Du théâtre de l’absurde. Du pontel et du jardin. Du grand n’importe quoi. Du génie ?
"Le bruit des glaçons" est une parabole originale sur le cancer. Traiter le sujet sur le thème de l’absurde semble tout indiqué, puisque le cancer est par essence absurde. Il surgit sans prévenir et frappe n’importe qui, et s’installe durablement dans votre existence. Pour l’incarner à l’écran, Blier a choisi Dupontel, lui-même cancer sur patte dans la vie, si l’on en croit Dujardin dans une interview. Le duo Du-Du foncionne à merveille, mais si Dujardin se contente de pénétrer dans l’univers Blier, Dupontel lui y pose ses valises et en fait son terrain de jeu.
Deux hommes sur l’affiche, deux hommes ET deux femmes à l’écran, et pas des moindres : Anne Alvaro et Myriam Boyer sont épatantes, la première en servante vieille France amoureuse du patron et la deuxième en cancer du sein.
Film étrange, film grinçant, film en forme de pièce de théâtre où l’absurde s’invite à table. Une belle bande-son apporte tout ce qu’il faut de mystère et d’apesanteur pour rendre le propos encore plus décalé et hors du temps.
On s’y sent bien finalement dans cette bulle de l’absurde qui étonnamment ne crève pas à la sortie du film. Le soleil est aveuglant, j’attends le bus sur un banc, je m’assoupis, avec "Ne me quitte pas" dans les oreilles, je me sens bien, je peux percevoir encore le bruit des glaçons. Soudain une famille débarque, avec une mère gueularde qui ne sait pas parler calmement, qui laisse sa fille balancer des chewing-gums prémâchés sur le trottoir et les écraser avec son pied, et qui sans prévenir vous vrille le tympan par des cris inhumains. Je m’accroche à la poésie du texte chanté, en vain, les glaçons se sont tus. La bulle éclate, un constat s’impose : le monde en lui-même est absurde.
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Chez les réalisateurs les premiers films sont les meilleurs.
certes
mais tant que des réalisateurs comme Blier ou Mocky existeront en France, on restera une exception culturelle cinématographique loin des étalonnages mercantiles du succès basés uniquement sur le nombre de $$ que cela rapporte et dont la seule voie est la création industrielle de films dont la débilité et la violence (gratuite) n’ont d’égale que le pseudo patriotisme cachant une propagande commercialo-fascisante et souvent raciste (le noir qui meurt toujours et le méchant obligatoirement arabe)
Ces gens là doivent exister. Ils peuvent faire quelques fois, des mauvais films, ce n’est pas important, ce qui est important c’est toute leur œuvre
Bof ! Pour ma part, j’ai déploré le manque de sérieux du final : pour ceux qui n’ont pas vu le film, regardez bien le voilier, et surtout l’étrange position de la barre à roue !
Citation : « ...puisque le cancer est par essence absurde. »
Heu, non... Depuis Camus, Sartre, Nietzsche, et quelques autres, c’est plutôt la vie qui est « absurde » (au sens premier : « sans source évidente »...)
Le cancer, lui, on commence à l’avoir bien identifié, même si on ne le soigne pas encore parfaitement.