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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La sirène du Mississippi : Bessie Smith

La sirène du Mississippi : Bessie Smith

Je vous parle d’un temps que les moins de quatre fois vingt ans ne peuvent pas connaître. Le blues en ce temps-là donnait toute sa voix...Bessie Smith a inspiré Billie Holyday, Nina Simone, Mahalia Jackson, Sarah Vaughan, Janis Joplin, Norah Jones et...Carla Bruni ! Elle a chanté avec de grands jazzmen dont Louis Armstrong avec qui elle grava un « Saint Louis Blues » déchirant. Cette orpheline très pauvre qui devint l’impératrice du blues, mourut tragiquement au moment où elle renouait avec le succès.

 
Quelque chose en elle du Tennessee natal de cette grande dame lui donna cette voix de blues si déchirante, si dramatique qui fait encore référence aujourd’hui.
 
Bessie Smith était née un 15 avril de l’année 1894. Orpheline de père et de mère, elle devint chanteuse de rue dans les rues de sa ville natale de Chattanooga. Elle chantait avec son frère Andrew auprès d’un couple qui, ironie du sort pour ces orphelins, s’appelait "Ma and Pa" (maman et papa).
 
Elle connut l’extrême pauvreté jusqu’au jour où le succès lui tomba dessus. Elle enregistre son premier disque, avec le pianiste Clarence Williams et c’est le jack pot, le titre "Gulf Coast Blues" se vend à 750.000 exemplaires !
 
Sa toute première chanson fut enregistrée chez Columbia Records en 1923, "Downhearted Blues" (le Blues abattu). En l’espace de dix ans seulement (1923-1933), elle enregistrera environ 160 chansons pour ce label.
 
Très vite elle devient l’une des artistes afro-américaines parmi les mieux payées des années 1920. Elle gagna des fortunes qu’elle dépensa aussitôt.
 
 
Sa vie ne sera pas celle d’une nonne. Nuits blanches, bagarres, violentes disputes conjugales, ivresses et consommation de joints étaient son lot quotidien mais aussi sa source d’inspiration. Que l’on juge plutôt : lors de la Prohibition, Bessie chantait "Any bootlegger is a pal of mine" - ("N’importe quel fabricant d’alcool clandestin est mon copain") ou encore "Faites gaffe à vos rasoirs et à vos flingues, On va se faire arrêter quand le panier à salade va arriver" ou "Voilà trente jours que je suis en tôle, le dos au mur, geôlier, mets une autre fille dans ma cellule".
 
Bessie Smith va surtout devenir l’une des grandes voix de la musique noire américaine. Sa puissance dramatique incomparable faisant de ses interprétations de véritables chefs-d’oeuvre artistiques.
 
La plupart de ses titres sont aujourd’hui considérés comme des classiques de la musique noire-américaine.
 
"Saint Louis Blues",
"Jailhouse Blues",
"Careless Love",
"Weeping Willow Blues",
"Back Water Blues",
"Nobody Knows you When you’re Down and Out", qui a inspiré Carla Bruni  !
"Gimme a Pigfoot",
"Take Me for a Buggy Ride"
"I’m Down in the Dumps".
 
Ou encore à écouter sur Jiwa : la quintesscence.
 
Sa carrière fut freinée par le début de la Grande Dépression des années 1930. Oubliée, démodée, elle s’efface puis commence à remonter, à renouer avec le succès, ayant évolué. Mais elle meurt subitement le soir du 26 septembre 1937, dans un accident de voiture avec son ami Richard Morgan (qui se trouve être l’oncle du musicien de jazz Lionel Hampton).
 
Pas de chance, elle venait de refaire sa vie sentimentale, plus calme, plus sereine. Mais elle était entrée dans la légende du jazz ! 

 

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12 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 14 avril 2010 10:45

    Salut, Voris.

    Un grand merci pour cet hommage à LA grande dame du blues. « Déchirant », c’est le mot pour son extraordinaire version du Saint Louis Blues. J’ajouterai aux titres cités les magnifiques :
    Devil’s Gonna Git You 
    Empty Bed Blues
    Do Your Duty
    Jazzbo Brown From Memphis Town
    Nobody’s Blues But Mine
    et quelques autres que je n’ai plus en tête...

    A noter que Bessie Smith n’a pas été la seule grande voix du blues. Je pense notamment à Lil Johnson, à Clara Smithy pour son extraordinaire (et déchirant là aussi) Shipwrecked Blues ou à Lil Green, notamment pour son très prenant Why Don’t You Do Right ?

    De très grandes dames assurément, possédant de la voix et capable d’une formidable émotion. Malheureusement de nos jours, en France du moins, c’est à des Carla Bruni ou à des Charlotte Gainsbourg que vont les honneurs. Et ça, franchement, ça me fiche les boules !!!

    Bonne journée.


    • Voris 14 avril 2010 10:57

      Salut Fergus,

      Aujourd’hui, on préfère ce « qui déchire » aux chants déchirants, les « remix » aux bandes originales, les sons saturés aux mélodies profondes, les chanteuses people aux artistes viscéraux & vice héros.

      Je ne l’ai pas mis dans l’article pour pas faire de pub pour une chaîne câblée mais c’est sur Mezzo que l’on peut regarder des vieux clips de Bessie Smith et ses amis. Un voyage aux sources du blues et du jazz, loin des Star’Ac. 


    • Fergus Fergus 14 avril 2010 11:04

      Erratum : Clara Smith et non Clara Smithy.

      Merci, Voris, pour l’indication de ce site.


    • Voris 14 avril 2010 11:10

      Ah ! Je ne l’ai pas dit non plus (que de cachotteries qui méritent le cachot !) mais le titre m’a été inspiré par le film de Truffaut que j’ai regardé dimanche sur Arte. Il y a dans ce film une noirceur et une question d’argent qui, j’ai trouvé, correspondaient bien à l’histoire de Bessie Smith.


    • morice morice 14 avril 2010 11:08

      Un truc étonnant à savoir : Bessie Smith avait été repéré dans un bouge infâme par un mec extraordinaire dont j’ai conté l’histoire dans Jazz-Hot  : John Hammond Senior, gars EXTRAORDINAIRE, tout jeune alors, et papa du John Hammond qui joue si bien du blues et adore la France (et son vin) !


      Hammond a signé entre autres Billie Holiday, Count Basie (qu’il avait entendu à la radio !) , Dylan Springsteen, et Aretha Franklin et ... Stevie Ray Vaughan, qui lui devait tout. Il avait aussi signé Mike Bloomfield, le grand oublié...

      Merci pour le rappel de cette chanteuse FABULEUSE, Voris ! faites nous Aretha, la fois prochaine !

      • Voris 14 avril 2010 11:37

        Morice, tu dis avoir écrit dans la revue Jazz hot fondée par Charles Delaunay et animée très tôt par Boris Vian ? On peut lire tes articles en ligne ?

        P.S : Il se trouve que Anne Legrand, auteur d’un livre sur Delaunay, fait une conférence ce soir à Quimper sur « la place des femmes dans le jazz » (info : 18 h 30 à la médiathèque).
         


      • jack mandon jack mandon 14 avril 2010 12:38

        @ Voris

        Les chants afro-américains et les belles voix qui les portent jusqu’à l’apothéose,
        continuent à influencer la musique mondiale, qu’on le veuille ou non.
        Quand un jeune talent surfe sur cette veine on ne sait pas toujours pourquoi,
        mais l’on est charmé et conquis.
        L’art viscéral africain parle au coeur de tous les êtres sensibles mais aussi
        aux esthètes et aux artistes de tous les temps.
        Merci de faire briller un moment de création.
        Au plaisir de vous lire


        • norbert gabriel norbert gabriel 14 avril 2010 15:28

          En France, on a Elisabeth Wiener qui pourrait tenir ce rôle, si elle n’était trop délibérément insaisissable, et inclassable ...
          Et aussi Patricia Lai, aussi marginale et feu follet...


          • Voris 14 avril 2010 16:05

            Merci Norbert. Je ne les connais pas toutes, c’est pour cela que j’irai à la conférence ce soir. smiley Pour une suite peut-être à cette série...


          • Voris 14 avril 2010 16:03

            602 articles ! J’ai oublié de célébrer le 600 ème, tant pis. On ne sent pas les articles passer... Me voici donc au Panthéon d’Agoravox avec Bernard Dugué (maillot jaune) et le dessinateur Snut.

            Carlo, j’exige ma médaille en chocolat !


            • Voris 15 avril 2010 08:41

              Mais je n’ai pas encore trouvé d’article sur Agoravox parlant de Billie Holiday. Une lacune.


            • vinvin 15 avril 2010 01:31

              (@L’ AUTEUR).


              Merci pour cet excellent article et pour vos liens.

              Vraiment sublime, avec les plus grandes stars, et les plus grand chanteurs et chanteuses de Blues, J’ ai adoré.

              Par ce que moi : TOUTE LA MUSIQUE QUE J’ AIME, ELLE VIENT DE LA,.... ELLE VIENT DE LA,... HO, ELLE VIENT DE LA, ELLE VIENT DU BLUES !

              (J’ aime aussi le Gospel ! )

              Au début des année 80 in est sorti un film intitulé THE ROSE qui retrace la carrière et sa fin dramatique, de la chanteuse JANIS JOPLIN. Magnifique, ce film est vraiment a voir !......


              Bien cordialement.



              VINVIN.





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