Le cercle d’astronomie de l’Université de Mons réalise la première séance d’observation astronomique numérique
Les contraintes liées au confinement peuvent stimuler et donner lieu à d’excellentes initiatives, comme celle d’Olympus Mons, le bien nommé cercle d’astronomie de l’Université de Mons (Belgique). Ce dernier a en effet expérimenté le 4 avril 2020 une séance d’observation numérique sur la chaîne Youtube du MUMONS (Musée de l’Université de Mons). Ce fut une démarche originale alliant technique, informatique et science, et qui ouvre peut-être une voie dans la diffusion de l’astronomie.
Comment l’observation numérique a-t-elle été possible ?
L’idée était presque une gageure et, pour autant que l’on sache, n’a jamais été tentée auparavant. Observer le ciel profond dans la campagne montoise n’est déjà pas évident en soi (le ciel belge n’est pas très réputé pour son absence de pollution lumineuse…), alors on peut se demander comment on a pu offrir aux internautes une telle occasion… Pour en juger par vous-même, rendez-vous sur la chaîne du MUMONS.
La solution était l’astrophotographie. L’œil n’accumulant la lumière que pendant 1/25ème de seconde, il aurait été impossible de voir les objets du ciel profond en regardant ou en filmant simplement à l’oculaire. Le télescope, un RASA (Rowe Ackermann) de 200 mm taillé pour la photo, monté évidemment sur monture équatoriale motorisée et équipé d’une caméra ainsi que d’un boîtier électronique permettant la retransmission, a permis d’assurer la soirée : ce bijou de technologie bardé d’électronique, piloté par le logiciel OBS et couplé à un logiciel de vidéo conférence, a accumulé pour chaque objet quelques photos avec des temps de pose de quelques dizaines de secondes qui ont suffit à dévoiler les galaxies les plus ténues, et avec des détails assez impressionnants vu les conditions du direct qui ne permettaient pas d’accumuler des heures de temps de pose.
La première observation numérique : de Vénus aux galaxies lointaines sans bouger de chez soi
On peut dire que ce samedi-là, le sentiment d’enfermement s’est fait oublier, parce qu’on est allé loin, très loin ! La soirée d’observation a commencé avec l’incontournable conjonction entre Vénus et les Pléiades, avant d’aborder le ciel profond. Le public a ainsi pu admirer la nébuleuse d’Orion, mais aussi une bonne poignée de galaxies dont certaines très connues comme M 87, qui abrite le fameux trou noir photographié il y a environ un an. Étaient également rendez-vous des nébuleuses planétaires comme celle du Hibou, et pour clore la séance qui a duré une heure et demie, les regards se sont tournés vers la jusqu’alors prometteuse comète Atlas.
La soirée était animée par Victor Sabet qui pilotait depuis son salon un 200 mm installé dans son jardin, et par Francesco Lo Bue, physicien, qui commentait les observations. Ces commentaires passionnants étaient constitués d’explications scientifiques, de conseils pour se repérer dans le ciel (avec l’aide du logiciel Stellarium), mais aussi de rappels mythologiques bienvenus sur les figures représentées dans les constellations. Malgré quelques soucis techniques, notamment de connexion, la soirée fut riche et agréable, avec des images que l’on n’aurait pas crues possibles.
Un succès qui ouvre de nouvelles perspectives pour la vulgarisation de l’astronomie
Vu la réussite technique et l’emballement du public, le cercle astronomique projette de rééditer l’expérience tous les trimestres, même lorsque nous serons déconfinés et que les observations sur le terrain seront possibles. Ces dernières ne seront bien sûr pas oubliées mais l’observation numérique devrait permettre de toucher un public encore plus large, et d’abord ceux qui n’ont pas l’opportunité, ou la motivation de faire la route jusqu’au club le plus proche.
L’Université, via le MUMONS ou le cercle d’astronomie, est depuis des années déjà en première ligne pour diffuser les savoirs, et en particulier l’astronomie. Chaque année se tient un cycle Univers où les grands noms du domaine viennent à Mons donner une conférence. Cette année le cycle a accueilli notamment Hélène Courtois (Université de Lyon), Jean-Marc Bonnet-Bidaud (CEA), ou encore Frédéric Daigne (Sorbonne Université). D’ailleurs, pour continuer les activités malgré le confinement, Francesco Lo Bue fait une conférence d’astronomie tous les mardi soir : au programme, l’exploration du Système solaire, les galaxies ou encore les comètes, de quoi bien s’occuper…
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