, elle est parfaite dans sa façon de dire ce texte, de l’habiter et de l’adresser au public. Peu de lumières, (il faut noter l’excellence de Gaëtan Lajoye et de ses propositions si justes, si douces et porteuses de sens), peu de gestes, un grand imperméable beige et quand, au théâtre des vents, apparaissent les pierres du mur, on est mis en situation, on voit Prague et sa pleurante errante dans la brume et la lumière ouatée, diffractée. Les sons de Benoit Pimont créent un espace discret et puissant. Ces artistes collaborent à une grande unité qui donne une ambiance de la poésie pure. Bravo.

Claire Ruppli a rencontré Sylvie Germain à propos de ce texte. Elle l’a déjà adapté avec succès au théâtre des Halles d’Avignon pour le festival de 2009.

Claire Ruppli s’est formée à l'école Jacques Lecoq, puis à la rue Blanche-École Nationale. Elle a réalisé un documentaire sur cette école intitulé Blanche rhapsodie – Mémoire de Théâtre  : https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/blanche-rhapsodie-memoire-de-195095

Claire Ruppli codirige le théâtre des vents depuis Septembre 2020, avec Stéphane Roux, une salle avec une riche programmation, dont cette pleurante lyrique, image de milliards de visages absents.

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