Cette semaine, deux faits d’actualité se trouvent étonnamment liés : la commémoration des attentats du 11 septembre et la sortie en salle sur nos écrans du dernier film de Xavier Beauvois, « Des hommes et des dieux ». Pourquoi cette relation ? Le premier évènement est à l’origine de la volonté d’un pasteur américain de brûler des exemplaires du Coran, le second nous invite à réfléchir posément à l’antagonisme entre les religions et aux moyens d’y répondre. Face à ces réactions fortement contrastées, une question brûlante : le vingt et unième siècle peut-il encore être celui de la tolérance ?
« Des hommes et des dieux » et un fait divers. En 1996, des moines vivant dans le monastère du mont Atlas sont enlevés puis assassinés dans des circonstances qui conservent encore leur part de mystère. Le réalisateur retrace ici leur quotidien avant le drame, avec une sobriété à l’image du recueillement dans lequel vivent ces frères. Menacés en leur qualité d’occidentaux expatriés, ils ont conscience que leur heure est comptée, mais oseront-ils fuir, oseront-ils partir ? Des moments de doute, des choix difficiles, qui sont abordés à deux ou à plusieurs, lors de réunions décisionnelles collectives.
Servi par d’excellents comédiens, ce film offre dans sa richesse plusieurs niveaux de lecture. Il nous montre a priori la difficulté de croire en un Dieu invisible, et les aspérités d’une foi qu’on voudrait inébranlable. Mais ne nous montre-t-il pas finalement la difficulté qui se fait sans cesse plus aigue de porter une foi aveugle en l’homme, de continuer à croire en lui, malgré la barbarie dont il peut faire preuve ? « Des hommes et des dieux », titre puissant s’il en est, semble nous rappeler que croire en Dieu, en un Dieu, signifie croire en l’indéfectible humanité de l’être humain, en sa bienveillance. Si les frères refusent de juger et condamner les terroristes, pouvons-nous pour autant les taxer d’idéalistes naïfs ? C’est l’ultime réflexion de frère Christian. Chacun reste libre de répondre à sa manière à ces quelques questions existentielles et universelles. Un film à vertu pédagogique qui ricoche sur des comportements extrémistes à la Terry Jones.
Moyenne des avis sur cet article :
4.2/5
(15 votes)
La tolérance entre les hommes est possible selon le niveau d’éducation. En faisant disparaitre l’autre source de conflit : la mauvaise répartition de la production mesurable et non mesurable ( même en opulence ou en absence de travail : le travail est mort )
Si vous ne faites pas la paix : quelque chose d’autre que l’humanité fera la paix pour vous.
La tolérance peut être une question d’éducation, mais pas une question de niveau. Ce sont souvent ceux qui disposent de peu de moyens qui possèdent de belles valeurs.
Une seule question : va t-on amener en masse les lycéens ou collégiens, surtout ceux des quartiers, voir se film pour décrasser un peu la propagande qu’on leur fourre dans le crâne entre la mosquée et la télé satellitaire ?
Ce pourrait être un remarquable support de dissertation sur l’Humain avec un grand H
Le truc tu vois, c’est que si ils continuent à sentir que sous couvert d’athéisme, les empires privatisés sont tout aussi dévastateur que le colonialisme, ils auront toujours envie d’une valeur stable non soumis à la temporalité du profit à court terme.
Le film pourrait intéresser les jeunes, à condition qu’il soit bien introduit, car le film reste austère. Beau sujet en effet sur l’Humain, sur la tolérance et ses limites également
« l’irrépressible stupidité du tolérant à tolérer l’intolérable pour ne pas déroger à ses principes » bien dit. Peut-on imaginer une tolérance intelligente qui surmonterait ainsi ses propres limites ?