« Le Banc » avec Chevallier & Laspalès au théâtre Montparnasse

Fugueurs en altitude, ces deux-là ont pris villégiature dans un chalet du Tyrol prêté par la production afin de répéter dans d’excellentes conditions le concert à quatre mains qu’ils vont donner prochainement au Japon.
Réfugiés dans cette résidence tels deux complices en cavale, ce séjour devrait leur apporter un grand confort professionnel qui, en fait, va peu à peu se transformer en débâcle privée.
En effet pour un oui, pour un non, la moindre petite phrase détournée de son intention initiale va provoquer une série de susceptibilités réciproques dont la promiscuité pourrait en signer le processus paranoïaque.
A la question "Quel est le principe de fonctionnement pour votre travail en duo ?", Vladimir Zkorscny aurait répondu dans une interview récente : "Je viens avec les pierres et Paul apporte le ciment". Il n’en fallait pas plus pour déclencher une réaction en chaîne que désormais plus aucun contre-feux ne sera en mesure de stopper, car le doute d’une prise de pouvoir de l’un sur l’autre s’est insinué irrémédiablement.
Plus la phrase semble anodine à l’immédiateté du jugement, plus elle apparaîtra déterminante en sa signification subliminale. Quoi des pierres ou du ciment a le plus de valeur pour ériger une construction ? Qui pourrait le dire, à ceci près que Paul Letellier n’apprécie vraiment pas d’être évalué en tant que "colle à béton" d’autant plus qu’au même moment tous deux semblent être en proie à une même hallucination : le banc sur lequel ils s’assoient côte à côte pour interpréter leurs partitions au piano ne cesse de rétrécir quasiment à vue d’œil. Atmosphère !... Atmosphère !... Ou espace vital.
Evolution psychanalytique sur déballage de linge sale, les apparences vont se répondre en trompe-l’œil ou à l’oreille car, plus futés l’un que l’autre, les deux compères sont passés maîtres à botter en touche d’une partie de ping-pong récurrente.
C’est alors que prend le relais du travail d’acteurs où il pouvait sembler à tort jusque-là que seul Philippe Chevallier disposait d’une réserve de progression, eh bien, que nenni, Régis Laspalès, sous la direction très efficace de Christophe Lidon, a enfin trouvé le déclic interne qui lui permet à raison de renvoyer des fulgurances de sensibilité contrariée dépassant même à plusieurs reprises la pertinence de son partenaire.
Qui du maître ou du disciple va l’emporter sur le plan de la créativité artistique ? Cet enjeu constitue bel et bien le thème de la pièce de Gérald Sibleyras, pas nécessairement sans conséquences, car dorénavant, et c’est presque un scoop, les deux acteurs sont en mesure de s’affronter à égalité de jeu.
Visuel affiche Ld. presse
LE BANC - *** Theothea.com - de Gérald Sibleyras - mise en scène : Christophe Lidon - avec Philippe Chevallier & Régis Laspalès - Théâtre Montparnasse -
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