« Le Bourgeois gentilhomme », c’est Jean-Marie Bigard au Théâtre de Paris
Les mimiques sont de Bigard, le texte de Molière, la musique de Lully et la mise en jogging d’Alain Sachs. La facture globale est de bon goût, n’en déplaise aux porteurs de préjugés et aux redresseurs de valeurs établies.
Stéphane Hillel et le Théâtre de Paris accueillent un spectacle à grands moyens, destiné à un large public, sans exclusive socio-culturelle. Qui se reconnaît en Jean-Marie Bigard, qu’il suive Monsieur Jourdain, il y trouvera son alter ego, celui qui fait fortune en dirigeant une salle de sports ou en s’impliquant dans une quelconque niche de marketing à la mode, avec l’ambition affichée d’intégrer la jet set.
La force de cette création tient en premier lieu au respect à la lettre du texte de Molière, ce qui est la moindre des choses bien que sa version in extenso ait été quelque peu amputée, mais tient surtout à son actualisation en temps réel et à son emprise directe avec le comportementalisme contemporain.
Chaussé de tennis ostentibles voire de rollers dernier cri, affublé de sportswear extravagants "be yourself", paradant en caddie à porteur, le roi Soleil n’est pas le cousin de JMB qui le lui rend bien, en trônant sur tous les stéréotypes de l’idéologie égocentrique triomphante.
En effet, le show man se plie consciencieusement aux règles du théâtre classique pour mieux en faire exploser la bulle conventionnelle et ramasser la mise authentique gagée par l’auteur attitré du règne de Louis XIV.
Danses hip-hop et kendo cadrent la performance, non pour parodier les ballets de Lully, mais bel et bien pour singer la vanité à surfer sur toutes les académies au goût du jour.
En contrepoint, l’humanisme résiduel du personnage pédant est titillé par son épouse, que Catherine Arditi compose avec l’élégance d’une poésie venue d’ailleurs. Citons également Nadège Beausson-Diagne qui catapulte le rôle de la servante Nicole dans la stratosphère des personnages truculents grâce à leur feeling exacerbé.
Si l’orchestration de l’ensemble peut faire apparaître deci delà quelques incertitudes de complémentarité, entre le jeu des acteurs et les chorégraphies, il se pourrait que dans ces interstices se glisse, au fur et à mesure des représentations, le peaufinement apporté par la contribution humoristique de chacun des protagonistes.
Bref, ce Bourgeois gentilhomme est excellemment servi par une troupe bien décidée à faire passer cette célèbre comédie-ballet du XVIIe siècle au rang d’une fameuse comédie musicale du XXIe.
LE BOURGEOIS GENTILHOMME - *** Theothea.com - de Molière - mise en scène : Alain Sachs - avec Jean-Marie Bigard, Catherine Arditi, Grégori Baquet, Charles Ardillon, Nadège Beausson-Diagne, François Camus, Claire Pataut, François Berdeaux, Nicolas Guillot, Mathilde Hennekinne, Patrick Rombi, Cedric Tuffier, les danseurs et les musiciens... - Théâtre de Paris -
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON